26 Octobre 2024
Slingshot // De Mikael Håfström. Avec Casey Affleck, Laurence Fishburne et Emily Beecham.
Le cinéma de science-fiction nous a souvent offert des aventures spatiales captivantes, avec des intrigues haletantes et des découvertes scientifiques. Malheureusement, Slingshot, bien qu’il ambitionne d’explorer la psychologie des astronautes en mission, rate largement la cible. En voulant se concentrer sur le drame intérieur des personnages, le film finit par décevoir autant les amateurs de science-fiction que les fans de récits psychologiques. Voici un tour d'horizon des raisons pour lesquelles ce film peine à convaincre. Les dernières années ont vu un nombre croissant de films qui mettent en scène des astronautes dans des missions spatiales éloignées, mais qui se concentrent principalement sur leur état mental. Cette tendance a permis d’explorer des sujets humains profonds dans des contextes isolés, mais Slingshot échoue dans cette démarche.
Un astronaute s'efforce de garder le contact avec la réalité lors d'une mission dangereuse vers Titan, une lune de Saturne.
Le film se vend comme une aventure spatiale, mais en réalité, il s'agit surtout de se pencher sur les déboires émotionnels de l’un des personnages principaux, John (joué par Casey Affleck), un astronaute perturbé par des souvenirs de sa vie passée. Cette focalisation excessive sur le drame personnel semble incongrue, car on imagine mal un astronaute – un professionnel censé être rigoureusement formé et psychologiquement préparé – passer son temps à ressasser des histoires sentimentales. Slingshot tombe ainsi dans le piège des clichés : flashbacks incessants, discours intérieurs moroses, et une intrigue qui se délite rapidement pour tourner en rond. Le problème majeur, c’est que ce drame psychologique pourrait se dérouler dans n’importe quel lieu isolé, et non dans l’espace, sans rien perdre de son essence. En bref, le film semble avoir choisi l’espace comme simple toile de fond, sans en tirer aucune substance ni exploration pertinente.
Le plus frustrant avec Slingshot, c’est le manque de crédibilité scientifique. Le film se déroule dans un contexte spatial, mais les éléments scientifiques sont peu nombreux et souvent mal traités. Par exemple, dès les premières minutes, on entend le capitaine utiliser des termes inadaptés pour décrire le vaisseau, parlant d’« avion » au lieu de vaisseau spatial. Les explications techniques manquent de cohérence et de profondeur, ce qui rend difficile de s’immerger dans l’univers du film. La mission en elle-même semble à peine réfléchie : les personnages sont censés se rendre sur Titan pour extraire du méthane et ainsi contribuer à résoudre la crise climatique sur Terre. Cette idée, bien que potentiellement intéressante, est présentée de manière si simpliste qu’elle paraît complètement invraisemblable. C'est comme si le scénario avait été écrit sans réelle consultation scientifique, donnant ainsi l’impression que les astronautes sont plus des caricatures que des professionnels compétents.
En comparaison, des œuvres comme Seul sur Mars de Ridley Scott montrent des personnages dont les compétences et les connaissances techniques rendent chaque action crédible et captivante. Avec Slingshot, le spectateur est confronté à un scénario qui avance laborieusement, ponctué par des scènes répétitives et une tension dramatique artificielle. La plupart des interactions entre les personnages semblent forcées et souvent dépourvues de véritable enjeu. Les trois membres de l'équipage, censés être des experts hautement qualifiés, passent leur temps à se chamailler et à comploter les uns contre les autres. Cette dynamique ne fait qu'accentuer l'incohérence du récit : on imagine difficilement des astronautes, sélectionnés parmi les meilleurs, agir de manière aussi immatures et irrationnelles. Le capitaine du vaisseau, interprété par Laurence Fishburne, est l’un des rares points positifs du film. Son jeu d’acteur est solide, mais même ses talents ne suffisent pas à rattraper la faiblesse de l'intrigue.
Quant à Casey Affleck, son personnage est surtout irritant : constamment groggy à cause de prétendus effets secondaires de l’hibernation, il passe le film à errer et marmonner, rendant son personnage difficile à apprécier et à comprendre. Il est évident que le scénario de Slingshot manque de profondeur. Avec une durée d’environ 100 minutes, on a l’impression qu’il n’y a pas assez de contenu pour occuper le temps imparti. L’idée de base – trois personnes tentant de rejoindre Titan pour une mission importante – pourrait être intéressante, mais le film se perd dans des flashbacks et des monologues introspectifs interminables, étouffant ainsi tout potentiel suspense. D'autres films, comme Sunshine (2007), réussissent à combiner science-fiction et drame psychologique de manière bien plus efficace, en maintenant une tension palpable et en offrant des personnages multidimensionnels. En comparaison, Slingshot apparaît vide et plat, semblant seulement effleurer les thèmes qu’il souhaite aborder sans jamais les explorer vraiment.
Slingshot avait peut-être le potentiel de devenir un thriller psychologique captivant dans l’espace, mais il échoue à la fois en tant que film de science-fiction et en tant que drame. Le film nous laisse avec un sentiment de frustration : les fans de science-fiction s’attendent à des éléments scientifiques crédibles et captivants, tandis que les amateurs de drame espèrent un récit émotionnellement puissant. Or, Slingshot ne répond à aucune de ces attentes. En somme, si vous êtes un passionné de science-fiction cherchant une expérience immersive et riche en rebondissements, Slingshot n’est probablement pas pour vous. Pour une expérience de film spatial plus engageante et mieux ficelée, Sunshine, Interstellar, voire même Seul sur Mars sont des alternatives infiniment plus satisfaisantes.
Note : 3/10. En bref, un film qui rate complètement sa cible.
Prochainement en France
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