The Office (AU) (Saison 1, 8 épisodes) : une redite qui manque d’audace et d’originalité

The Office (AU) (Saison 1, 8 épisodes) : une redite qui manque d’audace et d’originalité

Dès l’annonce d’une nouvelle adaptation de The Office, cette fois-ci en version australienne, les attentes étaient partagées entre curiosité et scepticisme. La version originale britannique, créée par Ricky Gervais et Stephen Merchant, a donné naissance à l’un des formats de sitcom les plus influents de son époque, inspirant de nombreuses adaptations internationales, dont la populaire (et meilleure que l’original) version américaine. Cependant, alors que l'idée de transposer cette série emblématique dans le cadre unique de l’Australie aurait pu offrir une perspective novatrice, cette adaptation manque cruellement de ce souffle d'originalité qu'elle promettait. Le plus grand défi pour cette version australienne aurait été d'apporter une réelle valeur ajoutée au concept de The Office, non seulement en le modernisant mais en le localisant de façon pertinente. 

 

Responsable de la société d’emballage Flinley Craddick, Hannah Howard apprend du siège social, après la pandémie de COVID-19, que sa succursale fermera et que le personnel devra travailler à domicile. Basculant en mode survie, elle fait des promesses qu’elle ne peut tenir et lance des complots farfelus pour maintenir sa "famille de travail" unie.

Malheureusement, ce que l’on constate, c’est une absence totale de prise de risque et une tendance à recycler des éléments déjà vus dans les versions précédentes. La série semble avoir misé sur une reproduction presque mécanique du format, sans y insuffler de nouveau souffle, ce qui rend l’expérience d’autant plus frustrante pour le spectateur qui connaît les précédentes adaptations. Les choix stylistiques, comme les interviews en aparté et les regards caméra des personnages, font écho à une technique qui a déjà atteint son apogée il y a des années. Bien que ces éléments aient été novateurs à l’époque de la première diffusion, ils paraissent aujourd’hui bien datés, voire en décalage avec les attentes actuelles du public. Ce qui a fonctionné dans les années 2000 et même dans le The Office américain a perdu de sa fraîcheur, surtout dans un contexte télévisuel saturé de faux documentaires et de comédies basées sur des interviews.

 

L’un des points qui aurait pu apporter une touche de modernité à cette version est l’inclusion d'un cadre de travail hybride, avec des employés qui alternent entre le télétravail et la présence au bureau. Le personnage central, Hannah Howard (incarnée par Felicity Ward), directrice de la filiale d'une entreprise de packaging en Australie, tente de maintenir une ambiance de bureau malgré les nouvelles dynamiques de travail imposées par l'époque post-pandémique. Ce choix scénaristique pourrait sembler intéressant sur le papier, mais il n’est jamais pleinement exploré pour en tirer un véritable potentiel comique ou critique. La série aborde la question de façon superficielle, se contentant de montrer Hannah tentant de ramener ses employés au bureau sans exploiter les véritables tensions et dilemmes de cette situation. Le contraste entre l'ancien modèle de travail et les nouvelles attentes aurait pu servir de ressort narratif puissant, mais il est rapidement relégué au second plan, ne devenant qu’un prétexte peu inspiré pour la trame principale.

L’un des rares aspects novateurs de cette adaptation est la décision d’avoir une femme en personnage principal, une première pour The Office. Felicity Ward se voit confier le rôle de Hannah Howard, personnage calqué sur les légendaires David Brent et Michael Scott. Bien que Ward livre une performance respectable, son personnage peine à s’imposer face à ses prédécesseurs. Là où Brent et Scott étaient respectivement pathétique et attachant dans leur maladresse, Howard semble simplement maladroite, sans les nuances qui faisaient la complexité des personnages d’origine. Edith Poor, quant à elle, est placée dans un rôle difficile : celui de Lizzie, une version féminine du personnage culte de Dwight Schrute. Malheureusement, sa prestation, bien que de qualité, pâtit d’une direction trop restrictive qui la force à reproduire des tics et comportements trop semblables à ceux de Dwight, un personnage presque intouchable dans l’univers des sitcoms. Au lieu de créer une version australienne avec des caractéristiques et une personnalité uniques, Lizzie est une copie pâle de Dwight, ce qui empêche l’actrice de vraiment briller.

 

Ce qui rend cette version particulièrement décevante, c'est la faiblesse des gags et des intrigues proposées. Le comique de situation, censé être au cœur de la série, tombe à plat dans plusieurs épisodes. Des scénarios tels que « la journée pyjama au bureau » ou le vol d'un jouet entre collègues auraient pu être traités avec plus de subtilité et de finesse. Au lieu de cela, ces situations sont utilisées de manière répétitive et sans éclat, en décalage avec les attentes d’un public habitué à des dialogues incisifs et à un humour de l’embarras. Un des éléments emblématiques de The Office est sa capacité à mélanger humour et malaise, créant des situations où le spectateur se trouve souvent partagé entre rire et gêne. Dans cette version australienne, ce mélange est absent. Les tentatives de pranks entre collègues semblent forcées, et la dynamique entre les personnages est bien moins convaincante que dans les versions antérieures. La romance « vont-ils, ne vont-ils pas » entre Nick (le Tim/Jim local) et Greta n’a pas de réelle tension, car les archétypes des personnages sont tellement éculés qu’il est difficile de s’y attacher.

Certes, certains éléments australiens sont incorporés dans la série, tels que l'épisode autour de la Melbourne Cup ou quelques références à la culture locale. Toutefois, ces clins d'œil sont superficiels et ne suffisent pas à différencier la série des autres adaptations. Ces tentatives donnent une illusion de contextualisation, mais elles n’ajoutent rien de significatif en termes d’originalité ou de comique. La force des meilleures versions de The Office réside dans leur capacité à être à la fois universelles et profondément enracinées dans un contexte culturel particulier. Le The Office australien ne parvient pas à créer ce même équilibre, et les rares touches australiennes semblent presque plaquées, comme pour rappeler au spectateur que cette série est supposée se dérouler dans le contexte local. Au final, cette première saison de The Office version australienne laisse un goût amer. En tentant de s’accrocher à un format éprouvé sans y apporter de nouveautés significatives, la série manque de pertinence et de profondeur. 

 

Ce qui aurait pu être une opportunité de repenser un concept iconique à travers un prisme contemporain australien se révèle être une redite sans saveur, qui peine à capturer l’essence de ce qui a fait le succès de ses prédécesseurs. Il est possible que cette série trouve davantage ses marques dans une éventuelle saison 2, comme cela fut le cas pour la version américaine. Toutefois, en l’état, elle laisse le spectateur avec une sensation de déjà-vu, voire de lassitude face à une adaptation qui ne semble pas avoir pris la mesure du défi qu’elle représentait. Pour l’instant, The Office australien reste une imitation imparfaite, trop attachée aux standards du passé pour vraiment s'imposer dans le paysage télévisuel actuel.

 

Note : 3.5/10. En bref, un manque cruel d’originalité, de contexte culturel et d’idées font de cette nouvelle adaptation du format un raté. 

Disponible sur Amazon Prime Video

 

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