6 Novembre 2024
Ellis // Saison 1. Episode 1. Hanmore.
La nouvelle série policière Ellis, diffusée sur Channel 5, aurait pu être un souffle d'air frais pour le genre des drames policiers, surtout en mettant en avant une détective jouée par Sharon D. Clarke. Dans le contexte actuel, cette représentation est non seulement bienvenue, mais nécessaire, surtout pour aborder des thèmes aussi profonds que les préjugés raciaux et sexistes au sein des institutions. Mais, hélas, cette première saison déçoit bien plus qu’elle ne séduit. Sharon D. Clarke incarne le rôle du DCI Ellis, une détective chevronnée qui rejoint temporairement une nouvelle brigade en plein bouleversement personnel. D'entrée, on nous décrit Ellis comme une femme forte, habituée à être sous-estimée et négligée en raison de son genre et de sa couleur de peau. Cette dynamique, qui pourrait être un terrain fertile pour explorer des tensions sociales bien réelles, est malheureusement exécutée de façon maladroite. Les préjugés auxquels Ellis est confrontée apparaissent presque caricaturaux, dépourvus de subtilité.
La policière Ellis, accompagnée de son bras droit, le détective Harper, arrivent dans un commissariat différent, où elledoit gagner la confiance des détectives locaux et s'immerger dans les affaires qu'elle doit résoudre.
Certains pourraient soutenir que la série essaie de refléter la réalité brute des discriminations qui sévissent dans le milieu professionnel. Cependant, ici, l’hostilité est tellement exagérée qu’elle en devient presque théâtrale, comme dans un mauvais vaudeville. Les interactions d'Ellis avec ses collègues semblent artificielles, peu crédibles, rendant difficile l’immersion dans cet univers. Le premier épisode, d’une durée de deux heures, nous plonge dans une enquête sur un meurtre et une disparition d’adolescents. Ce double mystère, riche en potentiel, aurait pu être le fil conducteur idéal pour nous entraîner dans une intrigue complexe et passionnante. Malheureusement, ce n’est pas le cas. Les rebondissements, pourtant présents, échouent à captiver car ils sont souvent mal amenés et peu crédibles. Plutôt que de nous tenir en haleine, le scénario nous ballote d’une scène à l’autre sans réelle intensité. Les personnages secondaires, qu'il s'agisse des familles des victimes ou des témoins interrogés, manquent cruellement de profondeur.
Bien qu’ils tentent d’insuffler une dimension émotionnelle à leurs rôles, les acteurs peinent à susciter l’empathie. Le manque de développement de ces personnages rend difficile toute connexion avec leurs histoires, et donc, avec le drame de l’enquête elle-même. La série aurait grandement bénéficié de quelques scènes supplémentaires pour nous permettre de mieux comprendre et ressentir leurs dilemmes. Le personnage d’Ellis est sans conteste le plus travaillé de la série, mais même là, des faiblesses sont à noter. Sharon D. Clarke parvient à jouer sur des nuances de caractère intéressantes, alternant entre une froideur distante et des éclats de vulnérabilité, suggérant un passé tourmenté. Cependant, cela reste trop superficiel. Nous entrevoyons quelques facettes d'Ellis, notamment des tensions familiales et des traumatismes non résolus, mais tout cela reste en surface. La série aurait gagné à approfondir ces éléments pour nous donner une raison plus tangible de nous attacher à cette protagoniste.
L’interaction d’Ellis avec son adjoint, le DS Chet Harper (incarné par Andrew Gower), est l’un des rares points lumineux de ce premier épisode. Leur dynamique évolue de manière prévisible mais agréable, offrant un semblant de fraîcheur dans cette ambiance par ailleurs terne. Néanmoins, même cette relation suit un chemin narratif trop balisé, sans véritable surprise. Dans une série policière, la crédibilité des détails est primordiale. Pourtant, Ellis tombe dans le piège des inexactitudes. Par exemple, le personnage principal commet l'erreur de désigner un poste avec un titre incorrect, ce qui laisse transparaître un manque de rigueur dans la production. Dans une époque où le public est de plus en plus avisé et exigeant, ce genre d’erreurs ne passe pas inaperçu. Autre détail gênant : les stéréotypes semblent omniprésents, comme le fait qu’Ellis refuse de serrer la main de ses collègues, ce qui aurait pu être un détail intéressant si cela avait été bien expliqué, mais qui paraît ici simplement artificiel.
L’un des rares points positifs de Ellis réside dans le choix des décors, qui apportent une certaine ambiance à l’ensemble. La photographie met en valeur des paysages gris et mornes, en parfaite adéquation avec le ton sombre de l’histoire. Malheureusement, ce travail visuel ne suffit pas à combler le manque de substance du récit. Une belle photographie peut certes servir d'atout, mais elle ne peut pas masquer un scénario bancal et des personnages creux. En fin de compte, Ellis se révèle être une tentative ratée de renouveler le genre du drame policier. La série reprend des codes vus et revus, sans apporter de réelle innovation. Elle n’apporte rien de nouveau, ne se démarque ni par son intrigue, ni par la profondeur de ses personnages. Il est difficile de dire à quel public ce show est destiné : les amateurs de drames policiers chercheront plus d'originalité, tandis que ceux en quête de représentation et de thèmes sociaux profonds risquent de trouver l'exécution trop maladroite.
Pour une chaîne comme Channel 5, qui a l’habitude de produire des séries dramatiques médiocres (voire mauvaises), Ellis est une nouvelle déception. Sur le papier, l'idée d’une femme, forte et déterminée, qui affronte ses démons personnels tout en naviguant dans un environnement hostile semblait prometteuse. Mais, faute de profondeur et d’authenticité, cette série n’atteint jamais le niveau d’engagement et de réflexion qu'elle espérait. Si l’on considère qu’Ellis est une mini-série en trois parties, il reste encore deux épisodes pour redresser la barre. Peut-être que la série trouvera son rythme et explorera plus en profondeur ses personnages dans les épisodes suivants. Cependant, ce premier épisode laisse une impression amère, celle d'une série qui aurait pu être bien plus mais qui échoue à captiver ou à susciter une réflexion.
Le potentiel est là, mais il est gâché par une approche trop clichée et une écriture maladroite. Pour le moment, Ellis est un exemple de plus de ces séries policières qui semblent tout droit sorties des années 90, sans innovation ni caractère. Ce n’est pas un coup de maître pour Sharon D. Clarke, dont le talent mériterait un meilleur écrin, et il est difficile de recommander ce drame policier sans une note de réserve.
Note : 3/10. En bref, Ellis est un exemple de plus de ces séries policières qui semblent tout droit sorties des années 90, sans innovation ni caractèr
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