24 Décembre 2024
Kraven the Hunter // De J.C Chandor. Avec Aaron Taylor-Johnson, Russell Crowe et Ariana DeBose.
Le film Kraven the Hunter s'inscrit dans l'univers étendu de Sony consacré aux personnages gravitant autour de Spider-Man. Dans un paysage où les attentes des fans oscillent entre enthousiasme prudent et scepticisme marqué, ce film parvient à offrir un spectacle atypique. Cependant, malgré quelques efforts louables pour se démarquer, il n’échappe pas aux écueils qui plombent la plupart des productions de cette franchise. Dès les premières scènes, Kraven the Hunter se distingue par une tonalité sombre et violente. Ce parti pris tranche nettement avec les précédents volets du Sony’s Spider-Man Universe (SSU), souvent critiqués pour leur humour maladroit ou leurs tentatives infructueuses d’alléger des récits qui auraient gagné à rester plus sérieux.
Kraven the Hunter raconte la genèse sanglante et explosive de l’un des super-vilains les plus iconiques de l’univers Marvel. Kraven, un homme dont la relation complexe avec son père, l’impitoyable Nikolai Kravinoff, l'entraine vers une vengeance aux conséquences brutales, l’appelant à devenir non seulement le plus grand chasseur du monde, mais aussi l'un des plus redoutés.
Contrairement à des films comme Venom, Kraven se débarrasse des blagues qui désamorcent l'intensité dramatique, ce qui lui confère un caractère brut et assumé. Pour autant, cette approche plus adulte et violente suffit-elle à faire de ce film une réussite ? Pas vraiment. Les problèmes structurels et narratifs qui ont marqué les précédentes productions du SSU demeurent omniprésents, rendant difficile de s’immerger pleinement dans cet univers. Le film consacre une partie importante à raconter les origines de Kraven, un choix judicieux sur le papier. Ce retour dans l’enfance du personnage permet d’explorer la dynamique familiale complexe qui le lie à son père et à son frère. Malheureusement, l’écriture des personnages manque cruellement de profondeur.
Les motivations, pourtant cruciales dans un récit de ce genre, restent superficielles, laissant peu de place à une véritable empathie pour le héros. Calypso, personnage secondaire clé dans les comics, souffre particulièrement de ce manque de développement. Reléguée à un rôle accessoire, elle n’a que peu d’impact sur l’intrigue globale, ce qui est regrettable compte tenu de son potentiel narratif. Quant à Rhino, autre figure emblématique des bandes dessinées, il est traité de manière bâclée, son introduction relevant plus de la caricature que d’un ajout significatif au récit. Côté casting, Aaron Taylor-Johnson endosse le rôle principal avec une énergie indéniable. Cependant, son interprétation bascule parfois dans l’excès, en particulier lors des scènes où il exprime la rage et l’agressivité de Kraven.
Si cet aspect peut refléter la nature bestiale du personnage, il finit par nuire à la crédibilité de certaines séquences. Les autres acteurs, bien que compétents, ne parviennent pas à transcender un script qui leur offre peu de matière pour briller. Les dialogues, souvent maladroits voire absurdes, affaiblissent encore davantage les relations entre les personnages et l’engagement émotionnel du spectateur. Sur le papier, l’histoire de Kraven the Hunter avait le potentiel d’être captivante. Les thématiques explorées — loyauté familiale, instinct de survie, dualité entre humanité et sauvagerie — sont riches en possibilités. Mais à l’écran, ces ambitions s’effacent derrière des facilités scénaristiques et des incohérences flagrantes. Certaines scènes, censées être des moments forts du film, tombent à plat en raison d’une exécution peu inspirée.
Les actions des personnages manquent de logique, et les transitions entre les séquences laissent souvent un goût d’inachevé. Ces failles rendent difficile d’adhérer pleinement au récit, même pour les spectateurs les plus indulgents. En termes de visuels, Kraven the Hunter oscille entre le bon et le franchement médiocre. Certaines scènes, comme la poursuite dans les rues de Londres, parviennent à capter l’attention grâce à une mise en scène dynamique et bien rythmée. Malheureusement, ces moments sont trop rares pour sauver l’ensemble. La confrontation finale entre Kraven et Rhino, censée être l’apogée du film, illustre parfaitement les lacunes techniques. Les effets spéciaux y sont mal intégrés, rendant la scène confuse et peu convaincante. Ce manque de cohérence visuelle, combiné à une réalisation parfois paresseuse, accentue l’impression d’un film produit à la hâte.
Il serait injuste de ne pas reconnaître les efforts faits pour améliorer certains aspects par rapport aux précédents opus du SSU. Kraven the Hunter propose une violence plus assumée et se débarrasse d’un humour souvent malvenu, deux points qui pourraient séduire une partie du public. Toutefois, ces améliorations restent insuffisantes pour masquer les nombreux défauts du film. En fin de compte, Kraven the Hunter représente une légère progression par rapport à ses prédécesseurs, mais cela ne constitue pas un exploit pour autant. Les fans des comics risquent d’être déçus par les libertés prises avec l’œuvre originale et par la transformation du personnage en héros malmené par un scénario bancal.
Kraven the Hunter avait toutes les cartes en main pour offrir un film marquant, capable de redorer le blason d’une franchise en difficulté. Malheureusement, une écriture faible, des personnages sous-exploités et une réalisation inégale empêchent ce potentiel de se concrétiser. Ce n’est pas le désastre total que l’on aurait pu redouter, mais ce n’est pas non plus une réussite. À mes yeux, Kraven the Hunter symbolise les limites du Sony’s Spider-Man Universe : une ambition évidente, mais une exécution qui laisse constamment à désirer. Pour ceux qui espéraient un renouveau dans cet univers, ce film risque de ne pas être à la hauteur des attentes.
Note : 4.5/10. En bref, il aura fallu attendre le dernier film du SSU pour que l’on ait quelque chose d’à peu près potable mais ce n’est toujours pas totalement ça non plus.
Sorti le 18 décembre 2024 au cinéma
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