Rivages (Mini-series, 6 épisodes) : une mini-série échouée sur des récifs d'artificialité

Rivages (Mini-series, 6 épisodes) : une mini-série échouée sur des récifs d'artificialité

La mini-série Rivages, composée de six épisodes, s’annonçait comme un thriller captivant, flirtant avec le surnaturel tout en explorant les drames humains. Sur le papier, l’idée semblait séduisante : une enquête menée par une océanographe de retour dans sa ville natale après une longue absence, un mystère lié à un chalutier disparu, et un cadre enchanteur, celui des falaises de Fécamp. Pourtant, derrière ces promesses, l'exécution laisse largement à désirer, laissant le spectateur sur sa faim et à la dérive. Le point de départ de Rivages est intrigant. L’histoire s’ouvre sur le naufrage inexpliqué d’un chalutier au large des côtes normandes, emportant avec lui plusieurs marins. 

 

Ce drame suscite immédiatement des questions : s’agit-il d’un phénomène naturel, d’un accident provoqué par les travaux d’installation d’éoliennes en mer, ou d’un événement paranormal ? Ce cadre aurait pu être l’occasion d’un récit haletant, entre thriller scientifique et réflexion écologique. Cependant, la série s’embourbe rapidement dans des longueurs narratives, multipliant les détours inutiles qui diluent l’intensité initiale. L’une des principales faiblesses de Rivages réside dans ses personnages, à commencer par Abigail, l’héroïne. Interprétée par Fleur Geffrier, cette jeune océanographe revient à Fécamp après plusieurs années d’absence, marquées par un drame familial. 

 

Malgré un potentiel narratif intéressant, Abigail peine à susciter l’attachement ou l’empathie. La froideur de son personnage, combinée à une interprétation dénuée de nuance, rend difficile toute connexion émotionnelle avec son parcours. Pire encore, les dialogues, souvent artificiels et maladroits, n’aident pas les acteurs à donner vie à leurs personnages. Des répliques plates, parfois absurdes, alourdissent le récit et enlèvent toute crédibilité aux interactions. Même les acteurs secondaires, pourtant compétents, semblent prisonniers d’un scénario qui ne leur offre aucune marge de manœuvre pour briller. Visuellement, Rivages aurait pu se distinguer grâce aux paysages grandioses de la Normandie. 

 

Les falaises de Fécamp, majestueuses et imposantes, constituaient un décor idéal pour insuffler une atmosphère à la fois poétique et angoissante. Cependant, la mise en scène terne et répétitive gâche ce potentiel. Les plans, souvent figés ou mal exploités, manquent de créativité et de profondeur. La photographie, qui aurait pu magnifier les lieux, reste désespérément fade, privant la série de l’impact visuel qu’elle méritait. À cela s’ajoute une musique d’une platitude désarmante, qui accompagne mollement les scènes sans jamais les sublimer. Loin d’amplifier les moments de tension ou d’émotion, elle se contente de suivre le mouvement, sans jamais marquer les esprits.

 

Là où Rivages aurait pu briller, c’est dans son traitement du mystère central et des thématiques sous-jacentes, comme la vie des marins-pêcheurs ou la défense des océans. Malheureusement, le scénario s’éparpille dans des intrigues secondaires inutiles, surchargées de drames personnels souvent invraisemblables. Chaque personnage semble porter un bagage émotionnel disproportionné, au point que l’ensemble devient peu crédible. Certaines scènes frôlent même l’absurde, comme lorsque l’héroïne part seule en mer ou plonge sans assistance, des situations qui défient les règles élémentaires de sécurité. Ces incohérences, qui auraient pu être évitées avec un minimum de recherche, finissent par éroder encore davantage l’immersion du spectateur.

 

Avec six épisodes, la série aurait pu prendre le temps de développer ses personnages et son intrigue de manière cohérente et captivante. Pourtant, elle donne l’impression de s’étirer inutilement, accumulant des scènes de remplissage qui n’apportent rien à l’histoire. Ce manque de concision nuit gravement au rythme, et on se surprend à regarder l’heure, espérant un dénouement qui tarde à venir. D’ailleurs, la résolution de l’intrigue, censée apporter des réponses aux mystères posés, se révèle décevante. Plombée par une symbolique maladroite et des choix scénaristiques discutables, elle laisse un goût amer, comme si le voyage n’avait mené nulle part.

 

Malgré ses nombreux défauts, Rivages n’est pas dépourvue de qualités. L’acteur incarnant le père d’Abigail livre une performance touchante et sincère, parvenant à injecter un peu d’humanité dans ce récit désincarné. De même, le thème de la dangerosité du métier de marin-pêcheur, bien que sous-exploité, apporte une dimension réaliste et poignante qui aurait mérité d’être davantage mise en avant.

Enfin, certains plans, bien que rares, parviennent à capturer la beauté brute de la mer et des falaises, rappelant furtivement le potentiel visuel inexploité de la série.

 

En conclusion, Rivages avait tout pour séduire : une intrigue mystérieuse, un cadre naturel exceptionnel et des thématiques fortes. Pourtant, ces éléments prometteurs s’effondrent sous le poids d’un scénario mal construit, de personnages stéréotypés et d’une réalisation sans âme. Loin d’être un thriller captivant, cette mini-série se révèle être une expérience frustrante, où les rares éclats de qualité ne suffisent pas à compenser les nombreuses faiblesses. Si l’idée d’explorer les mystères de l’océan et les drames humains liés à la mer reste séduisante, Rivages montre qu’un bon concept ne suffit pas. Sans un soin particulier apporté à l’écriture, à la réalisation et à la direction d’acteurs, même les idées les plus brillantes risquent de sombrer. Une leçon à méditer pour les créateurs en quête d’inspiration.

 

Note : 4/10. En bref, sans un soin particulier apporté à l’écriture, à la réalisation et à la direction d’acteurs, même les idées les plus brillantes risquent de sombrer. Une leçon à méditer pour les créateurs en quête d’inspiration.

Disponible sur france.tv

 

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