Critique Ciné : The Apprentice (2024)

Critique Ciné : The Apprentice (2024)

The Apprentice // De Ali Abbasi. Avec Sebastian Stan, Jeremy Strong et Maria Bakalova.

 

Le film The Apprentice (qui emprunte son nom à la télé-réalité de l’homme d’affaires diffusée à partir de 2004 sur NBC et qui a donné lieu à la phrase culte « You’re fired! »), réalisé par Ali Abbasi, offre un éclairage captivant sur la montée en puissance d'un homme dont l'ambition démesurée a laissé une empreinte indélébile sur le paysage politique et économique américain : Donald Trump. À travers une approche implacable, ce biopic retrace les premières années de cet homme d'affaires controversé, dépeignant avec précision et ironie son ascension dans un monde dominé par le capitalisme sans vergogne des années 1970 et 1980. Ce qui frappe d'abord dans The Apprentice, c'est l'habileté avec laquelle le film parvient à capturer l'essence d'une époque. Le spectateur est plongé dans une Amérique en pleine mutation, où les magouilles en coulisses et les stratégies douteuses sont monnaie courante.

 

Véritable plongée dans les arcanes de l'empire américain, The Apprentice retrace l'ascension vers le pouvoir du jeune Donald Trump grâce à un pacte faustien avec l'avocat conservateur et entremetteur politique Roy Cohn.

 

L'atmosphère de cette période est restituée avec un soin remarquable, rappelant les débuts d'un capitalisme effréné qui façonne encore aujourd'hui les structures de pouvoir aux États-Unis. Donald Trump, alors jeune homme, navigue dans cet univers en construction, façonné par son entourage et ses mentors. C’est ici que la figure de Roy Cohn, incarné par un excellent Jeremy Strong, entre en jeu. Cohn, avocat républicain notoire, devient un mentor essentiel pour Trump, lui enseignant les rouages du pouvoir et de l'influence. Le film nous présente un Trump jeune, en quête de reconnaissance, cherchant à échapper à l'ombre de son père, magnat de l'immobilier. Mais loin de s’émanciper par la voie classique, Trump adopte les méthodes les plus cyniques de son mentor, se forgeant une mentalité où seul le pouvoir compte. La dynamique entre Sebastian Stan, qui incarne Trump, et Jeremy Strong, dans le rôle de Cohn, est au cœur de la réussite de ce film. 

 

Leurs performances respectives sont à la fois fascinantes et terrifiantes, dépeignant des personnages qui, malgré leur absence de morale, parviennent à captiver l'attention du public. Le film ne cherche pas à rendre Trump sympathique, bien au contraire. Son personnage est dépeint comme froid, calculateur et sans scrupules, un portrait qui ne s'attarde sur aucune circonstance atténuante. Trump est montré comme un homme qui, dès ses premières années dans le monde des affaires, a toujours cherché à écraser la concurrence. Son mépris pour les plus faibles, notamment son propre frère, et son comportement prédateur envers les femmes sont mis en lumière sans détour. La chronique de sa relation avec sa première femme, Ivana Zelníčková, est également révélatrice de l'homme d'affaires sans cœur qu'il est devenu. Ali Abbasi, dont le parcours cinématographique inclut des films aussi singuliers que Border ou Les nuits de Mashhad, s’attaque ici à un sujet brûlant : la montée de Trump, un des personnages les plus polarisants de l’histoire contemporaine américaine. 

 

Ce biopic aurait pu tomber dans l’excès ou la caricature, mais Abbasi choisit une approche mesurée. Le film, bien que critique, ne verse pas dans un pamphlet acerbe contre Trump, ce qui lui confère une crédibilité certaine. En présentant les faits de manière factuelle, avec une dose d'humour noir, Abbasi évite l'écueil du manichéisme. Ce qui rend The Apprentice particulièrement intéressant, c’est son analyse du capitalisme américain à travers l’ascension de Trump. Le film met en lumière les dérives de ce système économique qui, dans les années 1970 et 1980, a permis à des figures comme Trump d’émerger. Le capitalisme sauvage de cette époque, marqué par l'obsession de la réussite à tout prix, a laissé des cicatrices profondes dans la société américaine. Trump n'est pas seulement le produit de son ambition personnelle, il est aussi le reflet d'un système qui récompense l'avidité et le manque de scrupules.

 

En termes de réalisation, The Apprentice adopte une esthétique dynamique et moderne, avec une mise en scène souvent clinquante qui reflète parfaitement l’univers bling-bling dans lequel Trump évolue. Le rythme du film est soutenu, tenant le spectateur en haleine durant les deux heures que dure ce biopic. Chaque scène semble calibrée pour accentuer le cynisme du personnage principal, sans pour autant tomber dans la lourdeur. La bande sonore, avec des touches de disco et des références culturelles propres aux années 70-80, renforce l’immersion dans cette époque unique. Si The Apprentice peut parfois sembler difficile à regarder en raison de la personnalité détestable de son protagoniste, il reste un film captivant de bout en bout. Il offre une réflexion profonde sur la manière dont le pouvoir et l’argent peuvent façonner non seulement une vie, mais aussi tout un pays. Donald Trump, dans ce film, n’est pas seulement un homme d’affaires en quête de gloire. Il devient une allégorie des excès du capitalisme et de ses conséquences sur la société.

 

En conclusion, The Apprentice est un film à ne pas manquer pour ceux qui s’intéressent à la politique américaine, à l’histoire du capitalisme, ou tout simplement à la personnalité complexe de Donald Trump. Porté par des performances magistrales et une réalisation soignée, ce biopic marquera sans doute les esprits, tout en offrant un regard critique sur une période charnière de l’histoire américaine.

 

Note : 8/10. En bref, un portrait sans concession de l’ascension de Donald Trump. 

Sorti le 9 octobre 2024 au cinéma

 

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