The Umbrella Academy (Saison 4, 6 épisodes) : la fin du début

The Umbrella Academy (Saison 4, 6 épisodes) : la fin du début

The Umbrella Academy, la série Netflix basée sur les bandes dessinées de Gerard Way et Gabriel Bà, a captivé les téléspectateurs dès ses débuts avec son mélange unique de super-héros, de voyages dans le temps, et de drames familiaux. La quatrième saison, également la dernière, tente de conclure cette épopée complexe en seulement six épisodes. Malheureusement, bien que cette ultime saison présente certains moments mémorables, elle laisse un goût d'inachevé et une impression de précipitation qui ne rend pas justice à l'ensemble de la série. La saison quatre commence six ans après les événements du troisième volet, avec les membres de la Umbrella Academy vivant dans un univers parallèle, dépourvus de leurs pouvoirs. Ce postulat initial offrait un terrain fertile pour explorer la vie des Hargreeves sans leurs dons surnaturels, et voir comment ils gèrent les conséquences des décisions passées. 

 

On retrouve Viktor (Elliot Page) propriétaire d’un bar au Canada, Luther (Tom Hopper) devenu strip-teaseur, et Klaus (Robert Sheehan) sobre depuis trois ans, mais tous semblent prisonniers de vies qui ne leur correspondent pas vraiment. L'idée de les confronter à une existence ordinaire aurait pu donner lieu à des développements profonds et introspectifs. Cependant, le format limité à six épisodes étouffe rapidement cette possibilité, forçant la série à précipiter les choses pour ramener les personnages à leur point de départ : sauver le monde une dernière fois. Ce choix narratif, bien qu'attendu, occulte une exploration plus poussée de leurs arcs personnels, et laisse le spectateur sur sa faim. L'introduction du groupe de conspirateurs surnommés les Keepers et menés par les Docteurs Jean et Gene Thibodeau (interprétés avec brio par Megan Mullally et Nick Offerman) ajoute une nouvelle couche de mystère à l'intrigue. 

 

Leur obsession pour un retour à une timeline alternative et leurs méthodes excentriques apportent un vent de fraîcheur à la série. Toutefois, leur rôle semble parfois trop envahissant, éclipsant les Hargreeves au lieu de les soutenir. Le fait que la seule séquence de danse de la saison soit consacrée à ces deux nouveaux venus plutôt qu'aux protagonistes principaux témoigne de ce déséquilibre. De plus, l'intrigue centrale de cette saison, bien que nouvelle en surface, n'échappe pas à un sentiment de déjà-vu. Une fois encore, la famille Hargreeves est confrontée à un péril apocalyptique qu'elle doit déjouer. Ce schéma répétitif, bien que cohérent avec l'essence même de la série, perd de son impact lorsqu'il est servi une énième fois sans réelle innovation ou développement supplémentaire. L'un des aspects les plus frustrants de cette saison est la gestion des arcs des personnages. Viktor, qui avait connu une évolution significative dans les saisons précédentes, est ici relégué à un rôle secondaire. 

 

Son parcours, marqué par une scène touchante où il confronte enfin son père adoptif, semble interrompu de manière abrupte, laissant le spectateur avec un sentiment d'inachevé. De même, Klaus, pourtant toujours source de moments de légèreté et d'humour, est sous-utilisé. À l'inverse, certains personnages bénéficient d'un traitement plus approfondi. Lila (Ritu Arya), par exemple, explore davantage sa complexité émotionnelle en tant que mère et épouse, tout en naviguant dans les défis posés par la perte temporaire de ses pouvoirs. Ben (Justin H. Min), quant à lui, traverse une transformation intrigante qui va de l'amertume à la rédemption, en passant par une phase monstrueuse bien méritée. Ces arcs, bien que satisfaisants, ne compensent pas l'impression générale d'une saison qui aurait mérité plus de temps pour respirer et développer ses idées.

 

Le plus grand reproche à adresser à cette saison finale est peut-être sa conclusion. Le dénouement, qui se veut à la fois doux-amer et résolument final, manque de l'impact émotionnel et narratif que l'on pourrait attendre après tant d'années de chaos et de voyages temporels. Le choix de clore la série sur une note si précipitée et confuse ne rend pas justice à l'histoire complexe et aux personnages auxquels les fans se sont attachés. La décision de réduire le nombre d'épisodes pour cette dernière saison semble avoir été fatale à la qualité de la narration. Le rythme effréné nuit à la profondeur des interactions et des événements, donnant l'impression que les créateurs ont dû sacrifier la cohérence et l'émotion au profit d'une clôture rapide. La fin, loin de laisser une impression durable, semble au contraire annihiler une partie du développement patient des saisons précédentes.

 

Malgré ces défauts, il serait injuste de ne retenir que le négatif de cette ultime saison. The Umbrella Academy a marqué les esprits par son approche audacieuse des thèmes du trauma, de la famille, et de la lutte contre le destin. Sa capacité à mélanger le fantastique, l'humour noir, et des moments de réelle émotion humaine en a fait une série à part dans le paysage télévisuel. Même si la dernière saison n'a pas su répondre à toutes les attentes, elle reste le témoignage d'une série qui n'a jamais eu peur de prendre des risques, quitte à parfois se perdre dans son propre chaos. Pour les fans, il restera toujours les moments emblématiques, les personnages hauts en couleur, et cette atmosphère unique qui faisait de chaque épisode une aventure imprévisible.

 

En fin de compte, The Umbrella Academy aura été une série aussi désordonnée que ses protagonistes, et c'est peut-être cela qui fait tout son charme. Il est dommage que la dernière saison n'ait pas su capitaliser sur ces qualités pour offrir une conclusion à la hauteur de son potentiel. Mais même avec ses imperfections, elle laisse derrière elle un héritage indélébile dans le cœur de ses spectateurs. De cette saison je retiens surtout le fait que les producteurs ont réussi à me mettre Baby Shark dans la tête et c’est affreux. 

 

Note : 3/10. En bref, une saison inégale, mal fichue qui, en seulement six épisodes, a du mal à savoir quoi faire pour nous donner satisfaction. Comme les deux saisons précédentes, c’est une déception de plus à ajouter à cet univers qui était lors de sa première saison une belle réussite. 

Disponible sur Netflix

La saison 4 de The Umbrella Academy est la dernière de la série, il n’y aura pas de saison 5. 

 

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delromainzika

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Bonjour,<br /> <br /> Merci pour cet article. Bien que quelques points soient tout à fait bien relevés, je reste en désaccord avec le fait que la fin soit, selon vous, la plus grande déception. Je ne vois au contraire pas de meilleure fin pour une série dont les saisons ont démontré une incapacité systématique, malgré la force, l'intelligence, les pouvoirs des protagonistes, à déjouer la fin du monde. Le sacrifice était "tout simplement" la solution, et en cela, la fin apporte une conclusion cohérente à toute l'histoire.
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