26 Octobre 2024
Canary Black // De Pierre Morel. Avec Kate Beckinsale, Rupert Friend et Saffron Burrows.
Sorti en 2024, Canary Black, réalisé par Pierre Morel, avait pour ambition d’ajouter une nouvelle héroïne dans le paysage du cinéma d’action. Pourtant, à bien des égards, ce film manque sa cible en accumulant stéréotypes, maladresses et incohérences scénaristiques. Inspiré des succès passés de Morel, notamment Taken, Canary Black se veut être un thriller d’espionnage moderne. Hélas, malgré quelques scènes d’action spectaculaires et la présence de l’actrice Kate Beckinsale, le résultat est loin d’être convaincant. Kate Beckinsale incarne ici un personnage fort, une espionne qui part en mission pour sauver son mari capturé. Sur le papier, cette dynamique pourrait paraître intéressante, permettant d'inverser les rôles classiques où c'est souvent l’homme qui part au combat tandis que la femme reste en retrait. Malheureusement, l’approche de cette inversion de rôles manque de subtilité et de profondeur.
Avery Graves, un agent de haut niveau de la CIA, est victime de chantage de la part de terroristes qui l'obligent à trahir son propre pays pour sauver son mari kidnappé. Coupée de son équipe, elle se tourne vers ses contacts dans la pègre pour survivre et aider à localiser les renseignements convoités par les kidnappeurs. Trahie à chaque tournant, elle doit compter sur sa formation de pointe et ses compétences de combat primitives dans une course mortelle pour livrer une rançon qui pourrait déclencher une crise mondiale.
Le personnage principal, au lieu de refléter une véritable évolution ou complexité féministe, se contente de calquer les codes masculins de l’action sans réelle originalité. L’héroïne est forte, c’est indéniable, mais elle est aussi figée, tant dans son expression que dans ses répliques, ce qui nuit à toute authenticité. Kate Beckinsale, malgré sa présence imposante à l’écran, peine à convaincre en raison d’un jeu d’actrice bridé par un visage trop figé pour transmettre des émotions. Difficile, dans ces conditions, d’entrer en empathie avec elle ou de ressentir le danger qu’elle est censée affronter. Les dialogues ajoutent à cette impression de superficialité ; souvent clichés, ils rendent le personnage plus artificiel que véritablement captivant. Si le film souffre d’un manque de finesse dans son interprétation, il n'est pas non plus aidé par un scénario particulièrement faible. L'intrigue s’étire sur des bases déjà mille fois exploitées dans le genre : une mission d'espionnage aux motivations floues, un mari kidnappé qu’il faut sauver, et une série de rebondissements prévisibles qui peinent à retenir l’attention.
Le spectateur est rapidement perdu dans un enchaînement de scènes d’action qui, au lieu de bâtir la tension, finissent par sembler mécaniques et répétitives. La faiblesse du scénario est encore accentuée par une absence de clarté dans les enjeux. Le contexte de la mission est survolé, et les rares explications fournies sont si sommaires qu'elles en deviennent presque anecdotiques. Sans lien solide avec l’intrigue, le spectateur se retrouve à naviguer dans un dédale de scènes sans réel enjeu émotionnel ou intellectuel. Au final, ce manque de profondeur donne à l'ensemble une allure d’aventure de bas niveau, où la logique et la cohérence passent au second plan face à un enchaînement de combats sans âme. Ce qui aurait pu être une opportunité pour revisiter les codes du cinéma d’action devient ici une caricature maladroite. Canary Black essaie de créer une héroïne moderne en inversant les rôles classiques, où la femme est en première ligne de l’action pendant que l’homme est cantonné à un rôle passif et domestique.
Le mari, incarné comme un homme attentionné, cuisinier et bienveillant, est présenté comme un modèle d'homme dévoué, fidèle et un peu naïf – des traits habituellement associés aux personnages féminins dans ce type de film. Mais cette inversion sonne faux, donnant davantage l’impression d’une parodie que d’une véritable démarche égalitaire. Les actions du mari paraissent en effet plus empruntées aux stéréotypes féminins qu’aux caractéristiques d’un personnage équilibré. Cette transposition manque de nuance et se contente de déplacer les rôles traditionnels sans réelle réflexion sur les enjeux de genre. Le résultat est donc une tentative de féminisme superficielle, qui se limite à un échange des places, sans apporter de profondeur aux personnages. En cherchant à donner un modèle féminin fort, le film passe à côté de son propos et tombe dans un féminisme de surface, peu convaincant. Si Taken avait su captiver par ses scènes d’action intenses et son intrigue bien ficelée, Canary Black est loin d’égaler cette réussite. Pierre Morel semble ici avoir perdu la formule qui avait fait son succès.
Les combats sont répétitifs et parfois ridicules, manquant de réalisme et de subtilité. Les tentatives d'ajouter du suspense échouent ; au lieu de maintenir le spectateur en haleine, elles ne font qu'allonger des séquences qui auraient gagné à être raccourcies. Les scènes de bagarres se suivent sans réellement surprendre, et la tension peine à s’installer. Le manque d’originalité dans la mise en scène rend l’ensemble particulièrement frustrant pour un public en quête d’adrénaline. Alors que l’on pourrait espérer une montée en puissance, Canary Black semble naviguer en pilotage automatique, recyclant des scènes vues dans d’autres films sans réussir à leur insuffler un souffle nouveau. Canary Black se voulait un film d’action rafraîchissant, mais s’avère être une accumulation de clichés et d’idées convenues. Pierre Morel, qui a autrefois marqué le cinéma d’action, semble ici à court d’inspiration, offrant un spectacle qui manque d’âme et de personnalité.
Entre un scénario plat, des personnages peu convaincants et une action répétitive, le film peine à captiver et s’apparente davantage à une copie fade d’œuvres plus réussies. Si l’on peut noter la présence de l’acteur Ray Stevenson, qui apporte un léger souffle de charisme, cela reste insuffisant pour sauver un film qui, en fin de compte, n’apporte rien de nouveau au genre. Pour ceux qui recherchent un film d’action de qualité avec des personnages bien construits et une intrigue captivante, Canary Black risque de décevoir. À l’heure où le cinéma d’action évolue vers des récits plus profonds et nuancés, ce film reste ancré dans des stéréotypes usés et peine à convaincre.
Note : 2/10. En bref, Pierre Morel continue d’être une sacrée tâche accrochée au cinéma Europacorp des années 2000. Une sorte de pot-pourri qui copie-colle plein de trucs d’autres films mais rien n’a de sens ou n’est expliqué. On finit alors par se lasser, sans compter que Kate Beckinsale, figée, est plus que décevante.
Sorti le 24 octobre 2024 directement sur Amazon Prime Video
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