17 Décembre 2024
Absolution // De Hans Petter Moland. Avec Liam Neeson, Ron Perlman et Frankie Shaw.
Depuis plusieurs années, Liam Neeson incarne un archétype bien précis au cinéma : celui du héros solitaire, vieillissant mais encore capable d'en découdre dans des thrillers d’action musclés. Avec Absolution, l’acteur semblait promettre autre chose : un drame introspectif sur la rédemption, teinté d'une noirceur crépusculaire. Malheureusement, cette tentative tombe à plat, livrant un film à la fois trop fade pour les amateurs d’action et trop superficiel pour ceux qui recherchaient une réflexion poignante. Réalisé par Hans Petter Moland, Absolution raconte l’histoire d’un ancien boxeur reconverti en homme de main pour un chef mafieux local. Ébranlé par des problèmes de santé, le personnage interprété par Liam Neeson est diagnostiqué avec une encéphalopathie traumatique chronique (CTE), conséquence directe des coups répétés encaissés au fil des ans.
Thug est un homme de main de la mafia sur le déclin qui met tout en jeu pour reconquérir sa famille dont il est séparé et pour tenter une dernière fois de se racheter en démantelant les opérations d’une organisation criminelle rivale.
Face à sa mémoire défaillante et à l’incertitude sur le temps qu’il lui reste, il décide de renouer avec sa fille, tentant d’alléger le poids d’une vie de violence. Sur le papier, cette intrigue avait tout pour offrir à Neeson un rôle complexe, loin des clichés habituels des films d’action. Le problème ? Absolution échoue à transformer cette idée en un récit engageant. Coincé entre un drame familial inachevé et des ambitions de thriller noir, le film peine à trouver son identité. L’un des principaux défauts de Absolution réside dans son scénario, qui manque cruellement de cohérence et de profondeur. Le film introduit plusieurs sous-intrigues — les relations professionnelles du personnage principal, ses tentatives maladroites de se racheter auprès de sa fille ou encore d’étranges rêves récurrents — sans jamais les exploiter pleinement. Tout semble survolé, comme si les scénaristes avaient eu peur de s’engager dans une seule direction.
Même les relations humaines, censées apporter de la gravité et de l’émotion au récit, restent fades. La dynamique entre Neeson et sa fille (interprétée par Frankie Shaw) aurait pu être le cœur battant du film, mais elle manque cruellement de nuances et de temps d’écran. Quant aux personnages secondaires, ils oscillent entre clichés et apparitions anecdotiques, sans jamais réussir à enrichir l’histoire. Le rythme est sans doute l’un des plus gros écueils de Absolution. Là où certains films prennent le temps d'installer une atmosphère pesante et contemplative, ici, la lenteur se transforme rapidement en ennui. Les scènes s’étirent sans réelle justification, plombant une intrigue déjà fragile. La première moitié du film, bien qu’introduisant quelques éléments intéressants sur la condition de Neeson, s’enlise dans des séquences répétitives.
Quant à la seconde partie, elle bascule maladroitement dans une tentative de thriller, offrant quelques moments d’action tardifs mais déconnectés du reste de l’histoire. Cette oscillation constante entre drame intimiste et film de genre empêche Absolution de construire une tension dramatique. Résultat : le spectateur a l’impression de suivre deux films en un, mais aucun n’est véritablement abouti. Il est indéniable que Liam Neeson reste un immense acteur. Sa carrière, marquée par des performances iconiques, a connu un tournant majeur avec Taken en 2008, qui a fait de lui une star des films d’action pour un public plus mature. Depuis, Neeson semble toutefois prisonnier de ce type de rôles, enchaînant les thrillers de série B à un rythme effréné.
Avec Absolution, l’acteur semblait chercher à sortir de cette case, en interprétant un personnage plus vulnérable, en proie à ses regrets et au déclin physique. Les rares scènes où il lutte contre ses trous de mémoire ou réfléchit au poids de son passé laissent entrevoir un potentiel dramatique immense. Mais ces moments ne suffisent pas à sauver un film qui refuse d'assumer ses ambitions. On ne peut s’empêcher de penser que Liam Neeson mérite mieux. À ce stade de sa carrière, il est temps pour lui de choisir des rôles plus adaptés à son talent et à son âge. Car si sa présence magnétique reste intacte, Absolution nous rappelle qu’un bon acteur ne suffit pas à sauver un scénario bancal. Hans Petter Moland, à qui l’on doit Sang Froid, signe ici une réalisation quelconque. Le film bénéficie certes d’une atmosphère sombre et crépusculaire, renforcée par quelques belles images de Boston, mais ces éléments visuels ne suffisent pas à masquer le manque d’inspiration global.
Les choix de mise en scène, souvent plats et fonctionnels, ne parviennent jamais à sublimer l’histoire ni à captiver le spectateur. En fin de compte, Absolution se révèle être une déception. En tentant maladroitement de mêler drame introspectif et thriller noir, le film échoue sur les deux tableaux. Le rythme lent, les personnages sous-développés et l’intrigue décousue empêchent toute immersion dans ce récit de rédemption. Liam Neeson, pourtant impeccable dans le rôle d’un homme usé par la vie, ne parvient pas à tirer ce projet vers le haut. Sa performance rappelle qu’il est toujours capable de grandes choses, mais elle soulève aussi une question : pourquoi continue-t-il d’accepter des scripts aussi faibles ? Pour les spectateurs à la recherche d’un vrai drame noir centré sur un personnage vieillissant et confronté à son passé, il existe des alternatives bien plus réussies.
Knox Goes Away, par exemple, traite des mêmes thèmes avec beaucoup plus de finesse et de cohérence. Absolution est un film qui voulait peut-être marquer un tournant dans la carrière de Liam Neeson, mais qui se perd en chemin. Il est temps pour l’acteur de tourner la page des rôles d’action vieillissants et d’explorer des projets plus ambitieux et mieux écrits. Quant aux amateurs du genre, ils peuvent passer leur chemin sans regret.
Note : 3/10. En bref, passez votre chemin, il est temps pour Liam Neeson de prendre sa retraite. Même en sortant de ce rôle dans lequel il s’est enfermé depuis plus de dix ans, ça ne fonctionne plus.
Disponible sur Amazon Prime Video
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