Critique Ciné : Pendant ce temps sur Terre (2024)

Critique Ciné : Pendant ce temps sur Terre (2024)

Pendant ce temps sur Terre // De Jéremy Clapin. Avec Megan Northam, Sofia Lesaffre et Catherine Salée.

 

Le film Pendant ce temps sur Terre, réalisé par Jérémy Clapin, plonge dans un univers qui se veut à la fois intime et fantastique. On y suit Elsa, une jeune femme tourmentée par la disparition de son frère Franck, un spationaute perdu lors d'une mission trois ans auparavant. Loin des rêves artistiques qui la destinaient aux Beaux-Arts, Elsa mène une vie simple, travaillant comme aide-soignante dans un EHPAD géré par sa mère dans une petite ville du Puy-de-Dôme. C’est une existence qui, bien que modeste, prend une tournure saisissante le jour où Elsa entend la voix de son frère, émanant de quelque part au-delà des étoiles. Ce récit mêle science-fiction et drame intime, avec une touche de poésie propre à Clapin.

 

Elsa, 23 ans, a toujours été très proche de son frère aîné Franck, spationaute disparu mystérieusement 3 ans plus tôt au cours d’une mission spatiale. Un jour, elle est contactée depuis l’espace par une forme de vie inconnue qui prétend pouvoir ramener son frère sur terre. Mais il y a un prix a payer…

 

Pendant ce temps sur Terre s’inscrit dans un registre hybride, où se côtoient des séquences animées et des scènes en prises de vue réelles, un choix qui rappelle le précédent film du réalisateur, J’ai perdu mon corps. On ressent ici une volonté d’explorer de nouveaux territoires, un mélange de genres à la frontière du réalisme et de l’imaginaire. D’un point de vue visuel, le film est sans conteste une réussite. Clapin joue avec des scènes d'animation qui traduisent l’imagination d’Elsa, puisant dans une esthétique rétro-futuriste  et les bandes dessinées. Les couleurs sont vibrantes, presque hallucinantes, et confèrent à l’univers d’Elsa un éclat à la fois mélancolique et hypnotique. Ces séquences visuelles se combinent parfaitement avec la bande-son envoûtante de Dan Levy, qui réussit à capturer l’émotion brute du personnage principal tout en renforçant l’atmosphère onirique du film.

 

En revanche, si cette esthétique immersive séduit et capte l’attention, elle ne parvient pas toujours à compenser les flottements de l’intrigue. L’univers sonore et visuel est certes captivant, mais il semble parfois se détacher du cœur de l’histoire, créant une distance avec le spectateur. Malgré sa beauté formelle, l’ensemble manque de cohésion, et on a parfois l’impression que le style l’emporte sur la profondeur du récit. Le choix de Clapin d'explorer plusieurs genres – science-fiction, drame intime, horreur psychologique – est audacieux, mais ne porte pas toujours ses fruits. L'intrigue oscille entre le quotidien terrestre d'Elsa et les mystères de l’espace, dans une tentative de confrontation entre l’ordinaire et l’extraordinaire. La proposition est originale : les extraterrestres qui retiennent Franck promettent à Elsa de lui rendre son frère en échange de corps humains, qu'ils souhaiteraient occuper temporairement pour découvrir la Terre. 

 

Ce pacte faustien confère une dimension métaphysique à l’histoire, teintée d'une étrangeté fascinante. Pourtant, cette audace narrative se heurte à des failles. À mesure que l’intrigue se complexifie, elle s’égare dans des concepts alambiqués qui peuvent dérouter. Le spectateur se retrouve à suivre une histoire qui s'enveloppe parfois de ses propres symboles sans parvenir à maintenir un lien émotionnel constant. Ce mélange de registres semble affaiblir le propos, empêchant le film de pleinement délivrer le potentiel poétique et philosophique qu’il promettait. Pendant ce temps sur Terre est indéniablement un film poétique, doté d'une beauté visuelle et sonore remarquable. Mais malgré cette richesse esthétique, l'intrigue se perd par moments dans des détours qui laissent le spectateur en quête de sens. La profondeur émotionnelle peine à émerger face à la densité des genres et à une narration parfois décousue. 

 

On aurait aimé que Clapin nous embarque davantage, qu’il nous attache plus fermement à Elsa et à sa quête, afin que l'histoire résonne avec plus de clarté. En fin de compte, Pendant ce temps sur Terre est une œuvre singulière et audacieuse, mais qui ne parvient pas totalement à toucher son but. Elle offre des moments de poésie et d’émerveillement, tout en risquant de perdre en route ceux qui espéraient une histoire plus cohérente et captivante. Un film intrigant et visuellement splendide, mais dont le charme se dilue dans une complexité qui ne saura séduire tout le monde.

 

Note : 4/10. En bref, un film intrigant et visuellement splendide, mais dont le charme se dilue dans une complexité qui ne saura séduire tout le monde.

Sorti le 3 juillet 2024 au cinéma - Disponible en VOD

 

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