20 Août 2024
Rien ni Personne // De Gaillien Guibert. Avec Paul Hamm, Sulian Brahim et Françoise Lebrun.
Rien ni Personne, réalisé par Gallien Guibert, est un film qui ne laisse pas indifférent. Il s'agit d'un premier long métrage, une œuvre à la fois ambitieuse et imparfaite, qui mêle drame social et polar noir. Avec Paul Hamy dans le rôle principal, le film nous plonge dans l'univers troublé de Jean, un orphelin en quête de rédemption, tiraillé entre ses démons intérieurs et une réalité qu'il tente désespérément de fuir. Paul Hamy incarne Jean avec une intensité qui ne passe pas inaperçue. Son personnage est un homme en pleine dérive, prêt à tout abandonner pour échapper à un passé qui le hante. Ce choix de vie radical, marqué par l'impulsivité et l'irréflexion, se traduit par une succession de décisions qui mènent inévitablement au chaos. Jean, dans sa quête d'émancipation, fait face à des choix désastreux qui ont des répercussions non seulement sur lui, mais aussi sur son entourage. C'est cette descente aux enfers, entre tension palpable et moments de pure paranoïa, qui constitue le cœur de Rien ni Personne.
Orphelin de naissance, Jean décide d’abandonner femme et enfant en croyant les protéger de sa double-vie délinquante, mais sa cavale va le ramener à la paternité qu'il fuyait.
Le film se distingue par son ambiance sombre et sa structure narrative peu conventionnelle. Guibert ne cherche pas à offrir une histoire linéaire ou cohérente. Au contraire, il embrasse le chaos de la vie de Jean, ce qui rend le récit à la fois imprévisible et captivant. Les choix scénaristiques, parfois déroutants, accentuent le sentiment d'urgence et de confusion qui habite le personnage principal. Ce manque de cohérence peut déstabiliser certains spectateurs, mais c'est aussi ce qui donne au film son caractère unique. Gallien Guibert, pour son premier long métrage, fait preuve d'une ambition certaine. Il exploite à la fois les décors urbains parisiens et les paysages naturels bretons pour donner à son film une dimension visuelle marquante. La photographie est vibrante, capturant à merveille l'atmosphère lourde et oppressante du film. Toutefois, cette maîtrise esthétique ne compense pas toujours les faiblesses du scénario.
Rien ni Personne se concentre sur l'essentiel, mais parfois au détriment de la profondeur narrative. Le film, bien que court, semble parfois manquer de substance, un défaut que certains attribueront à l'inexpérience du réalisateur. L'une des grandes forces de Rien ni Personne réside dans les performances de ses acteurs. Paul Hamy, en tête d'affiche, est convaincant en père de famille dépassé par les événements. Il est épaulé par des partenaires féminines tout aussi impressionnantes, notamment Suliane Brahim et Françoise Lebrun, qui apportent une profondeur émotionnelle essentielle au film. Ces performances contribuent à maintenir l'intérêt du spectateur, même lorsque le récit semble vaciller. Rien ni Personne n'est pas un film parfait, mais il a le mérite de tenter quelque chose de différent. Ce polar sombre ne révolutionne pas le genre, mais il s'en écarte suffisamment pour intriguer et captiver. Le film est court, mais ne perd pas de temps en digressions inutiles.
Il va droit au but, avec une histoire qui, bien que peu novatrice, est portée par une réalisation soignée et des personnages charismatiques. En tant que premier film, Rien ni Personne mérite une certaine indulgence. Gallien Guibert montre ici qu'il a un sens aigu de la mise en scène, même s'il doit encore affiner son art narratif. Le film souffre d'un manque de moyens évident et de certaines maladresses, mais il parvient tout de même à marquer les esprits par son ambiance et ses choix audacieux. C'est un premier essai prometteur, qui laisse entrevoir un potentiel certain pour l'avenir. En conclusion, Rien ni Personne est une œuvre qui divise, mais qui mérite d'être vue pour ce qu'elle est : une exploration chaotique et intense de la psyché humaine, portée par un casting solide et une réalisation visuellement frappante. Un film qui, malgré ses imperfections, reste une expérience cinématographique singulière.
Note : 5/10. En bref, un premier film plutôt correct qui aurait mérité de mieux travailler son dernier acte.
Sorti le 28 février 2024 au cinéma - Disponible en VOD
Retrouvez sur mon blog des critiques de cinéma et de séries télé du monde entier tous les jours
Voir le profil de delromainzika sur le portail Overblog