Before (Saison 1, 10 épisodes) : une série prometteuse qui s’égare dans ses méandres

Before (Saison 1, 10 épisodes) : une série prometteuse qui s’égare dans ses méandres

La série Before, diffusée sur Apple TV+, démarrait avec une promesse alléchante : un thriller psychologique porté par l’acteur légendaire Billy Crystal. Cependant, au fil des épisodes, cette promesse s’effrite, laissant place à une œuvre où l’atmosphère prend le pas sur le contenu, au détriment d’un spectateur en quête de profondeur et de cohérence narrative. Dès les premiers épisodes, Before s’efforce de plonger dans une ambiance pesante et sombre. Le deuil, la perte et la fragilité psychologique s’imposent comme des thématiques centrales. Eli Adler, incarné par Billy Crystal, est un psychiatre d’enfants en proie à ses propres démons suite au décès de son épouse Lynn. L’atmosphère visuelle et sonore joue un rôle majeur pour immerger le spectateur dans cet univers mélancolique et perturbant.

 

Pourtant, cette insistance sur l’ambiance finit par étouffer le récit. Les dix épisodes, bien qu’assez courts, s’égrènent dans une succession de scènes qui se répètent, manquant cruellement de progression. L’intrigue, qui semblait initialement riche en promesses, stagne, laissant une impression de remplissage. À force de vouloir instaurer un climat atmosphérique, Before en oublie de maintenir une tension narrative. La répétition est l’un des principaux écueils de cette série. Les épisodes s’enchaînent avec des schémas narratifs quasi identiques : visions troublantes, interactions confuses entre Eli et son jeune patient Noah, et flashbacks douloureux qui n’apportent guère d’éclaircissements. Cette répétitivité affaiblit l’impact des scènes censées marquer, rendant les personnages et leurs expériences presque prévisibles.

 

Noah, incarné par Jacobi Jupe, est un enfant mystérieux, sujet à des hallucinations inquiétantes et des comportements déroutants. Cependant, ses apparitions, bien que prometteuses au départ, deviennent vite monotones. Les mêmes tremblements de peur, les mêmes visions inexpliquées, et les mêmes dialogues fragmentés rendent difficile l’attachement à son personnage. Le choix de Billy Crystal dans le rôle d’Eli Adler pouvait susciter de grandes attentes. L’acteur, connu pour sa capacité à mêler sarcasme et tendresse, semble pourtant bridé dans ce rôle. Ses rares moments de cynisme, qui apportent un souffle d’humanité et d’humour, sont trop sporadiques pour donner une véritable profondeur à son personnage. L’alchimie entre Eli et Noah, élément central de la série, manque de nuances, rendant leurs échanges souvent mécaniques.

 

Les autres membres du casting, tels que Rosie Perez dans le rôle de Denise, la mère d’accueil de Noah, et Judith Light, qui incarne l’épouse défunte d’Eli, peinent également à se démarquer. Leurs personnages sont réduits à des fonctions narratives, sans véritable développement. Cette superficialité nuit à l’engagement émotionnel du spectateur. L’intrigue principale de Before repose sur le lien entre le traumatisme personnel d’Eli et les visions inexpliquées de Noah. Cependant, la série ne parvient jamais à harmoniser ces deux aspects. Les pistes narratives sont introduites de manière aléatoire et souvent abandonnées sans explication. Par exemple, l’idée que Noah parle soudainement en néerlandais du XVIIe siècle est fascinante mais exploitée de manière désinvolte. Ce manque de rigueur dans le développement des idées renforce l’impression d’un récit décousu.

 

De plus, le final de la série, censé apporter des réponses aux nombreuses questions soulevées, se révèle décevant. Plutôt que de conclure sur une note satisfaisante, Before s’enlise dans une résolution confuse, ouvrant maladroitement la porte à une éventuelle saison 2. Sur le plan visuel, Before affiche des ambitions évidentes. La direction artistique, avec ses teintes froides et ses éclairages tamisés, contribue à instaurer une ambiance oppressante. Les scènes oniriques, bien que redondantes, possèdent une certaine poésie macabre. Cependant, l’esthétique ne peut compenser les failles narratives. Les effets spéciaux, notamment les visions de Noah, oscillent entre le convaincant et le risible. Les tentacules apparaissant dans ses hallucinations, par exemple, manquent de crédibilité et deviennent rapidement un élément récurrent plus frustrant qu’effrayant.

 

Before avait tout pour captiver : un acteur principal de renom, une intrigue promettant de mêler drame humain et mystère surnaturel, et une plateforme capable de lui offrir une visibilité mondiale. Malheureusement, la série échoue à concrétiser ses ambitions. En privilégiant l’atmosphère au détriment de la substance, elle perd son public en cours de route. En fin de compte, Before est une œuvre qui illustre les dangers d’une narration trop centrée sur l’esthétique et l’ambiance. Si l’idée de départ est intrigante, son exécution laisse à désirer, rendant difficile de recommander cette série, même aux fans de Billy Crystal. Pour ceux qui hésiteraient à se lancer dans cette aventure, il serait sans doute plus sage de passer son chemin.

 

Note : 3/10. En bref, une série vaine qui réussit surtout le pari d’ennuyer plus que de passionner. 

Disponible sur Apple TV+

 

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