Critique Ciné : Joker : Folie à Deux (2024)

Critique Ciné : Joker : Folie à Deux (2024)

Joker: Folie à Deux // De Todd Phillips. Avec Joaquin Phoenix, Lady Gaga et Brendan Gleeson.

 

La sortie de Joker : Folie à Deux était très attendue, surtout après le succès phénoménal du premier film qui avait captivé le public avec un portrait psychologique profond et troublant d’Arthur Fleck, incarné brillamment par Joaquin Phoenix. Cependant, cette suite ne parvient pas à offrir la même intensité et semble plutôt fonctionner comme un spin-off indulgent que comme une véritable continuation de l’histoire. Dès les premières minutes du film, il devient évident que Joker : Folie à Deux peine à avancer dans son récit. Le film se concentre davantage sur des scènes de procès et des interviews, sans réellement enrichir l’intrigue ou offrir une véritable évolution des personnages. Là où le premier film avait minutieusement construit la descente d’Arthur Fleck dans la folie, cette suite paraît trop souvent tourner en rond, revisitant les mêmes thèmes et les mêmes lieux. 

 

A quelques jours de son procès pour les crimes commis sous les traits du Joker, Arthur Fleck rencontre le grand amour et se trouve entraîné dans une folie à deux.

 

Le manque de progression narrative est flagrant, et le film se contente de rappeler des moments déjà vus, plutôt que de pousser l’histoire vers de nouvelles directions. Le jeu d’acteur de Joaquin Phoenix, bien qu’encore solide, manque de l’intensité brute qui avait tant marqué le public dans le premier opus. Son Arthur Fleck ne semble pas avoir évolué, et cette stagnation dans son arc narratif contribue à l’impression générale que le film ne sait pas vraiment où il va. Lady Gaga, quant à elle, dans le rôle de Harley Quinn, semble avoir volontairement atténué son jeu habituellement flamboyant, probablement pour ne pas éclipser Phoenix. Si cette décision est compréhensible, elle prive cependant le film d’une dynamique plus puissante et laisse un sentiment de potentiel inexploité. Les séquences musicales, par ailleurs, sont l’un des aspects les plus discutés du film. Elles apportent un souffle d’énergie et de spectacle, offrant des moments de répit dans une intrigue autrement monotone. Les performances vocales et chorégraphiques sont impeccables, notamment grâce à Lady Gaga, mais ces moments, aussi divertissants soient-ils, ne suffisent pas à porter le film sur leurs épaules. 

 

Malheureusement, ces parenthèses musicales, aussi bien réalisées soient-elles, ne parviennent pas à masquer le manque de substance du scénario. Le film traîne en longueur, dépassant les deux heures, et donne l’impression d’avoir été inutilement étiré. L’un des aspects les plus frappants du film reste cependant sa réalisation visuelle. Todd Phillips prouve une fois de plus qu’il excelle dans la création d’ambiances visuelles saisissantes. Chaque plan est soigné, chaque scène est esthétiquement belle et parvient à capturer l’émotion et la folie des personnages. La photographie, signée Lawrence Sher, est un des points forts du film, avec des jeux de lumière et des cadres qui amplifient la tension et la confusion mentale d’Arthur Fleck. Malheureusement, cette excellence visuelle n’est pas accompagnée par un scénario à la hauteur. L’introduction de nouveaux personnages, comme Harvey Dent, joué par Harry Lawtey, laisse aussi à désirer. Plutôt que d’apporter un vent de nouveauté ou de complexifier l’intrigue, l’ajout de Dent semble superficiel. 

 

Son rôle est mal écrit, et au final, il se révèle inutile, uniquement présent pour capitaliser sur son nom connu des fans de l’univers de Gotham. Même constat pour le personnage de Harley Quinn : bien que sa relation avec Arthur Fleck soit intéressante, elle n’est pas suffisamment exploitée. La dynamique entre les deux personnages aurait pu offrir des moments plus poignants et intenses, mais ceux-ci sont rares et trop espacés dans un film qui semble préférer la forme au fond. Le film semble par moments vouloir revisiter les éléments qui avaient fait le succès du premier Joker, avec des références directes aux scènes et à l’atmosphère oppressante de l’original. Ces clins d’œil fonctionnent bien, rappelant au spectateur l’étrange tension qui avait captivé dans le premier film. Cependant, chaque tentative d’introduire de nouvelles dimensions, comme les séquences de tribunal ou les passages musicaux, paraît décalée et finalement contre-productive.

 

En résumé, Joker : Folie à Deux est une suite qui manque d’originalité et de substance. Si le film brille par ses visuels et bénéficie de performances solides de Joaquin Phoenix et Lady Gaga, il n’en demeure pas moins qu’il s’essouffle rapidement par un manque flagrant de développement scénaristique. L’absence de tension psychologique palpable, qui faisait toute la force du premier film, se fait cruellement ressentir. Pour les fans de Joker, cette suite risque de paraître redondante et peu engageante, offrant peu de nouvelles explorations du personnage d’Arthur Fleck et de son univers. Au final, Joker : Folie à Deux laisse une impression de gâchis : un potentiel énorme en termes de performances et de visuels, mais un manque flagrant de profondeur narrative qui empêche le film de vraiment décoller.

 

Note : 5.5/10. En bref, une suite visuellement impressionnante avec deux acteurs qui brillent mais scénaristiquement décevante.

Sorti le 2 octobre 2024 au cinéma

 

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Z
bonjour a toi<br /> un tres bon article :O)<br /> bonne semaine
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