Territory (Saison 1, 6 épisodes) : Yellowstone à la sauce Outback australien

Territory (Saison 1, 6 épisodes) : Yellowstone à la sauce Outback australien

La première saison de Territory m’a offert une expérience télévisuelle que je qualifierais d’unique, mêlant paysages époustouflants, drames familiaux intenses et une ambiance western parfaitement maîtrisée. En six épisodes, la série explore des thématiques aussi vastes que les étendues désertiques qu’elle met en scène, tout en nous plongeant dans un monde où les tensions familiales et économiques se heurtent à la rudesse de la nature. Voici mon avis détaillé sur cette saison inaugurale, qui m’a captivé malgré quelques faiblesses. Dès les premières minutes, l’élément qui frappe le plus est la beauté des paysages. Le nord de l’Australie, avec ses plaines arides et ses cieux infinis, est filmé de manière magistrale. Chaque plan semble conçu pour magnifier cette terre rude et inhospitalière, mais d’une majesté incomparable.

 

Situé dans l'Outback australien, des mineurs, des propriétaires terriens, des cow-boys et des gangsters se disputent la plus grande station d'élevage du monde.

Ces décors ne sont pas de simples arrière-plans ; ils participent pleinement à l’intrigue, reflétant les défis auxquels les personnages font face. La lumière particulière de l’Outback, tantôt cruelle, tantôt sublime, intensifie chaque moment, qu’il soit dramatique ou contemplatif. À mes yeux, l’ambiance visuelle et sonore joue un rôle crucial. Les musiques accompagnant ces scènes prolongent cette atmosphère d'isolement et de grandeur, rappelant parfois les classiques du western, mais avec une touche australienne bien distincte. L’utilisation des sons – le cri des oiseaux, le vent sur la terre sèche – ajoute une couche de réalisme et d’immersion rarement atteinte. Anna Torv, que j’ai adorée dans Fringe, prouve une fois de plus son talent dans Territory. Son personnage, Emily, est une femme complexe, à la fois forte et vulnérable, naviguant dans un univers familial où alliances et trahisons se croisent. 

 

Son jeu subtil, mêlant résilience et douleur contenue, m’a profondément touché. De son côté, Michael Dorman campe un Graham convaincant : un homme brisé par l’alcool mais toujours animé par une certaine noblesse. Ces deux personnages sont parmi les plus mémorables de la série, bien que j’aie trouvé que d’autres membres du casting, pourtant prometteurs, manquaient parfois d’espace pour réellement briller. Robert Taylor, dans le rôle du patriarche Colin, est fascinant. Ce personnage ambigu – à mi-chemin entre le tyran familial et le gardien des traditions – m’a rappelé les grandes figures des sagas familiales comme Succession. Il incarne avec brio ce mélange d’autorité implacable et de vulnérabilité humaine. Malgré des moments où ses décisions sont discutables, il reste profondément humain, ce qui rend ses motivations crédibles et engageantes.

Cependant, la série introduit un nombre conséquent de personnages secondaires, et j’ai parfois eu l’impression que certains arcs narratifs étaient survolés. À titre d’exemple, les enfants de Graham et Emily auraient mérité une exploration plus approfondie, tant leurs dynamiques recèlent un potentiel dramatique inexploité. L’histoire centrale de Territory repose sur un dilemme classique : sauver une immense propriété familiale, symbole d’héritage et de fierté, face à des forces extérieures et des conflits internes. Si le thème n’est pas totalement nouveau – on peut penser à des séries comme YellowstoneTerritory parvient à se démarquer grâce à son contexte unique et son écriture terre-à-terre. Les tensions familiales sont le cœur de la série. Entre Colin, le père autoritaire, et Graham, le fils en quête de rédemption, chaque interaction est empreinte d’une intensité palpable. 

 

Les luttes internes sont habilement mêlées aux menaces extérieures : vols de bétail, pressions des banques et revendications autochtones sur les terres. La série réussit à aborder ces problématiques sans jamais sombrer dans le moralisme, tout en donnant une résonance universelle aux enjeux locaux. Cela dit, le scénario n’est pas exempt de défauts. Par moments, certaines situations semblent téléphonées ou exagérées. Je pense notamment à l’attaque par les dingos, aussi spectaculaire qu’improbable, ou à certains retournements de situation un peu trop commodes. Malgré cela, ces excès ne m’ont pas empêché d’apprécier l’ensemble, car ils servent une narration rythmée qui ne connaît pas de temps mort. Ce qui m’a particulièrement séduit dans Territory, c’est son ambiance western moderne. On retrouve tous les codes du genre : les grands espaces, les rivalités familiales, et ce sentiment constant de danger imminent. 

Mais ici, le western prend une dimension différente, plus brute, grâce à la dureté de l’Outback et à la réalité contemporaine des éleveurs australiens. La série parvient à évoquer subtilement des thèmes sociétaux importants, comme la place des aborigènes et la spoliation de leurs terres, même si cet aspect aurait pu être davantage approfondi. Ces éléments enrichissent le récit et ancrent l’histoire dans une réalité tangible, tout en lui donnant une portée symbolique. Les derniers épisodes, en particulier le cinquième et le sixième, montent en intensité. La conclusion de la saison, bien qu’ouverte, m’a laissée partagée. D’un côté, elle suscite l’envie de découvrir ce que la suite pourrait réserver ; de l’autre, j’ai eu l’impression que certains arcs narratifs avaient atteint leur apogée, rendant une éventuelle saison 2 incertaine en termes d’intérêt. 

 

J’espère que si une suite voit le jour, elle prendra le temps d’affiner son écriture et de donner plus de profondeur aux personnages secondaires. En résumé, Territory est une série qui, sans révolutionner le genre, m’a offert un voyage captivant dans un univers à la fois dépaysant et familier. Les paysages sublimes, les performances solides d’Anna Torv et de Michael Dorman, ainsi que l’ambiance western australienne en font une œuvre à part. Certes, le scénario pêche parfois par sa simplicité ou ses excès, mais cela n’enlève rien au plaisir que j’ai pris à suivre ces six épisodes. Je recommanderais Territory à quiconque aime les sagas familiales intenses, les grands espaces ou les drames bien rythmés. C’est une série qui, malgré ses imperfections, a du souffle et mérite qu’on lui donne une chance. 

Espérons que si une saison 2 voit le jour, elle saura sublimer les qualités déjà présentes et corriger ses quelques défauts. Pour ma part, j’ai hâte de voir ce que l’avenir réserve à cette famille d’éleveurs en lutte pour leur survie – et à cet Outback impitoyable qui ne cesse de fasciner.

 

Note : 7/10. En bref, une belle surprise venue de l’Outback australien. 

Disponible sur Netflix

 

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