Critique Ciné : Presque Légal (2024)

Critique Ciné : Presque Légal (2024)

Presque Légal // De Max Mauroux. Avec Marley Duboscq, Joseph Pierre et Léo Castel.

 

Le cinéma français a toujours su nous offrir des comédies légères et divertissantes, souvent ancrées dans le quotidien et les réalités locales. Malheureusement, Presque Légal, le premier long-métrage de Max Mauroux, n’arrive pas à se hisser à la hauteur de ces références. Bien qu'il s’agisse d’une comédie du terroir au potentiel intéressant, ce film ne parvient ni à séduire ni à amuser, à cause d’un scénario trop mince et d’un humour qui finit par tourner en rond. L’intrigue de Presque Légal pourrait pourtant plaire, sur le papier. Le film suit un groupe de jeunes à Arcachon, qui, au lieu de profiter de leurs vacances d’été pour flâner entre plage et soirées, décident de monter un business clandestin. Tout part d’une petite épicerie oubliée fermée par sa propriétaire, interprétée par Marie-Anne Chazel, qui semble bien en-deçà de son potentiel habituel. 

 

Tout juste sortis de leurs études, Félix et Vincent sont deux jeunes bras cassés de la côte Atlantique qui galèrent à trouver leur place dans le monde du travail… et dans la vie en général. Les deux amis décident alors de recruter une équipe de « spécialistes » pour transformer une épicerie de quartier en business nocturne le temps des vacances. Rassurez-vous, rien de tout ça n’est complètement illégal…

 

Les jeunes héros, Félix et Vincent, décident alors de profiter de cette opportunité pour s’introduire dans la supérette la nuit et vendre de l’alcool à des prix défiant toute concurrence aux touristes désireux de prolonger leur soirée. Le point de départ est original et aurait pu donner lieu à une aventure décalée, remplie de situations cocasses et d’humour décapant. Cependant, le film échoue rapidement à exploiter ce potentiel, en grande partie à cause d’un manque de profondeur dans l’écriture des personnages et une intrigue qui s’essouffle très vite. Les personnages, bien que portés par des acteurs investis, peinent à convaincre. Il est difficile de s’attacher à ce groupe de jeunes qui semblent plus maladroits qu’ambitieux. La dynamique entre eux, plutôt plate, ne permet pas de créer l’empathie nécessaire pour s’investir émotionnellement dans leur aventure. L'un des principaux défauts de Presque Légal réside dans son humour. 

 

Max Mauroux, qui adapte ici l'un de ses courts-métrages (Danemark, 2018), tente de transformer une intrigue initialement pensée pour 15 minutes en un long-métrage de plus d'une heure vingt. Cela donne lieu à une série de scènes répétitives, où l'humour se dilue rapidement dans des gags qui manquent d'originalité. Les jeux de mots autour des bouteilles d’alcool et les situations absurdes deviennent lassants à mesure que le film progresse, et l'effet comique espéré s’estompe rapidement.  En outre, les personnages secondaires, censés apporter du relief à l’histoire, n’ajoutent finalement que peu d'intérêt. Le tandem de flics joué par Jérôme Niel et Jean-Claude Muaka, par exemple, bien que sympathique, n’apporte pas la touche d’humour rafraîchissante espérée. Il en va de même pour la jeune influenceuse beauté, un cliché ambulant et trop sexualisé, ou encore les conducteurs chevronnés mais stupides, qui ne font qu’alourdir le récit sans jamais réussir à véritablement faire rire.

 

Au-delà de l'humour manqué, le véritable problème de Presque Légal réside dans son absence de profondeur. Le film semble errer sans but précis, sans véritable message ni enjeu narratif fort. Alors que certaines comédies françaises parviennent à dissimuler, sous leur légèreté apparente, une réflexion sociale ou un portrait touchant de la jeunesse, Presque Légal ne réussit jamais à s’élever au-dessus de son simple pitch. La question qui vient naturellement à l'esprit est donc : pourquoi avoir fait de cette histoire un long-métrage ? L'intrigue aurait probablement mieux fonctionné dans un format court, à l’image de l’œuvre originelle de Mauroux. En cherchant à étirer son récit pour répondre aux contraintes d’un long, le réalisateur se perd et finit par offrir une succession de scènes qui semblent plus là pour combler le temps que pour véritablement faire avancer l’intrigue. L’on se demande même si ce film n’a pas été financé pour des raisons purement pragmatiques, comme le respect de quotas de production française, plutôt que pour son réel intérêt artistique.

 

Tout n’est cependant pas à jeter dans Presque Légal. Le casting, bien que sous-exploité, offre quelques performances intéressantes. Marley Duboscq, par exemple, s’en sort plutôt bien dans le rôle de Félix, et les frères jumeaux complètement déjantés apportent une certaine dose d’énergie au film. Mais ces moments ne suffisent pas à sauver l’ensemble. En conclusion, Presque Légal est une comédie qui, malgré un point de départ original, ne parvient pas à convaincre. Max Mauroux peine à donner du relief à son histoire et tombe dans la répétition, tant au niveau de l'humour que de l'intrigue. Si l'idée d’un business nocturne dans une petite ville balnéaire pouvait sembler prometteuse, la réalisation reste en surface et n’offre ni le divertissement ni la réflexion que l’on pouvait attendre. Ce film aurait sans doute trouvé une meilleure place sur une plateforme de streaming, où il aurait pu être consommé sans grande attente, plutôt que de sortir en salle. Une occasion manquée.

 

Note : 2/10. En bref, une tentative ratée de comédie estivale qui n’offre aucun divertissement. 

Sorti le 17 juillet 2024 au cinéma - Disponible en VOD

 

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