28 Décembre 2024
Les thrillers ont cette capacité fascinante de captiver l’imaginaire, surtout lorsqu’ils plongent dans des thèmes sombres et intrigants. Avec la mini-série 1992, disponible sur Netflix, Álex de la Iglesia et Jorge Guerricaechevarría tentent de capturer cet attrait en proposant une histoire de meurtres en série teintée de symbolisme culturel espagnol. Pourtant, malgré quelques éclairs de génie, le récit peine à maintenir une cohérence et une intensité suffisantes pour réellement marquer les esprits. La série repose sur un concept séduisant : un tueur en série lié à l'Exposition Universelle de Séville en 1992. Chaque meurtre est accompagné d’une signature particulière : une figurine de Curro, le fameux oiseau mascotte multicolore de l'événement.
1992, Exposition universelle de Séville, des meurtres mystérieux ayant un point commun : une poupée de Curro, la mascotte emblématique, apparaît toujours à côté des victimes brûlées.
Cette idée, en apparence originale, sert de point de départ à une enquête menée par Amparo, une femme endeuillée, et Richi, un policier brisé par son passé. Cependant, dès les premiers épisodes, l’intrigue semble s’éloigner de son fil conducteur. Les motivations des protagonistes apparaissent floues, presque désinvoltes. Amparo, censée être poussée par la mort suspecte de son mari, ne manifeste qu’un intérêt tiède pour la vérité. Quant à Richi, son implication semble davantage liée à l’ennui qu’à une réelle quête de justice. Ce manque de profondeur dans les personnages principaux affaiblit considérablement l’attachement du spectateur à leur quête. Dès les premières minutes, 1992 cherche à établir une atmosphère oppressante.
Les scènes de crime sont montrées avec un réalisme glaçant : des corps calcinés figés dans des postures de douleur extrême. Cette crudité pourrait servir à renforcer l’urgence de l’enquête, mais elle finit par basculer dans une gratuité parfois dérangeante. Le problème n’est pas tant la violence elle-même, mais plutôt son manque d’utilité narrative. Les scènes macabres semblent insérées pour choquer plutôt que pour enrichir l’histoire. Cela crée un déséquilibre où la tension est trop souvent artificielle, empêchant une immersion complète. Richi et Amparo, malgré leurs passés torturés, peinent à incarner des héros dignes d’intérêt. Le premier est un policier désabusé, hanté par la perte de sa femme et de sa fille. La seconde, bien que touchée par le drame, manque de relief dans ses réactions.
Tous deux avancent dans l’enquête comme des amateurs, trébuchant d’une piste à une autre sans réelle conviction. Cette superficialité dans la caractérisation des personnages principaux contraste fortement avec le traitement réservé au tueur en série. Il faut attendre la seconde moitié de la série pour commencer à comprendre ses motivations et son passé, mais le développement arrive trop tard pour compenser l’ennui des premiers épisodes. Si son histoire tragique et sa transformation sont fascinantes, leur mise en lumière tardive prive le spectateur d’un véritable ancrage émotionnel tout au long de l’intrigue. La mise en scène de 1992 souffre d’une exécution souvent maladroite. Les réalisateurs optent pour une surabondance de coupes dans les dialogues, fragmentant inutilement les scènes.
Cette approche, censée dynamiser le récit, finit par avoir l’effet inverse : elle distrait et agace. Les moments qui devraient permettre de mieux cerner les personnages ou de faire monter la tension se retrouvent noyés dans une frénésie visuelle inutile. De plus, certains choix narratifs suscitent l'incompréhension. Par exemple, une scène où les protagonistes voyagent en Floride est marquée par des dialogues absurdes et une tempête métaphorique mal exploitée. Ces éléments, au lieu de renforcer l’immersion, accentuent le sentiment d’errance scénaristique. L’une des principales frustrations de 1992 réside dans son incapacité à capitaliser sur ses meilleures idées.
Les derniers épisodes dévoilent enfin une intrigue captivante autour du tueur, son passé et les raisons de ses actes. Ces révélations apportent une profondeur bienvenue, mais elles arrivent bien trop tard pour sauver l’ensemble de la série. Il est regrettable que la construction narrative ait préféré s’attarder sur des digressions inutiles au lieu de plonger dès le début dans les zones d’ombre du tueur. Raconter l’histoire du point de vue de ce dernier aurait pu offrir une perspective originale et renforcer l’impact émotionnel. Avec 1992, les créateurs semblaient vouloir raconter une histoire sombre et complexe, mêlant éléments culturels et thriller psychologique. Pourtant, malgré un concept intrigant et quelques moments réussis, la série s’épuise dans une structure bancale et des personnages mal exploités.
Ce n’est que dans ses derniers instants que 1992 montre tout son potentiel, mais le spectateur doit d’abord traverser des épisodes où frustration et lassitude dominent. En définitive, cette mini-série aurait sans doute mieux fonctionné sous la forme d’un long-métrage, resserrant ainsi son intrigue et concentrant ses meilleures idées en un format plus percutant. Si vous êtes amateur de thrillers, 1992 mérite un coup d’œil, mais ne vous attendez pas à une révolution du genre. C’est une œuvre qui, bien qu’intéressante par moments, illustre avant tout l’importance d’une narration maîtrisée et d’un équilibre entre profondeur des personnages et tension dramatique.
Note : 4/10. En bref, un thriller entre potentiel gâché et promesses tardives.
Disponible sur Netflix
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