Os Quatro da Candelária (Mini-series, 4 épisodes) : Les innocents de la Candelária

Os Quatro da Candelária (Mini-series, 4 épisodes) : Les innocents de la Candelária

Les innocents de la Candelária, mini-série en quatre épisodes diffusée sur Netflix, est bien plus qu’un simple drame. Inspirée des événements tragiques du massacre de la Candelária à Rio de Janeiro en 1993, cette série plonge dans les profondeurs de l’humanité à travers les yeux d’enfants confrontés à des réalités insoutenables. Chaque instant est une immersion dans un monde où l’innocence lutte pour survivre face à la cruauté et l’indifférence. C’est une œuvre qui n’a pas besoin de grandiloquence pour marquer durablement les esprits. Le massacre de la Candelária, qui a vu huit personnes – dont six enfants sans-abri – être abattues par des membres des forces de l’ordre, reste une blessure béante dans l’histoire brésilienne. Ce drame, symbole de la marginalisation extrême, sert de toile de fond à la série. 

 

Un groupe de jeunes amis survit dans la rue, trouvant en chacun d'eux espoir et résilience pour rêver de futurs différents jusqu'à ce qu'une tragédie se produise.


Cependant, Les innocents de la Candelária ne cherche pas à être un documentaire. Au contraire, elle s’appuie sur une fusion subtile entre réalité et fiction pour explorer les parcours individuels des enfants qui se retrouvent au seuil de cette église historique. La série met en lumière quatre enfants : Douglas, Sete, Pipoca, et Jesus. Chacun a ses propres luttes, ses rêves brisés et une histoire qui le mène inéluctablement à la tragédie. Douglas est un garçon animé par un seul désir, celui d’offrir à son père une sépulture digne. Son combat pour préserver une trace d’humanité face à l’adversité est déchirant. Sete est tiraillé par sa sexualité dans un environnement hostile, il incarne la quête d’identité et d’acceptation dans un monde qui rejette les différences. Pipoca est une jeune fille abandonnée par sa mère, cherchant désespérément un amour maternel dans les rues impitoyables de Rio. 

 

Et Jesus est un enfant marqué par un passé sombre dans un orphelinat abusif, aspirant à un futur meilleur tout en portant le poids de ses cicatrices. Le choix de consacrer chaque épisode à un personnage permet une immersion profonde dans leurs vies. On découvre leurs joies éphémères, leurs souffrances et leurs espoirs, ce qui rend leur destin d’autant plus insupportable. La série adopte une approche fragmentée mais efficace, offrant à chaque personnage un espace pour briller tout en bâtissant lentement le puzzle tragique. Ce format est à double tranchant : il enrichit les récits individuels mais peut donner une impression de déséquilibre dans le rythme global. Pourtant, cette narration fragmentée reflète le chaos de leur existence, une mosaïque d’instants épars pris dans une tempête d’injustice.


Chaque épisode est imprégné d’une tension palpable, comme si la tragédie imminente planait constamment au-dessus des personnages. La mise en scène minimaliste, presque documentaire par moments, renforce cette atmosphère suffocante. Les décors – des ruelles sombres aux marches de l’église – deviennent des témoins silencieux des luttes des enfants, amplifiant la charge émotionnelle du récit. Plutôt que de se perdre dans une analyse sociopolitique détaillée, la série choisit de centrer son récit sur les enfants eux-mêmes. Ce parti pris narratif peut diviser. Certains pourraient regretter l’absence d’un contexte plus approfondi sur les causes systémiques du massacre, mais cette approche permet de se concentrer sur l’essentiel : la valeur intrinsèque de ces vies brisées.

 

Les enfants ne sont pas des symboles, mais des êtres humains complexes, avec leurs forces et leurs faiblesses. Ce regard intimiste rappelle que, derrière chaque statistique tragique, il y a des histoires individuelles qui méritent d’être entendues. Bien que la série n’insiste pas ouvertement sur le rôle des institutions ou des inégalités structurelles, elle en dénonce néanmoins les conséquences par sa simple existence. En montrant l’abandon total de ces enfants par la société, elle pose des questions cruciales sur la responsabilité collective. Pourquoi ces enfants ont-ils été réduits à vivre et mourir dans de telles conditions ? La série ne donne pas de réponse, mais incite à réfléchir. La réussite de Les innocents de la Candelária repose en grande partie sur les performances exceptionnelles de son jeune casting. 

 

Samuel Silva, dans le rôle de Douglas, transmet une profondeur émotionnelle qui transcende les mots. Wendy Queiroz, en Pipoca, incarne une innocence mêlée de résilience qui serre le cœur. Patrick Congo offre une interprétation nuancée de Sete, capturant ses conflits intérieurs avec une sincérité déchirante. Chaque acteur apporte une authenticité brute qui rend les personnages inoubliables. La série joue habilement sur l’ambiguïté entre réalité et fiction. Les scènes semblent tellement ancrées dans la vérité qu’il devient difficile de distinguer les faits réels des éléments fictifs. Ce flou volontaire sert à rappeler que, même si ces histoires sont romancées, elles reflètent une réalité vécue par des milliers d’enfants à travers le monde.


Si la série excelle dans la représentation de la douleur, elle pourrait bénéficier de moments de légèreté ou d’espoir plus marqués. Ces instants, bien que rares, existent – dans un regard complice ou un rire fugace – mais sont souvent éclipsés par l’omniprésence de la tragédie. Cela peut laisser le spectateur émotionnellement épuisé, une expérience qui, bien qu’intentionnelle, n’est pas toujours facile à supporter. Les innocents de la Candelária est une œuvre puissante, un miroir sombre mais nécessaire des injustices qui persistent encore aujourd’hui. Ce n’est pas une série que l’on regarde pour se divertir, mais pour ressentir, réfléchir, et se souvenir. Malgré ses quelques failles – notamment un rythme parfois inégal et une insistance sur le désespoir –, elle réussit à toucher profondément.

 

Les histoires de Douglas, Sete, Pipoca, et Jesus ne sont pas simplement des fictions. Elles résonnent comme un cri d’alerte, une demande de reconnaissance pour ceux que le monde a abandonnés. Ce n’est pas un simple visionnage, mais une expérience. Une que je ne suis pas près d’oublier.

 

Note : 7/10. En bref, un récit poignant et inoubliable. 

Disponible sur Netflix

 

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