21 Août 2024
La série Emily in Paris a toujours suscité des réactions contrastées. D'un côté, il y a ceux qui apprécient le glamour, les décors pittoresques de Paris, et les tenues extravagantes d’Emily Cooper, incarnée par Lily Collins. De l'autre, il y a ceux qui voient en cette série un concentré de clichés et de superficialité. Cependant, avec cette première partie de la saison 4, on atteint un nouveau niveau d'insignifiance narrative. En tant que spectateur, il est difficile de ne pas ressentir une profonde frustration devant une série qui semble s’évertuer à ne rien dire. Dès les premiers épisodes de cette saison, le constat est accablant : il ne se passe absolument rien. Emily est toujours à Paris, travaillant pour la très sévère Sylvie dans une agence de marketing, partageant son appartement exigu avec Mindy, et jonglant entre ses amours compliqués.
Ces éléments, qui pourraient potentiellement être le terreau de multiples intrigues, sont traités avec une telle platitude qu'ils en deviennent rapidement inintéressants. Le triangle amoureux entre Emily, Alfie, et Gabriel n’apporte aucun enjeu émotionnel véritable, puisque les personnages semblent toujours capables d’avoir des conversations matures qui résolvent tout conflit avant même qu'il ne se manifeste. Ce manque flagrant de tension dramatique laisse un vide immense. D’ailleurs, nous bassiner avec Alfie (et je suis et resterais toujours #TeamAlfie pour mieux les séparer afin que Emily retrouve…. Gabriel, c’est épuisant). Même les moments qui devraient être captivants, comme les défis professionnels d’Emily, se résument à des épisodes sans saveur où elle doit résoudre un "problème de la semaine" en utilisant ses compétences en marketing et son attitude joviale. Cette structure répétitive et sans originalité finit par lasser. Comparer cela au visionnage d'une peinture qui sèche pourrait presque sembler flatteur, tant les épisodes manquent de vitalité.
Ce qui est encore plus décevant dans cette saison 4, c'est l'insistance sur la superficialité. L'une des rares choses que la série semble bien faire est de montrer Emily dans des tenues toujours plus audacieuses, mais même cet aspect commence à montrer des signes de fatigue. Les choix vestimentaires, bien qu’amusants, manquent cruellement de personnalité. Ce glissement vers une mode sans âme est symptomatique d'une série qui préfère se concentrer sur l'apparence plutôt que sur le contenu. Pire encore, le manque de cohérence et de richesse dans les décors de Paris réduit la ville à une carte postale superficielle, avec ses quelques lieux emblématiques revus encore et encore. Là où Paris devrait être un personnage à part entière, elle n’est plus qu’un arrière-plan sans âme, étouffé par le filtre Instagram omniprésent de la série.
Là où Emily in Paris échoue particulièrement, c'est dans sa représentation de l'émancipation féminine. La série semble vouloir faire passer Emily pour une femme moderne et libérée, mais elle s'embourbe dans des représentations simplistes et édulcorées de la féminité. Les tentatives d’ajouter de la profondeur à son personnage sont maladroites et superficielles. Par exemple, Emily évoque sans cesse son rendez-vous romantique sur un toit avec son petit ami, comme si cela était la preuve ultime de son éveil à la culture française "débauchée". Mais en réalité, cette soi-disant prise de liberté n’est qu’une excuse pour un manque de véritable exploration de la complexité de la sexualité et des relations humaines. En se concentrant sur des aspects aussi triviaux, la série refuse de s’engager dans des discussions plus profondes sur les défis auxquels sont confrontées les femmes modernes. Emily in Paris se contente de mettre en scène une version aseptisée de la féminité, enveloppée d’un joli ruban rose, mais dépourvue de véritable substance.
À l’heure où les séries comme Sex and the City avaient su capturer l'essence des différentes facettes de la vie des femmes, Emily in Paris échoue à reproduire cette magie. La saison 4 avait pourtant l’opportunité de se racheter en embrassant son potentiel pour le drame et la folie scénaristique. Des séries comme Jane the Virgin ont su utiliser des éléments de telenovela pour créer des intrigues captivantes et hautes en couleur. Cependant, Emily in Paris choisit de laisser ces occasions passer. Des thèmes qui auraient pu apporter des rebondissements intéressants – comme les disparitions, le mouvement #MeToo, ou encore la pression des étoiles Michelin – sont à peine effleurés et rapidement abandonnés. Même l’introduction de Jeremy O. Harris, dramaturge acclamé, n’apporte qu’une énergie éphémère avant de retomber dans l’ennui général. Sa présence ne fait que souligner à quel point le reste de la série manque cruellement de ce genre d’excentricité et d'audace.
Au final, après cinq épisodes, les personnages et les intrigues sont exactement là où ils étaient au début, ce qui donne au spectateur l'impression d'avoir perdu son temps. Malgré toutes ces critiques, il faut reconnaître que le personnage de Luc, interprété par Bruno Gouery, reste une source de plaisir. Ses excentricités et son sens de l'humour apportent une touche de légèreté bienvenue. Que ce soit dans sa romance improbable sur une péniche ou dans ses idées marketing souvent farfelues, Luc est un personnage qui, malgré l’inconséquence de ses intrigues, réussit à captiver grâce à son talent pour la comédie physique. Il est le seul personnage qui semble vraiment se démarquer, apportant une touche de fraîcheur à une série autrement étouffée par sa propre superficialité. En somme, cette première partie de la saison 4 d’Emily in Paris représente une nouvelle déception pour les fans qui espéraient voir la série évoluer vers quelque chose de plus substantiel.
Au lieu de cela, nous sommes confrontés à une série qui s’enfonce de plus en plus dans sa propre vacuité. Les intrigues sont insipides, les personnages manquent de profondeur, et même le charme de Paris semble avoir été perdu. On en vient à se demander si la série peut encore se rattraper dans la seconde partie de la saison, prévue pour le 12 septembre 2024. En attendant, il est difficile de ne pas ressentir un sentiment d’épuisement face à une série qui, à force de vouloir être jolie et agréable, en oublie d’être intéressante. Peut-être est-il temps pour Emily in Paris de prendre un virage radical, de sortir de sa zone de confort et d’embrasser le chaos et la complexité de la vie moderne. Mais pour cela, il faudrait d’abord qu’elle se débarrasse de ce filtre Instagram qui étouffe tout ce qu’il touche. Après tout, Paris mérite mieux. Et nous aussi.
Note : 3/10. En bref, cette première partie ne raconte rien. La superficialité atteint son paroxysme et démontre le manque cruel d’idées pour faire évoluer les personnages et l’univers. Même le charme de Paris n’opère plus…
Disponible sur Netflix
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