Landman (Saison 1, épisodes 1 et 2) : plongée intense au coeur de l’industrie pétrolière

Landman (Saison 1, épisodes 1 et 2) : plongée intense au coeur de l’industrie pétrolière

Dans un paysage télévisuel saturé de productions en tous genres, Landman s’impose comme une série singulière, à la fois intrigante et imparfaite, mais indéniablement captivante. Avec Billy Bob Thornton en tête d’affiche, Taylor Sheridan, le Ryan Murphy de Paramount+, nous entraîne dans un univers peu exploré : celui de l’industrie pétrolière texane. Les deux premiers épisodes donnent un aperçu prometteur d’un récit qui mêle drame, humour et critique sociale, tout en affichant les forces et les faiblesses typiques de l’écriture de Sheridan. Billy Bob Thornton incarne Tommy Norris, un fixer dans l’univers impitoyable du pétrole. Dès ses premières apparitions, il capte l’attention avec un charisme magnétique. Thornton excelle dans ce rôle : un homme à la fois cynique et lucide, dont les tirades colorées sur le monde qui l’entoure oscillent entre le comique et l’inconfortable. 

 

Située dans les villes en plein essor de l'ouest du Texas, Landman est une histoire moderne de recherche de fortune dans le monde des plateformes pétrolières.

Sa voix grave, mêlée à un accent texan nonchalant, donne vie à un personnage profondément humain, certes agaçant mais irrésistiblement captivant. Tommy est un personnage complexe, à l’image des protagonistes récurrents de Sheridan. Comme les héros de Yellowstone ou Tulsa King, il navigue dans un monde qu’il perçoit comme voué à la destruction, mais il s’accroche obstinément à son petit royaume. Contrairement à d’autres personnages du même univers, Tommy se distingue par un sens de l’humour acerbe qui le rend étrangement attachant. La série démarre sur les chapeaux de roue avec une scène intense : Tommy, attaché dans un repaire de cartel, négocie des termes de location de terrain avec une assurance déconcertante. Ce début audacieux donne immédiatement le ton : l’univers de Landman sera brut, imprévisible, et profondément ancré dans les réalités du terrain.

 

Cependant, cette ouverture sensationnelle contraste avec le rythme plus posé du reste des épisodes. Si cette dissonance peut dérouter, elle reflète bien la dualité de la série : une oscillation entre des moments explosifs et une exploration plus lente de ses personnages et de son cadre. Landman brille particulièrement par son décor. Située dans le Bassin permien, une région au cœur de l’industrie pétrolière américaine, la série parvient à capturer l’essence de ce monde rude et exigeant. Les travailleurs vivent au rythme des cycles économiques, prêts à tout sacrifier pour un métier qui offre peu de garanties. Les détails minutieux — des baraques louées en colocation aux cafés tenus par des serveuses en bikini pour les ouvriers du petit matin — renforcent cette immersion. La série excelle également dans sa critique implicite de l’industrie pétrolière. Sans jamais sombrer dans un discours moralisateur, elle met en lumière les impacts humains et environnementaux d’un secteur vital mais controversé.

C’est un monde où les catastrophes sont quotidiennes, où chaque décision peut coûter une vie, et où même les vétérans comme Tommy considèrent ce lieu comme tout sauf un foyer. Si les dialogues de Tommy brillent par leur mordant, les personnages féminins de Landman peinent à s’imposer avec la même profondeur. Angela, l’ex-femme de Tommy, et Ainsley, leur fille adolescente, sont présentées comme des archétypes familiers : une femme fatale exubérante et une jeune fille superficielle en quête de reconnaissance. Ces personnages, bien que joués avec talent, semblent servir davantage à pimenter les intrigues masculines qu’à enrichir le récit. En revanche, Rebecca Savage, une avocate déterminée, apporte un contraste bienvenu. Sa rivalité verbale avec Tommy est l’un des points forts des premiers épisodes, bien qu’elle reste parfois reléguée à des échanges un peu trop didactiques.

 

Un des reproches que je pourrais adresser à Landman concerne son manque de cohérence narrative. Les intrigues parallèles, bien que potentiellement riches, peinent à converger. Monty Miller (Jon Hamm), patron de Tommy, est présenté comme un personnage central, mais ses interactions se limitent à de brèves conversations téléphoniques. Ce choix scénaristique crée une impression de fragmentation, où chaque protagoniste semble évoluer dans un récit distinct. De plus, certaines scènes — comme les dialogues maladroits sur la sexualisation de personnages mineurs — viennent ternir l’ensemble. Ces moments, non seulement inutiles, nuisent à la crédibilité de la série et alourdissent un récit qui aurait pu s’en passer. L’un des points les plus appréciables de Landman réside dans sa réalisation. Les couleurs naturelles et les paysages texans offrent un contraste rafraîchissant avec les palettes souvent artificielles de nombreuses productions contemporaines. 

Cependant, la mise en scène reste globalement classique, voire prévisible. Les explosions et les scènes de violence, bien qu’impressionnantes, semblent parfois forcées, comme si elles avaient été ajoutées pour compenser un manque de substance narrative. Les deux premiers épisodes de Landman montrent un fort potentiel, porté par un Billy Bob Thornton en grande forme et une exploration fascinante d’un univers rarement dépeint à l’écran. Cependant, la série devra corriger certaines faiblesses pour vraiment s’imposer. Une meilleure intégration des intrigues secondaires, un traitement plus nuancé des personnages féminins, et un rythme mieux équilibré permettraient de maximiser l’impact de ce récit. Pour l’instant, Landman reste une série prometteuse mais inégale. Elle offre des moments brillants, souvent grâce à Thornton, mais peine à maintenir cet éclat sur la durée. 

 

Les fans de Taylor Sheridan y trouveront probablement leur compte, mais il reste à voir si la série saura évoluer pour convaincre un public plus large. En conclusion, Landman est une exploration intrigante d’un milieu unique, avec des performances solides et une ambiance immersive. Elle mérite une chance, ne serait-ce que pour découvrir une facette méconnue de l’Amérique profonde. Si la série parvient à ajuster son tir, elle pourrait bien s’imposer comme une œuvre incontournable dans le paysage télévisuel actuel.

 

Note : 6/10. En bref, une introduction sympathique qui mérite d’approfondir son récit.

Disponible sur Paramount+

 

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