Critique Ciné : Street Trash (2024)

Critique Ciné : Street Trash (2024)

Street Trash (2024) // De Ryan Kruger. Avec Sean Cameron Michael, Donna Cormack Thomson et Joe Vaz.

 

Lorsqu’un film culte des années 80 comme Street Trash est revisité, les attentes sont forcément élevées. Ce long-métrage de 1987, bien qu’imparfait, a su séduire les amateurs de comédies horrifiques par son humour noir, son esthétique crade et ses effets spéciaux gores, aujourd’hui désuets mais emblématiques de l’époque. La question qui se pose alors est : le reboot réalisé par Ryan Kruger est-il à la hauteur de son prédécesseur ? La réponse est loin d’être simple. Ce reboot de Street Trash se distingue par son cadre : une dystopie située dans un futur imaginaire en Afrique du Sud, précisément au Cap. Dans cette version, la société est gangrenée par des problèmes contemporains comme le chômage massif, une criminalité galopante et des inégalités économiques flagrantes. 

 

Des sans-abri découvrent un complot visant à exterminer tous les sans-abri de la ville.

 

Ces thématiques sont mises en scène de façon brutale et symbolique, notamment à travers une politique macabre où les sans-abri sont éliminés via un procédé de "fonte" littérale. Si l’idée peut intriguer, son exécution laisse un goût amer. Certes, le film s’efforce de rendre hommage à l’original. Les effets spéciaux sont intégralement pratiques, offrant ce charme rétro et une esthétique viscérale que les fans d’horreur apprécieront. Les scènes de "fonte humaine" sont particulièrement impressionnantes, avec des moments qui atteignent un sommet de dégoût digne des films les plus gores. Cependant, cette réussite technique ne suffit pas à masquer les failles narratives et tonales de l’œuvre. L’un des aspects les plus appréciés de Street Trash était son humour noir, grinçant mais efficace. Dans cette nouvelle version, l’humour est omniprésent, mais souvent maladroit. 

 

Les tentatives de comédie vulgaire tombent à plat et peinent à s’intégrer à l’ambiance sombre et dystopique du film. Cela crée un décalage constant, comme si le film hésitait entre satire sérieuse et farce grotesque. Malheureusement, cette indécision nuit à l’ensemble, rendant le récit confus et inégal. Le film suit une bande hétéroclite de sans-abri qui luttent pour survivre face à une société oppressive. Bien que l’alchimie entre les membres de ce groupe fonctionne globalement, leurs personnalités manquent de profondeur. Les méchants, quant à eux, sont caricaturaux et prévisibles, ce qui réduit considérablement leur impact. Contrairement à l’original, où chaque personnage semblait ancré dans son environnement sale et chaotique, ceux de ce reboot apparaissent plus superficiels. Là où ce nouveau Street Trash tente de se démarquer, c’est dans son message politique. 

 

La métaphore sur le traitement des sans-abri par les gouvernements et la société moderne est claire et assumée. Cependant, ce message est martelé avec une telle lourdeur qu’il perd en subtilité. En se concentrant uniquement sur cette critique, le film néglige d’explorer d’autres dimensions de ses personnages ou de son univers, ce qui donne une impression de vide. Un choix plus audacieux aurait peut-être été de situer l’action dans un véritable bidonville des années 80, en pleine ère de l’apartheid. Un tel contexte aurait renforcé l’impact émotionnel et politique du film, ancrant son récit dans une réalité historique troublante et offrant une résonance plus profonde. Malheureusement, le cadre dystopique choisi, bien qu’esthétiquement intéressant, semble trop détaché de la réalité pour véritablement toucher.

 

Malgré ses défauts, ce Street Trash version 2024 trouvera probablement son public. Les amateurs de body horror et de films "trash" apprécieront les scènes grotesques et les effets visuels réussis. Les autres risquent toutefois de rester sur leur faim, en quête d’une cohérence narrative et d’un ton plus affirmé. En tant que fan de l’original, je ne peux m’empêcher d’être déçu par ce reboot. Bien que certains aspects comme les effets spéciaux ou l’ambiance dystopique soient appréciables, l’ensemble ne parvient pas à capturer l’essence du film de 1987. Là où l’original brillait par son humour noir et son énergie brute, cette nouvelle version semble se perdre dans ses ambitions contradictoires. Pour les amateurs de gore, ce film vaut probablement un visionnage, ne serait-ce que pour ses scènes marquantes. Cependant, il ne s’agit pas d’un film que je reverrais. 

 

Note : 3/10. En bref, dommage que ce nouveau Street Trash ne parvienne pas à renouer avec l’originalité et la folie du film original. Loin d’être inoubliable, il reste une tentative intéressante mais inaboutie de revisiter un classique du cinéma de genre.

Prochainement en France

 

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