14 Octobre 2024
La Petite Vadrouille // De Bruno Podalydès. Avec Daniel Auteuil, Sandrine Kiberlain et Denis Podalydès.
Le cinéma de Bruno Podalydès a toujours eu cette particularité de s’appuyer sur une formule bien rodée : des situations cocasses, une ambiance douce et légèrement décalée, et des personnages un peu fantasques. Mais avec La Petite Vadrouille, on se demande si cette recette n’a pas perdu de sa saveur. En effet, ce dernier film peine à captiver et donne l’impression de tourner à vide. À l’image d’un long canal où rien ne semble se passer, il avance sans grand enjeu, sans véritable surprise, et surtout sans le moindre souffle qui pourrait susciter un intérêt plus profond chez le spectateur. Le film repose sur une série de gags répétitifs et souvent prévisibles. Certes, Podalydès est connu pour son humour léger, mais ici, on a du mal à trouver des moments vraiment drôles ou inventifs. Les dialogues manquent cruellement de piquant, et à quelques exceptions près, le comique de situation tombe à plat.
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Là où on aurait pu espérer un peu de folie ou une touche poétique, on se retrouve face à des scènes poussives, dépourvues de cette fraîcheur qui caractérisait autrefois ses réalisations. Ce qui rend d’habitude les films de Podalydès agréables à suivre, c'est cette poésie un peu étrange, cette capacité à nous faire sourire grâce à des comportements farfelus et à une critique en filigrane de notre société de consommation. Mais dans La Petite Vadrouille, ces éléments sont pratiquement absents. Le film manque de profondeur, et les personnages, bien que sympathiques, peinent à susciter une réelle empathie. Il est difficile de parler de ce film sans mentionner Daniel Auteuil. Cet acteur d’ordinaire si talentueux semble ici un peu perdu dans son rôle de capitaliste naïf et fleur bleue. Loin d’être le méchant cynique que l’on pourrait attendre, son personnage est tellement déconnecté de la réalité qu’il en devient presque ridicule. Ce choix de casting est surprenant, et bien que l'on sente qu’Auteuil prend un certain plaisir à jouer, on ne peut s’empêcher de penser qu’il méritait mieux.
Quant à la troupe habituelle de Podalydès, composée notamment de son frère Denis, Sandrine Kiberlain, et Jean-Noël Brouté, elle fait de son mieux pour maintenir un niveau de jeu correct. Mais face à un scénario aussi peu inspiré, leurs efforts paraissent vains. Les acteurs semblent livrés à eux-mêmes, sans réelle direction, ce qui donne lieu à des performances honnêtes, certes, mais loin d’être mémorables. Le concept de départ, une escapade bucolique sur les canaux du Nivernais, aurait pu donner naissance à un film poétique et léger, dans la veine de La Fiancée du poète. Malheureusement, le résultat est bien en deçà des attentes. Ce qui aurait pu être une charmante vadrouille se transforme en une suite de scènes sans relief, avec des gags lourds et une intrigue qui n’arrive jamais à décoller. L’ennui s’installe rapidement, et on en vient à se demander si le tournage, que l’on imagine joyeux, n’a pas pris le pas sur l’exigence artistique.
L’un des problèmes majeurs du film est sans doute son manque d’ambition. La Petite Vadrouille se revendique comme un petit film, une œuvre sans prétention, destinée à offrir un simple moment agréable. Mais à force de vouloir faire dans la légèreté, Podalydès finit par produire un film qui ne laisse aucune empreinte. On passe effectivement un moment agréable, mais sans rien de plus. Et pour un réalisateur de son calibre, c’est un peu dommage. Bruno Podalydès semble s’être enfermé dans une zone de confort, avec son équipe habituelle et ses thématiques récurrentes. Si cela peut plaire à certains, d’autres y verront une forme de stagnation artistique. On en vient à se demander si, à force de tourner entre amis, Podalydès n’a pas perdu cette capacité à se renouveler et à surprendre. En résumé, La Petite Vadrouille est un film sans relief, qui peine à susciter l’enthousiasme. Avec un scénario léger, des gags répétitifs et des personnages sans véritable épaisseur, on reste sur notre faim. Si l’on apprécie habituellement le cinéma doux et poétique de Bruno Podalydès, ici, la magie n’opère tout simplement pas.
Note : 3/10. En bref, une échappée sans souffle ni éclat.
Sorti le 5 juin 2024 au cinéma - Disponible en VOD
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