Critique Ciné : Mother, Couch (2025)

Critique Ciné : Mother, Couch (2025)

Mother, Couch // De Nicolas Larsson. Avec Taylor Russell, Ewan McGregor et Erin Fritch.

 

Le cinéma d’auteur a cette particularité fascinante de diviser son audience. Il peut émerveiller certains, tout en laissant d’autres dans une perplexité profonde. Mother, Couch, premier long métrage de Niclas Larsson, se présente comme une œuvre allégorique et surréaliste, mais échoue à transformer ses ambitions en une expérience cinématographique satisfaisante. Ce film illustre les écueils d’une narration prétentieuse, où les symboles prennent le pas sur le sens, au point de rendre l’ensemble incohérent et frustrant. Le point de départ de Mother, Couch pourrait intriguer n’importe quel spectateur amateur d’histoires atypiques. Trois enfants adultes découvrent leur mère assise sur un canapé dans un magasin de meubles délabré, refusant obstinément de partir. 

 

Une mère refuse de quitter le canapé d'un magasin de meubles.

 

À mesure qu’ils tentent de la convaincre de quitter cet endroit étrange, des blessures familiales, anciennes et nouvelles, sont mises à nu. Avec une telle base, il était légitime d’espérer un développement dramatique poignant ou une révélation cathartique. Mais le film ne mène nulle part. Le problème principal réside dans le traitement de cette prémisse. Plutôt que de proposer une réflexion claire sur des thèmes universels comme le deuil, la famille ou l’aliénation, le film s’enlise dans un mélange confus de scènes symboliques et de dialogues obscurs. Dès le début, le spectateur est plongé dans une atmosphère mystérieuse qui ne débouche sur rien. Le climax tant attendu n’existe tout simplement pas, et la fin laisse un goût amer de vide narratif. L’un des aspects les plus frustrants de Mother, Couch est l’incroyable gâchis de son casting de haut niveau. 

 

Avec des noms comme Ewan McGregor, Ellen Burstyn, Taylor Russell, F. Murray Abraham, et Rhys Ifans, ce film aurait pu briller grâce à des performances mémorables. Ellen Burstyn, dans le rôle de la mère obstinée, aurait pu incarner une figure symbolique forte et émotive, mais son personnage reste sous-développé. Ewan McGregor, connu pour sa capacité à transmettre des émotions complexes, semble ici errer sans direction. Seule Taylor Russell parvient à apporter une certaine intensité à son rôle, mais ses efforts se heurtent à la faiblesse du scénario et de la mise en scène. Niclas Larsson, en adaptant le roman de Jerker Virdborg, semble s’être perdu dans sa propre vision artistique. Mother, Couch est rempli de symboles et de métaphores qui donnent l’impression d’une profondeur intellectuelle, mais qui ne sont jamais développés de manière satisfaisante. 

 

Le film veut manifestement aborder des thèmes comme le deuil, le poids des relations familiales ou l’incapacité à lâcher prise. Cependant, ces idées sont traitées de manière si vague et décousue qu’elles deviennent presque incompréhensibles. Le style visuel du film reflète ce manque de cohérence. Les décors austères et la photographie terne semblent vouloir renforcer une atmosphère oppressante, mais finissent par rendre le tout visuellement monotone. Cette esthétique, bien qu’intentionnelle, alourdit davantage une narration déjà laborieuse. Il est difficile de ne pas qualifier Mother, Couch de prétentieux. Le film s’adresse peut-être à un public qui apprécie les œuvres ouvertes à l’interprétation, mais il le fait sans véritable respect pour son audience. 

 

Il ne s’agit pas ici d’un mystère intrigant ou d’une œuvre complexe qui invite à la réflexion, mais d’un amas confus de scènes qui ne parviennent pas à transmettre un message clair. Certains pourraient défendre ce film en arguant qu’il nécessite une lecture entre les lignes ou une approche plus introspective. Mais même avec la meilleure volonté, il est presque impossible de discerner ce que Niclas Larsson cherchait à communiquer. Au final, le film ressemble davantage à une tentative ratée de se démarquer qu’à une véritable exploration artistique. Il est tentant de dire que Mother, Couch trouvera son public parmi les amateurs d’un certain type de cinéma d’auteur qui valorisent davantage l’idée de profondeur que la profondeur elle-même. Ce genre de spectateurs pourrait voir dans l’incohérence du film une forme d’art, y projetant leurs propres interprétations. Mais pour ceux qui apprécient une narration solide et un propos réfléchi, ce film sera une épreuve.

 

En fin de compte, Mother, Couch sert d’exemple des pièges du cinéma d’auteur : une ambition démesurée qui dépasse les compétences du réalisateur, une obsession pour l’esthétique au détriment de la narration, et un mépris apparent pour l’expérience du spectateur. Niclas Larsson, malgré cet échec, pourrait encore trouver sa voie en tant que cinéaste. Ce premier essai montre qu’il n’a pas peur de prendre des risques, mais il devra apprendre à équilibrer sa vision artistique avec des récits plus structurés et des personnages plus engageants. Mother, Couch est une déception majeure. Malgré un casting impressionnant et une idée de départ intrigante, le film échoue à offrir une expérience cinématographique cohérente ou significative. C’est une œuvre qui veut être profonde, mais qui ne fait qu’effleurer ses propres thématiques.

 

Pour ceux qui cherchent un film qui interroge et provoque, mieux vaut regarder ailleurs. Mother, Couch est un rappel que le cinéma d’auteur, lorsqu’il manque de direction et de substance, peut rapidement sombrer dans l’insignifiance. Une occasion manquée, et une frustration pour quiconque espérait un récit poignant ou marquant.

 

Note : 3/10. En bref, une tentative cinématographique ambitieuse, mais lamentablement ratée. 

Prochainement en France

 

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