Critique Ciné : La Nuit se Traîne (2024)

Critique Ciné : La Nuit se Traîne (2024)

La Nuit se Traîne // De Michiel Blanchart. Avec Jonathan Feltre, Natacha Krief et Jonas Broquet.

 

Le cinéma belge continue de surprendre avec des réalisations audacieuses et percutantes, et La Nuit se Traîne, premier long-métrage de Michiel Blanchart, ne fait pas exception. Dès les premières minutes, ce thriller s’impose comme un véritable tour de force, suivant la tradition des récits où un protagoniste, malgré lui, se retrouve piégé dans une situation infernale. On peut facilement comparer ce film à des œuvres telles que Phone Game ou Collateral, mais La Nuit se Traîne parvient à trouver son propre style en offrant une expérience visuellement et émotionnellement intense. Le film se déroule entièrement sur une seule nuit, dans les rues sombres de Bruxelles. Ce décor nocturne n’est pas seulement un cadre, mais presque un personnage à part entière. La tension y est palpable dès les premiers instants, et elle ne faiblit jamais. Blanchart maîtrise parfaitement l'art de la mise en scène, offrant au spectateur une véritable course contre la montre. 

 

Ce soir-là, Mady, étudiant le jour et serrurier la nuit, voit sa vie basculer quand il ouvre la mauvaise porte et devient accidentellement complice d'une affaire de grand banditisme. Au cœur d’une ville en pleine ébullition, Mady n'a qu'une nuit pour se tirer d'affaires et retrouver la trace de Claire, celle qui a trahi sa confiance. Le compte à rebours est lancé…

 

Le rythme effréné du film, ponctué par des scènes de poursuites captivantes, maintient une tension constante, et chaque plan semble pensé pour immerger le spectateur dans cette nuit angoissante. L’histoire suit Mady, un jeune étudiant le jour, serrurier la nuit, interprété par Jonathan Feltre. Un rôle qu’il incarne avec une intensité impressionnante. Dès qu’il ouvre une porte qui va changer sa vie, le film bascule dans une série d’événements incontrôlables. Mady se retrouve en plein cœur d'une affaire de grand banditisme, poursuivi sans relâche par des criminels déterminés. Jonathan Feltre, que certains avaient déjà remarqué dans *Les Rascals*, s'impose ici comme une véritable révélation. Son jeu d’acteur, à la fois vulnérable et combatif, rend son personnage incroyablement attachant, malgré les situations absurdes et violentes dans lesquelles il se trouve plongé. Face à lui, on retrouve Romain Duris dans le rôle du gangster Yannick. Loin des rôles romantiques auxquels il nous avait habitués, Duris incarne ici un chef de gang inquiétant et implacable.

 

Ce changement de registre est réussi, et Duris parvient à donner à son personnage une dimension menaçante, tout en évitant les excès. Bien que certains personnages secondaires manquent parfois de profondeur, notamment les hommes de main un peu stéréotypés, l'ensemble du casting reste solide et convaincant. Un des aspects les plus remarquables de La Nuit se Traîne est sans doute la qualité des scènes d'action. Les bagarres sont brutales et réalistes, avec une violence qui frappe par son authenticité. Chaque coup semble réel, chaque chute douloureuse, ce qui donne un poids véritable à l’action. La course-poursuite finale, filmée avec une précision chirurgicale, est un des moments forts du film, et témoigne de la maîtrise technique de Blanchart. En termes de mise en scène, on sent une influence claire du cinéma américain, mais avec une touche européenne bien présente, notamment dans la manière dont la ville de Bruxelles est filmée, presque comme un reflet de Gotham avec ce grain visuel sombre et granuleux.

 

Cependant, malgré la réussite formelle du film, il y a quelques réserves à émettre sur le scénario. Bien que l'intrigue soit captivante, certaines péripéties manquent de crédibilité. Mady, simple serrurier au départ, se transforme progressivement en un personnage presque surhumain, capable de résister à des truands aguerris, de courir à toute vitesse dans les rues de Bruxelles, et même de conduire comme un pilote de course. Ces éléments, bien qu’ils ajoutent à la tension dramatique, peuvent parfois sortir le spectateur du réalisme initialement installé. Heureusement, le talent de Jonathan Feltre permet de compenser ces faiblesses scénaristiques. L’un des thèmes sous-jacents du film est la question des violences policières et des tensions raciales, évoquées notamment par le contexte de la manifestation contre les violences policières qui traverse le film. 

 

Mady, jeune homme noir, hésite à appeler la police lorsqu'il se retrouve en danger, de peur d’être pris pour un criminel. Ce sous-texte social, bien que peu développé, ajoute une couche de profondeur au récit, et rappelle subtilement que la menace ne vient pas uniquement des truands, mais aussi des forces de l’ordre corrompues. Enfin, la fin du film pourrait diviser les spectateurs. Après 90 minutes d’intensité, le dénouement semble quelque peu abrupt et peut laisser certains sur leur faim. Toutefois, cela n’enlève rien à l’efficacité globale du film. Blanchart prouve avec La Nuit se Traîne qu’il est un réalisateur à suivre de près. Sa direction artistique soignée, sa maîtrise des scènes d’action et son sens du rythme font de ce premier long-métrage une réussite indéniable. En conclusion, La Nuit se Traîne est un thriller nerveux, à l'américaine, mais avec une identité européenne marquée. Si vous êtes amateur de films d’action sombres, ce long-métrage saura vous captiver du début à la fin. Un divertissement intense et bien exécuté, malgré quelques petites faiblesses scénaristiques.

 

Note : 7.5/10. En bref, un thriller haletant dans la nuit bruxelloise. 

Sorti le 28 août 2024 au cinéma

 

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