29 Novembre 2024
Armor // De Justin Routt. Avec Jason Patric, Sylvester Stallone et Dash Mihok.
Lorsqu'un film comme Armor arrive sur nos écrans, il est naturel d’espérer une expérience captivante, surtout avec un casting prometteur et un vétéran comme Sylvester Stallone. Cependant, cette production de 2024, qui se veut un mélange de thriller et d’action, échoue malheureusement à délivrer quelque chose de mémorable. Entre une intrigue bancale, des personnages sous-exploités, et une réalisation laissant à désirer, Armor s’impose comme un exemple typique de potentiel gâché. Steven Seagal était avant gardiste. Depuis qu’il a lancé la mode, tous les acteurs du cinéma d’action se sont mit aux Direct to SVOD dégueulasses. Dans ses premières minutes, Armor parvient à intriguer. Jason Patric incarne un chauffeur de camion blindé, un ancien alcoolique qui semble coincé dans une spirale d’autodestruction.
Un père et son fils travaillent comme agents de sécurité pour une société de camions blindés. Ils rencontrent une équipe de voleurs sur un pont et se retrouvent piégés...
Le film s’ouvre sur une scène marquante : réveil à l’aube, quête désespérée pour une bouteille de vodka dissimulée dans son propre réfrigérateur. Un détail curieux, puisque ce personnage vit seul. Pourquoi cacher une bouteille chez soi, sans personne pour la découvrir ? Une incohérence parmi d'autres, mais elle parvient néanmoins à capturer l’attention. Cet aspect de vulnérabilité du protagoniste est renforcé par sa relation complexe avec son fils, joué par Miller Garfinkel. Leur lien, légèrement tendu mais fonctionnel, laisse entrevoir un potentiel émotionnel. Pourtant, ce qui pourrait être un fil conducteur intéressant est vite englouti par les faiblesses du scénario. Il faut attendre près de 30 minutes avant que le véritable cœur du film - le braquage de camion blindé - ne démarre.
Une fois lancé, cet acte central tente d’injecter un peu de tension. Sur un pont désert, Stallone et son équipe de malfaiteurs tentent de s'emparer du précieux contenu du camion. Cependant, cette scène d’action, bien qu’énergique sur le papier, est minée par un manque flagrant de logique. Pourquoi le personnage de Jason Patric, armé d’un camion blindé capable de résister aux balles, ne choisit-il pas de simplement écraser ses assaillants ou de fuir ? Au lieu de cela, nous sommes confrontés à une série d’affrontements prévisibles, soutenus par des effets spéciaux minimalistes et peu convaincants. Stallone, bien que charismatique comme toujours, est largement sous-exploité. Son rôle se résume à aboyer des ordres à ses complices, une incohérence notable étant son insistance sur le fait qu’il ne veut tuer personne, alors qu’il passe une bonne partie du film à tirer sur le camion avec des balles perforantes.
Cela ne fait qu’ajouter à la confusion générale quant à ses motivations. Après la scène du braquage, le film se transforme en un huis clos à l’intérieur du camion. Au lieu de réfléchir à des moyens ingénieux pour échapper à leurs agresseurs, les deux protagonistes - père et fils - se lancent dans des discussions introspectives sur leurs erreurs passées. Ces moments, bien qu’ils visent à humaniser les personnages, tombent à plat dans un contexte où la tension aurait dû primer. Ce choix narratif rend le reste du film incroyablement monotone. Les dialogues, bien que parfois touchants, auraient été plus pertinents dans un drame familial, et non dans un thriller censé tenir le spectateur en haleine. Parallèlement, les antagonistes passent leur temps à se disputer entre eux, ce qui contribue à alourdir un récit déjà faiblement structuré.
Le manque de cohésion dans Armor trouve sans doute sa source dans une production chaotique. Des rapports indiquent que le tournage, initialement prévu sur 15 jours, a été écourté à neuf. De plus, Randall Emmett, bien qu’officiellement producteur, semble avoir pris le contrôle de la réalisation à la place du réalisateur désigné. Ce type de désorganisation se reflète clairement dans le produit final, marqué par des choix artistiques inconsistants et un manque de direction claire. Même le faible budget du film est impossible à ignorer, avec des effets spéciaux qui trahissent leur nature à chaque apparition. Ces limitations techniques pourraient être pardonnées si le récit et les performances étaient suffisamment solides pour compenser, mais ce n’est malheureusement pas le cas.
Il est difficile de critiquer entièrement le casting, qui fait de son mieux avec un matériel médiocre. Jason Patric offre une performance nuancée en tant qu’homme brisé, et son alchimie avec Miller Garfinkel est une des rares qualités du film. De même, Stallone, malgré son âge avancé, conserve une certaine prestance à l’écran. Cependant, son rôle manque cruellement de profondeur, et sa présence ne suffit pas à sauver Armor. Armor s’inscrit dans la catégorie des films que l’on oublie rapidement après les avoir vus. Ni véritablement un film d’action ni un thriller psychologique abouti, il échoue à offrir une expérience satisfaisante dans l’un ou l’autre registre. Le scénario est criblé de trous, la réalisation est maladroite, et les choix artistiques, lorsqu’ils existent, laissent perplexe.
Pour les amateurs de Stallone, Armor pourrait attirer par curiosité, mais même cette légende d’Hollywood ne parvient pas à élever un film qui semble avoir été conçu uniquement pour capitaliser sur son nom. Mon conseil ? Évitez ce film et optez pour des classiques ou des productions où Stallone brille réellement. Vous ne manquerez rien en faisant l’impasse sur Armor.
Note : 3/10. En bref, la courte durée du film permet d’oublier rapidement que l’on a passé un mauvais moment.
Prochainement en France
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