21 Octobre 2024
Wake Up // De Anouk Whissell, François Simard et Yoann-Karl Whissell.
Le film Wake Up, réalisé par le collectif québécois RKSS, déjà connus pour leurs productions déjantées comme Turbo Kid (2015), nous embarque cette fois-ci dans une aventure qui tente de surfer sur l'actualité brûlante des mouvements activistes. Cependant, si l'idée de départ semblait prometteuse, le résultat final est bien loin de tenir ses promesses. L'intrigue du film suit un groupe de jeunes activistes écologistes qui s'introduisent dans un grand magasin d'ameublement pour dénoncer les pratiques écocides de l'entreprise. Jusque-là, l'idée semble dans l'air du temps, évoquant des mouvements comme Extinction Rebellion ou des actes de résistance civique que l'on voit de plus en plus dans les médias. Cependant, la mise en scène et les choix scénaristiques font rapidement dérailler cette prémisse. En effet, on se demande rapidement quel est le véritable but de ces activistes, car le fait de s'en prendre à des meubles d'exposition n'a pas grand sens d’un point de vue protestataire.
Un groupe d'activistes s'introduit de nuit dans un grand magasin d’ameublement dans le but de dénoncer les pratiques écocides de l'entreprise. Mais l'agent de sécurité chargé de la surveillance de nuit est un déséquilibré, obnubilé par la chasse "primitive". La situation dégénère et une véritable chasse à l'homme commence.
Au lieu d'exercer une véritable pression sur l'entreprise, leurs actions semblent totalement dérisoires. Le manque de crédibilité du point de départ est frappant : si ces activistes avaient voulu réellement nuire à l'entreprise, détruire un entrepôt logistique ou saboter la chaîne d'approvisionnement aurait été une action plus logique. Mais non, ici, ils décident de vandaliser un showroom, ce qui réduit immédiatement l'impact de leur démarche. Un des gros problèmes de Wake Up réside dans ses personnages. Le film peine à créer une véritable connexion avec le spectateur. Ces jeunes activistes, qui représentent en théorie la Génération Z et leurs combats écologistes, n'ont aucun développement crédible ou approfondi. Ils apparaissent plutôt comme des caricatures sans âme. Le manque de cohérence dans leur comportement – notamment quand ils décident d'organiser une partie de paintball dans le magasin – rend difficile toute identification. Comment croire en leur engagement écologique quand leurs actions semblent n'avoir ni queue ni tête ?
Le vigile psychopathe, présenté comme une sorte de chasseur primitif à la Rambo, ajoute une touche grotesque au film. Ce personnage, qui aurait pu apporter une tension intéressante, est tellement outrancier qu'il en devient risible. Entre ses pièges à la MacGyver et sa personnalité outrée, il devient impossible de le prendre au sérieux, même dans le cadre d’un slasher où l’exagération est souvent de mise. La production souffre également d’un manque de moyens évident, et cela se voit à l’écran. Le film est censé se dérouler dans un vaste magasin d'ameublement, mais on n’y croit jamais vraiment. Les décors sont minimalistes, avec seulement quelques rayonnages d’articles filmés sous différents angles pour créer une illusion d’espace. Malheureusement, cela ne fonctionne pas, et cette absence de cohérence spatiale plonge le spectateur dans une expérience confuse.
Les invraisemblances s'enchaînent, tant sur le plan de la réalisation que dans le déroulé des scènes. Le manque de continuité visuelle, comme lors de la scène avec la peinture phosphorescente où l'éclairage change brutalement d’une scène à l’autre, perturbe la fluidité de l’action. Ces détails maladroits ternissent encore un peu plus un film qui avait pourtant, sur le papier, quelques éléments intéressants. En tant que slasher, Wake Up ne parvient jamais à instaurer une véritable tension. Les scènes de violence, bien que présentes, manquent d’impact. Le film essaie de jouer sur les codes classiques du genre, mais sans jamais leur apporter une touche novatrice. Les décisions prises par les personnages sont souvent incohérentes, ce qui devient rapidement frustrant. Le clou du spectacle : une scène où les activistes sont contraints de monter un meuble IKEA sous la menace du vigile. Si l’intention était de créer un moment de tension ou d’humour noir, c’est un raté complet, tant la scène prête plus à sourire qu’à frémir.
En résumé, Wake Up est un film qui se voulait ambitieux en surfant sur des thématiques contemporaines mais qui échoue à nous captiver. Le scénario manque de profondeur, les personnages sont à peine esquissés, et la réalisation, probablement entravée par un budget limité, ne parvient jamais à compenser ces lacunes. Les invraisemblances scénaristiques, les décors minimalistes et la surenchère de scènes absurdes font de ce film un divertissement de bas étage. Si vous êtes un inconditionnel des slashers et que vous ne cherchez rien de plus qu'un film court pour passer le temps, Wake Up pourrait trouver une place dans votre soirée. Mais si vous attendez un film à la fois divertissant et pertinent, mieux vaut passer votre chemin. Pour ma part, je l’ai regardé faute de mieux, et je ne peux honnêtement pas le recommander, sauf si vous aimez les slashers médiocres qui flirtent avec le ridicule.
Note : 3/10. En bref, pas vraiment réjouissant.
Sorti le 8 mai 2024 au cinéma - Disponible en VOD
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