En Place (Saison 2, 6 épisodes) : une suite qui s’essouffle ?

En Place (Saison 2, 6 épisodes) : une suite qui s’essouffle ?

En Place est une série française qui a su capter l'attention dès ses débuts grâce à une approche satirique du monde politique. La première saison a marqué les esprits par son humour décalé, mêlant habilement parodie et critique sociale, avec Jean-Pascal Zadi en tête d'affiche dans le rôle de Stéphane Blé, un éducateur de banlieue devenu candidat présidentiel malgré lui. Après le succès de cette première salve d'épisodes, les attentes pour la saison 2 étaient élevées. Malheureusement, la suite n'est pas à la hauteur des espérances. Si la première saison réussissait à allier humour et réflexion politique, la deuxième souffre d’un manque d’équilibre. L’humour, autrefois fin et pertinent, devient ici une caricature qui frôle parfois le ridicule. Là où la saison 1 jouait sur des situations improbables mais crédibles, la saison 2 pousse le bouchon un peu trop loin, perdant en subtilité ce qu’elle gagne en surenchère comique. 

 

L'intrigue politique devient rapidement un enchaînement de scènes exagérées, au point que le réalisme qui rendait la série plaisante et engageante s'effondre. Prenons l'exemple du personnage du garde du corps : ce fil narratif se perd dans des stéréotypes et des répliques qui peinent à faire sourire. Les situations absurdes s’accumulent, mais l’effet comique tant attendu n’est pas toujours au rendez-vous. L’attaque satirique de tous les bords politiques, qui avait donné à la série son mordant initial, semble ici perdre de son acuité, au point de ne plus rien laisser de tangible à laquelle se raccrocher. Ce qui était autrefois du « cringe » amusant devient ici répétitif et lassant. Heureusement, tout n'est pas à jeter dans cette saison 2. La présence d'Alain Chabat dans le rôle du président sortant est sans conteste l’un des rares points lumineux. Chacune de ses scènes est un petit bijou de comédie, et son interprétation pleine de malice donne un coup de fouet à une intrigue qui, sans lui, aurait rapidement sombré. 

 

Ses conseils pour esquiver les questions des journalistes sont des moments d'anthologie. Dommage qu’il soit si peu présent à l’écran. On retrouve également des prestations notables d’acteurs comme Éric Judor et Jean-Claude Muaka, qui parviennent à arracher quelques rires malgré des dialogues moins inspirés que dans la première saison. Mais même leurs performances ne suffisent pas à sauver une écriture souvent trop lourde et trop prévisible. Le potentiel comique est indéniable, mais il est noyé dans des scènes qui tirent en longueur ou qui manquent de punch. Sur le papier, la saison 2 d'En Place avait tout pour plaire. Stéphane Blé, désormais président, doit faire face à des défis de taille, notamment la gestion des élections législatives. Le fait qu'il se retrouve dans une position aussi vulnérable, sans le soutien d’un parti politique, promettait de créer des situations à la fois tendues et hilarantes. Malheureusement, l’exécution laisse à désirer. Le scénario semble s’égarer entre trop de sous-intrigues, de la réception diplomatique désastreuse à la menace d’insurrection, en passant par ses problèmes conjugaux. 

 

Le spectateur se retrouve rapidement perdu dans ce dédale d’événements, sans véritable fil conducteur pour maintenir l’intérêt. Là où la première saison souffrait parfois de longueurs, notamment dans sa deuxième moitié, la saison 2 peine à trouver un rythme cohérent. Les intrigues se suivent mais ne parviennent pas à captiver autant qu’elles le devraient. L’énergie du début s’essouffle rapidement, laissant place à une impression de déjà-vu. Jean-Pascal Zadi avait su dans la première saison aborder des sujets de société épineux avec humour et finesse. Cette saison tente de suivre la même voie, en évoquant par exemple le scandale du chlordécone aux Antilles ou la montée de l'extrême-droite. Cependant, ces sujets, bien que cruciaux, sont traités de manière trop superficielle pour réellement avoir un impact. En voulant jouer la carte de l’humour à tout prix, la série passe à côté de l’opportunité d’apporter une critique plus aiguisée et plus engageante du système politique français.

 

L'un des points qui faisait la force de la première saison était la manière dont elle reflétait de manière satirique la réalité politique. Dans cette seconde saison, cette connexion avec le monde réel semble s'être distendue, rendant l'ensemble moins percutant.  Au final, la saison 2 d'En Place laisse une impression mitigée. Si la série conserve une partie de son charme grâce à un casting de qualité et quelques scènes mémorables (notamment celles d'Alain Chabat), elle échoue à recréer la magie de la première saison. L'humour est là, certes, mais il manque cette finesse et ce réalisme satirique qui faisaient toute la différence. La série, en voulant en faire trop, finit par se perdre dans des intrigues tirées par les cheveux et un ton qui oscille maladroitement entre parodie et farce.

 

Il reste à espérer que, si une saison 3 voit le jour, elle saura corriger ces erreurs de parcours et retrouver le juste équilibre entre humour et critique politique. En attendant, on retiendra surtout de cette saison 2 une prestation savoureuse d’Alain Chabat, et quelques bons moments de comédie, mais peu de véritables éclats de rire. Dans le paysage des séries comiques françaises, En Place conserve sa place, mais cette saison marque un certain essoufflement qu'il faudra impérativement surmonter pour éviter de perdre définitivement son public.

 

Note : 4/10. En bref, une saison qui perd la folie de la première saison.

Disponible sur Netflix

 

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