1 Novembre 2024
Dans un monde où les séries se bousculent pour attirer l’attention des spectateurs, Before — la nouvelle création de Sarah Thorp à qui l’on doit notamment le très mauvais remake Jacob’s Ladder en 2019 et un épisode de la très mauvaise série Damien adaptée de la franchise La Malédiction — semble avoir manqué sa cible. Dès les premiers épisodes, il devient clair que la série souhaite nous entraîner dans une atmosphère sombre et mystérieuse. Cependant, au lieu de capter notre intérêt, elle se perd dans un dédale de scènes angoissantes et de personnages sous-exploités. Ce qui aurait pu être une intrigue passionnante, explorant la douleur et la culpabilité de ses protagonistes, devient rapidement une expérience laborieuse, sans réelle cohérence narrative ni profondeur émotionnelle. Before met en scène Eli, un psychologue pour enfants hanté par le suicide récent de sa femme, joué par Billy Crystal.
Eli, un pédopsychiatre veuf depuis peu, fait la rencontre d’un jeune garçon perturbé, qui semble être lié à son passé. Alors qu’Eli essaie d’aider Noah, leur mystérieux lien se renforce.
Cette tragédie a laissé Eli brisé et vulnérable, une situation qui se complique lorsqu’il rencontre Noah, un jeune patient interprété par Jacobi Jupe. Noah semble posséder des informations inquiétantes sur le passé trouble d’Eli, insinuant des liens mystérieux entre eux. En apparence, l’histoire aurait pu nous plonger dans un thriller psychologique captivant. Malheureusement, ce potentiel est rapidement noyé dans des visions confuses, des séquences de rêves répétitives, et des images vaguement horrifiques, si bien que l’intrigue peine à trouver son élan. L’une des faiblesses majeures de la série réside dans le manque de profondeur de ses personnages. Eli, malgré le talent indéniable de Billy Crystal, semble souvent réduit à un rôle d’homme endeuillé et paranoïaque, sans autres nuances qui pourraient rendre son personnage attachant. Il est frustrant de voir un acteur de sa trempe confiné dans une dynamique unidimensionnelle, sans véritable exploration de la complexité de son deuil ou de sa culpabilité.
Quant à Noah, il est introduit de manière incohérente, avec des comportements et des attitudes qui, sans explication, paraissent exagérés et manquent de réalisme. Le lien entre Eli et Noah semble artificiel, et leurs interactions paraissent forcées et invraisemblables. Rosie Perez, qui interprète la mère adoptive de Noah, est également sous-utilisée, malgré quelques scènes convaincantes. Son personnage aurait pu apporter une dimension émotionnelle plus forte, mais il reste finalement anecdotique, servant davantage de support à l’intrigue sans véritable développement. La présence de Judith Light, dans le rôle du spectre de l’épouse défunte d’Eli, aurait pu être un élément perturbateur intéressant, mais ses apparitions frôlent le ridicule, réduites à des scènes de peur artificielles et superficielles. Si l’on peut reconnaître un certain effort artistique dans la mise en scène de Before, celui-ci semble finalement se retourner contre la série elle-même.
Les réalisateurs, Adam Bernstein et David Petrarca, tentent de créer une atmosphère oppressante avec des images symboliques telles que l’eau qui coule, des vers rampant, ou encore un brouillard persistant. Ces éléments pourraient enrichir l’univers visuel de la série, mais ils sont exploités de manière redondante et superficielle, au point d’ennuyer plutôt que de fasciner. Ces artifices visuels finissent par prendre le pas sur la narration et le développement des personnages, créant une impression de lourdeur et de répétition. L’idée semble être de construire un environnement anxiogène autour d’Eli et de Noah, illustrant leur isolement psychologique. Cependant, cette approche finit par devenir un exercice de style sans substance, qui détourne l’attention de l’intrigue principale au lieu de l’intensifier. Les décors, bien que réussis visuellement — comme l’appartement d’Eli ou la chambre d’hôpital de Noah — ne parviennent pas à compenser l’absence d’une véritable progression narrative.
Le rythme de la série constitue également un point de friction. Les épisodes s’étirent sans qu’il n’y ait de véritable avancée dans l’intrigue ou de révélations captivantes pour garder l’intérêt du spectateur. Les tentatives de suspense tombent à plat, en partie parce que les intrigues secondaires sont peu développées et que les personnages manquent de nuances. Ainsi, chaque épisode semble se répéter, avec une succession de visions, de dialogues obscurs et de scènes inquiétantes qui peinent à offrir des moments de réelle intensité dramatique. Les quelques twists narratifs qui surgissent ne parviennent pas à provoquer l’effet de surprise escompté. Le manque de contexte et de profondeur rend difficile l’adhésion du spectateur aux enjeux présentés. On peine à comprendre les motivations d’Eli, qui se montre d’emblée trop investi dans le cas de Noah sans véritable justification, et l’intrigue semble avancer sans logique apparente.
Même lorsqu’on découvre un semblant de lien entre eux, l’attachement d’Eli paraît toujours excessif et peu crédible. Before emprunte généreusement à d’autres œuvres emblématiques de l’horreur, telles que The Babadook, L'Exorciste, ou encore The Ring. Malheureusement, elle en retire davantage les aspects visuels que la profondeur psychologique ou le suspense maîtrisé. Les séquences de cauchemar et les apparitions fantomatiques, qui sont censées apporter une touche horrifique, manquent d’efficacité et rappellent des ressorts narratifs déjà vus et mieux exploités ailleurs. Plutôt que de proposer une vision unique ou un angle novateur, Before se contente de juxtaposer des éléments horrifiques prévisibles, donnant une impression de déjà-vu qui affaiblit son impact. On peut se demander pourquoi des acteurs et des réalisateurs chevronnés se sont investis dans une production qui, en fin de compte, ne semble pas exploiter leur potentiel.
À l’ère où les plateformes de streaming rivalisent d’audace pour proposer des contenus originaux et captivants, Before laisse une impression de décalage. La série semble ne jamais réellement décoller et risque fort de sombrer dans l’oubli, notamment face à la concurrence féroce d’autres productions mieux ficelées. En conclusion, les deux premiers épisodes de Before s’avèrent laborieux, voire frustrants. Les personnages, pourtant portés par des acteurs de talent, manquent de profondeur et de complexité, et les relations entre eux sont mal définies. L’intrigue, quant à elle, se perd dans un enchaînement de visions et de symboles visuels qui finissent par agacer plutôt que de créer une atmosphère envoûtante. Sarah Thorp et son équipe semblent avoir privilégié une esthétique angoissante au détriment d’une narration solide et de personnages attachants, ce qui laisse le spectateur sur sa faim.
Si les ambitions artistiques de Before sont palpables, elles n’aboutissent malheureusement qu’à un résultat insipide, dépourvu de suspense et de substance. La série, malgré son casting et ses décors soignés, échoue à établir une connexion émotionnelle avec le public. Peut-être que Before trouvera son rythme et sa profondeur dans les épisodes suivants, mais pour le moment, elle demeure une œuvre aux promesses non tenues, peinant à justifier son existence dans l’univers saturé des séries d’horreur psychologique.
Note : 3.5/10. En bref, une série qui fait des promesses qu’elle est pour le moment incapable de tenir.
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