n00b (Mini-series, épisode 1) : entre stéréotypes et nostalgie des années 2000

n00b (Mini-series, épisode 1) : entre stéréotypes et nostalgie des années 2000

La série n00b est un petit ovni dans le paysage audiovisuel, mélangeant humour potache et thématiques sociales. Centrée sur Nikau Bennett, capitaine de l'équipe de rugby d'un lycée néo-zélandais en 2005, elle met en scène une époque bien spécifique, marquée par l'avènement d'internet, des forums de fans et des premières communautés en ligne. Pourtant, malgré des idées de départ intrigantes, le premier épisode de cette série laisse un goût un peu amer, partagé entre clichés et promesses. Dès les premières minutes, n00b s'impose comme une plongée nostalgique dans les années 2000, une époque où les connexions internet par modem étaient encore monnaie courante et où des groupes comme Nickelback dominaient les playlists. L'idée d'ancrer l'intrigue dans cette période fonctionne plutôt bien. Les références à la culture de l'époque, qu'il s'agisse de la musique ou des premiers forums de fan-fictions, offrent un cadre familier et amusant pour ceux qui ont grandi à cette époque. 

 

2005. La vie de jeunes adolescents en train de grandir avec l’arrivée d’Internet.

 

Cependant, ce regard rétrospectif, bien que plaisant, peut parfois tomber à plat. La série semble trop insister sur les défauts de cette époque, notamment en caricaturant les petites villes comme Gore, dépeinte comme un endroit figé dans les années 1980. Cette critique de la ruralité néo-zélandaise, bien qu'amusante par moments, devient vite redondante, occultant d'autres aspects qui auraient pu être explorés pour enrichir l'intrigue et les personnages. Nikau Bennett, le personnage principal, est un jeune homme complexe, tiraillé entre son image publique de star du rugby et sa véritable identité qu'il cache soigneusement. Son double-vie est au cœur de l'intrigue : alors qu'il est en couple avec Lauren, une jeune fille ambitieuse et populaire, il trouve son véritable exutoire sur un site de fan-fiction où, sous le pseudonyme "Bigdicklord69", il écrit des récits homo-érotiques impliquant des célébrités des années 2000. L'idée de juxtaposer la masculinité du rugby avec un penchant secret pour l'écriture de fan-fictions gays est à la fois provocante et intéressante.

 

Pourtant, le traitement de ce dilemme manque de finesse dans ce premier épisode. Nikau est avant tout défini par ses contradictions, mais la série semble se reposer un peu trop sur ce conflit sans offrir de nuances. Bien sûr, il est captivant de suivre un personnage qui évolue dans un environnement aussi conservateur que Gore, surtout quand il s’agit d’explorer des thématiques LGBTQ+ dans un cadre typiquement machiste. Mais là où on aurait pu espérer plus de profondeur psychologique, on se retrouve parfois avec des scènes qui frôlent le cliché, comme si l’adolescent ne pouvait être qu’une version stéréotypée du "gay refoulé". Si Nikau occupe le centre de la scène, les personnages qui gravitent autour de lui semblent plus accessoires qu’autre chose. Lauren, jouée par Shervonne Grierson, est présentée comme la petite amie idéale, ambitieuse et pleine d’entrain, mais sa personnalité reste assez superficielle. 

 

Elle est dépeinte comme frustrée par l'absence de "romance" dans sa relation avec Nikau, mais on ne nous en dit pas assez sur ses aspirations profondes. On a l’impression qu’elle sert surtout de déclencheur pour mettre en avant les doutes et secrets de Nikau, plutôt que d’exister en tant que personnage à part entière. Les autres personnages, notamment les coéquipiers de Nikau, sont encore plus limités dans leurs développements. Ils sont décrits comme étant à la recherche de l’auteur mystérieux de fan-fictions homoérotiques qu’ils soupçonnent d’être l’un des leurs. Bien que cette intrigue parallèle puisse sembler amusante, elle repose sur des clichés un peu trop gros et manque de crédibilité, surtout dans le contexte d’un lycée rural. Ces personnages apparaissent comme des caricatures de jeunes hommes obsédés par le sexe et la virilité, et n’apportent que peu de profondeur à l’histoire principale.

 

n00b se veut une comédie, et dans ce registre, certaines blagues fonctionnent bien, en particulier celles qui jouent sur le décalage entre l'époque et la modernité actuelle. Les références à des éléments culturels comme les vidéoclubs, les premières connexions internet ou encore des groupes comme My Chemical Romance apportent une touche de légèreté bienvenue. Mais en voulant trop en faire, certaines scènes tombent à plat. Par exemple, un gag récurrent autour d’un vidéoclub qui peine à recevoir des films populaires semble forcé et peu crédible. De même, les interactions entre les membres de l’équipe de rugby s’enfoncent parfois dans un humour trop simpliste, voire paresseux. La série semble parfois hésiter entre un ton purement comique et une réflexion plus profonde sur la double-vie de Nikau. Pourtant, c’est précisément dans cette tension que se trouve son potentiel. Si elle parvient à mieux équilibrer ces deux aspects dans les épisodes suivants, n00b pourrait véritablement s’imposer comme une série captivante.

 

Visuellement, n00b est plaisante à regarder. Les décors, bien qu’ancrés dans un certain réalisme, renforcent ce sentiment de décalage temporel qui caractérise la série. La petite ville de Gore, avec ses vieilles échoppes et ses lycées décrépits, devient presque un personnage à part entière. Cela contribue à une certaine ambiance rétro qui ravira les amateurs de nostalgie. Cependant, pour que cette ambiance fonctionne vraiment, il faut des personnages qui dépassent le simple cadre de la caricature. Pour l’instant, on a surtout des stéréotypes : la copine populaire, le capitaine de rugby refoulé, les coéquipiers idiots. Il serait dommage que n00b ne creuse pas davantage ses protagonistes, car c’est là que se trouve la clé de son succès potentiel. L’épisode 1 de n00b laisse entrevoir un potentiel indéniable, mais souffre de quelques maladresses. Si l’humour et la nostalgie fonctionnent à certains moments, on attend plus de profondeur, notamment dans le traitement des personnages. 

 

Nikau est un héros prometteur, mais il mérite un développement plus nuancé. De même, les intrigues secondaires gagneraient à s’éloigner des clichés pour offrir une expérience plus riche et engageante. Espérons que les épisodes suivants sauront corriger le tir et transformer cette série en une véritable comédie dramatique, à la fois drôle et touchante, sur l’adolescence, la découverte de soi et les difficultés à vivre selon ses propres termes dans un monde qui impose des normes rigides.

 

Note : 5.5/10. En bref, la nostalgie des années 2000 fait une bonne partie du travail. 

Prochainement en France

 

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