Nautilus (Saison 1, épisodes 1 et 2) : une aventure qui prend parfois l’eau

Nautilus (Saison 1, épisodes 1 et 2) : une aventure qui prend parfois l’eau

Adapter un roman connu de tous peut parfois être une idée délicate, où chaque décision créative peut soit renforcer, soit éroder la vision originale de l'auteur. Avec Nautilus, la nouvelle série inspirée de l'œuvre de Jules Verne, ce défi semble plus présent que jamais. Alors que l'idée de plonger dans l'univers de 20 000 lieues sous les mers est fascinante, le résultat laisse malheureusement un goût amer, mélangeant des moments d'aventure intéressants avec une exécution parfois maladroite. Dès les premiers instants de Nautilus, on est frappé par l'abondance d'images générées par ordinateur (CGI). Bien que la série se déroule sous la mer, un cadre naturellement propice à des visuels spectaculaires, le rendu final est parfois décevant. L'omniprésence des CGI a tendance à diminuer l'authenticité de l'univers sous-marin. Plutôt que de se sentir immergé dans les profondeurs mystérieuses de l'océan, on a souvent l'impression d'être coincé dans un studio, avec des décors artificiels superposés par des effets spéciaux. 

 

Pour se venger de la East India Mercantile Company, qui lui a tout pris, Nemo vole audacieusement un prototype de sous-marin dans la colonie pénitentiaire où il est emprisonné et s'échappe à travers l'océan avec un équipage hétéroclite de prisonniers. Il projette d'atteindre le légendaire trésor viking enfoui dans les piliers d'Halvar. Mais il doit d'abord gagner la confiance de son équipage et échapper aux griffes de l'impitoyable East India Mercantile Company, qui fera tout ce qu'il faut pour l'arrêter. 

 

Cette approche enlève une grande partie de la magie que l'on attend d'une telle série, où l'on espérait explorer les merveilles et les dangers des fonds marins. Un autre point faible de Nautilus réside dans le développement de ses personnages et la qualité des dialogues. Les portraits personnels sont simples, voire caricaturaux, avec des arcs narratifs souvent prévisibles. Dans le contexte de l'ère victorienne, on pourrait pardonner un certain manque de complexité, mais cela ne suffit pas à excuser des dialogues qui sonnent parfois faux. L’écriture semble trop souvent vouloir en faire trop, rendant les échanges entre personnages peu naturels et mécaniques. De plus, la série semble s’éparpiller en cherchant à maintenir une tension constante, enchaînant les scènes d'action sans véritable montée en puissance. Ce choix narratif, bien que peut-être destiné à maintenir l'attention du spectateur, finit par émousser l'effet dramatique des péripéties. 

 

On en vient à se désintéresser des dangers auxquels font face les personnages, car ils semblent tout simplement se succéder sans que l’on ait eu le temps de réellement ressentir la menace. En adaptant un classique tel que 20 000 lieues sous les mers, il est inévitable de faire des choix créatifs qui s'éloignent de l'œuvre originale. Cependant, dans Nautilus, ces choix semblent parfois avoir été faits pour le simple plaisir de la différence, sans véritable fondement narratif. L'idée de moderniser ou de réinterpréter une œuvre est louable, mais encore faut-il que cela soit fait avec un sens profond et une véritable compréhension de la matière première. Ici, les modifications apportées à l'histoire et aux personnages donnent l'impression d'une tentative de réinvention forcée plutôt qu'une adaptation réfléchie. Ce qui aggrave encore les choses, c'est que ces changements semblent avoir été effectués par des créateurs qui, à en juger par le produit final, manquent de la finesse nécessaire pour transformer une histoire déjà riche en quelque chose de nouveau et d’excitant. 

 

Au lieu de cela, Nautilus souffre de cette tendance moderne à remanier des œuvres établies sans réellement comprendre ce qui les rendait spéciales à l’origine. Malgré ces défauts, Nautilus n'est pas totalement dépourvu d'intérêt. Certaines scènes d’aventure parviennent à captiver, et il est indéniablement intéressant de voir une série qui explore des aspects politiques et historiques de l'époque victorienne, même si ces éléments sont parfois abordés de manière trop superficielle. L'évocation du mouvement pour l'indépendance de l'Inde, bien que pas toujours historiquement précis, apporte une dimension supplémentaire à l'intrigue. Mais ces éclats de qualité sont noyés dans un océan de décisions créatives discutables. En fin de compte, Nautilus est une série qui divertit, mais qui laisse aussi beaucoup de frustrations. Elle ne parvient ni à capturer l’esprit du chef-d’œuvre de Jules Verne, ni à se positionner comme une œuvre originale solide. 

 

Pour les amateurs de science-fiction et d'aventure sous-marine, elle offre un spectacle visuel qui, bien que parfois imparfait, reste intrigant. Mais pour ceux qui recherchent une adaptation fidèle ou une histoire bien construite, elle risque de décevoir. Nautilus aurait pu être une célébration de l'œuvre de Jules Verne, une plongée profonde dans un monde de merveilles et de mystères. Au lieu de cela, elle se perd dans une mer en CGI excessif, de dialogues maladroits et de personnages peu convaincants. Bien qu'elle offre quelques moments de répit où l’aventure brille, la série échoue à se hisser au niveau des attentes suscitées par son riche matériau de base. En fin de compte, Nautilus reste une série à voir, mais sans trop en attendre.

 

Note : 4.5/10. En bref, c’est pas très joli et ça manque cruellement d’idées dans la modernisation de l’oeuvre de Jules Verne mais l’aventure séduira quiconque cherche un divertissement familial en pleine période estivale. 

Diffusée sur France 2 à partir du 12 août 2024 - Disponible sur France.tv

 

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