Critique Ciné : Here, les plus belles années de notre vie (2024)

Critique Ciné : Here, les plus belles années de notre vie (2024)

Here, les plus belles années de notre vie // De Robert Zemeckis. Avec Tom Hanks, Robin Wright et Paul Bettany.

 

Le film Here, inspiré de la bande dessinée éponyme de Richard McGuire, se distingue par un concept aussi singulier qu’ambitieux. Chaque scène se déroule en un lieu précis, explorant les différentes époques de ce point géographique aux États-Unis. Du temps des dinosaures à un futur incertain, en passant par la construction d’une maison à la fin du XIXe siècle, le long-métrage propose une véritable plongée dans l’Histoire, vue à travers le prisme d’un salon où des familles se succèdent. Malheureusement, cette originalité est à double tranchant. Bien que le film brille par son ambition et ses prouesses visuelles, il peine à maintenir une connexion émotionnelle avec le spectateur.

 

Toute l’équipe de FORREST GUMP revient au cinéma, et vous transporte dans un voyage unique à travers le temps. L’histoire de familles dont les peines, les joies et les moments de doutes se font écho à travers les générations.

 

La proposition centrale de Here repose sur une caméra fixe, braquée sur une pièce à vivre où des fragments de vies se déroulent. Cette idée de tableau vivant est renforcée par un montage ingénieux, où les transitions visuelles évoquent le feuilletage d’un livre. Sur le plan technique, Robert Zemeckis maîtrise son sujet, offrant une fluidité impressionnante et une véritable prouesse dans l’utilisation des effets spéciaux. Les scènes où Tom Hanks et Robin Wright, brillamment rajeunis grâce à une technologie avancée, s’inscrivent dans la continuité du travail novateur du réalisateur. Contrairement à des tentatives passées moins convaincantes dans d’autres productions, ici, les visages semblent authentiques, effaçant la barrière des trucages. Cela témoigne de l’expertise de Zemeckis dans l’intégration des nouvelles technologies au service de la narration.

 

Cependant, malgré cette virtuosité visuelle, le choix d’un récit morcelé et non chronologique crée une distance. Le spectateur est invité à sauter d’une époque à une autre, ce qui brouille l’attachement aux personnages et dilue l’émotion. Une narration plus linéaire, centrée sur une seule famille à travers les générations, aurait sans doute renforcé l’impact émotionnel du film. Le véritable problème de Here réside dans son excès d’ambition. En voulant embrasser une vision quasi-cosmique de l’Histoire, le réalisateur multiplie les époques et les points de vue. Si certains segments, comme les passages retraçant les vies des habitants successifs de la maison, apportent de jolis moments, d'autres, comme les scènes évoquant les dinosaures ou une météorite frappant la Terre, semblent inutiles. 

 

Ces digressions donnent l’impression d’assister à plusieurs films en un seul, sans réelle unité narrative. Loin d’enrichir l’expérience, ces ajouts éparpillent l’attention et affaiblissent la charge émotionnelle. Une focalisation sur des récits plus intimes, en lien direct avec les habitants successifs de la maison, aurait permis de renforcer l’impact de l’histoire. Le duo formé par Tom Hanks et Robin Wright constitue l’un des rares éléments réellement captivants du film. Leur relation, qui traverse les époques, apporte une cohérence bienvenue dans ce récit fragmenté. Leur alchimie à l’écran et la justesse de leur interprétation permettent d’ancrer le film dans une humanité trop souvent absente des autres segments. Mais cette réussite est insuffisante pour masquer les faiblesses du scénario. 

 

Les autres personnages manquent de profondeur et de développement, rendant difficile pour le spectateur de s’investir pleinement dans leurs histoires. Là où Forrest Gump, le chef-d’œuvre de Zemeckis, parvenait à nous faire vivre l’Histoire à travers le regard d’un personnage extraordinairement attachant, Here échoue à créer ce même lien. Sur le plan visuel et technique, Here impressionne. La manière dont Zemeckis manipule les transitions entre les époques et intègre les effets spéciaux témoigne de sa maîtrise. Les choix esthétiques renforcent l’idée d’un récit intemporel, où chaque fragment de vie s’inscrit dans un tout plus vaste. Cependant, cette réussite visuelle ne suffit pas à compenser le manque de liant narratif et d’émotion. Les moments de grâce sont trop rares, et le film peine à maintenir l’attention, laissant une impression de frustration. Ce n’est pas un échec total, mais il manque cette étincelle qui aurait pu transformer Here en une œuvre mémorable.

 

Avec Here, Robert Zemeckis avait entre les mains une idée prometteuse et un casting prestigieux. Pourtant, le film s’égare dans une ambition démesurée, qui sacrifie l’émotion au profit de l’expérimentation technique. Ce n’est ni une œuvre ratée ni un chef-d’œuvre, mais une tentative moyenne qui laisse entrevoir ce qu’elle aurait pu être. En fin de compte, Here est un film intrigant, parfois touchant, mais trop souvent déconnecté. Pour les amateurs de fresques ambitieuses, il vaut le détour, mais ceux qui espéraient retrouver la magie de Forrest Gump risquent de rester sur leur faim. Une œuvre à saluer pour son audace, mais à regretter pour son manque de cœur.

 

Note : 5/10. En bref, une fresque temporelle audacieuse mais inaboutie. 

Sorti le 6 novembre 2024 au cinéma

 

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