6 Janvier 2025
Depuis son annonce, la série Rivages, diffusée sur France Télévisions, promettait une aventure intrigante, mélange de thriller et de fantastique. Pourtant, après avoir visionné les deux premiers épisodes de cette première saison, je ressors avec des impressions mitigées. Entre un démarrage intrigant et une exécution souvent décevante, il y a de quoi susciter un débat. L’histoire débute avec la disparition mystérieuse d’un chalutier au large de Fécamp, entraînant une océanographe, campée par Fleur Geffrier, dans une enquête aux ramifications inattendues. Le point de départ est captivant : des éléments maritimes, une ambiance teintée de mystère et une pincée de fantastique.
A la suite du naufrage inexplicable d'un chalutier et de ses marins-pêcheurs qui demeurent introuvables, Abigail, océanographe, est envoyée par l’IFREMER en mission à Fécamp, sa ville natale, qu'elle a quittée quelques années plus tôt à la suite d'un drame familial. Alors que ses recherches progressent, de nouveaux phénomènes mystérieux se produisent en mer, rendant impossible l'activité des pêcheurs, pourtant essentielle à la vie locale. Abigail va comprendre que ces catastrophes pourraient avoir pour origine une présence sous-marine à même de bouleverser le fragile équilibre entre l'homme et la nature… Et si la cause des perturbations ne correspondait à rien de connu ?
Tout cela semblait réunir les ingrédients d’un bon thriller. Malheureusement, cette promesse initiale se dilue rapidement. Les fils narratifs s’entremêlent de façon confuse, et l’on peine à comprendre ce que la série cherche réellement à transmettre. Est-ce une fable écologique, un plaidoyer pour la protection des océans ? Un drame humain sur la dure réalité des pêcheurs ? Ou encore une romance sentimentale à peine voilée ? Les genres s’accumulent sans véritable harmonie, donnant une impression d’éparpillement. Le tout est couronné par une fin qui, bien que je n’y sois pas encore arrivé, semble d’après certains témoignages souffrir de prévisibilité et d’un manque flagrant d’audace.
L’un des points qui m’a le plus marqué est l’interprétation des acteurs. Fleur Geffrier, habituellement brillante, semble ici perdue. Alors qu’elle éclate de charisme dans d’autres productions comme Les Gouttes de Dieu, son personnage dans Rivages manque cruellement de présence. Est-ce dû à une direction artistique hasardeuse ou à un rôle mal écrit ? Difficile à dire, mais le résultat est loin de convaincre. Même son apparence semble négligée par l’équipe de maquillage, qui n’a pas su mettre en valeur son potentiel. À l’inverse, des acteurs secondaires, tels que Jean-Marc Barr, apportent un souffle d’authenticité. Sa prestation, tout comme celle de certains marins pêcheurs, permet de sauver certaines scènes, ajoutant un peu de crédibilité à un ensemble globalement fragile.
La série bénéficie néanmoins de quelques points positifs. L’atmosphère visuelle est l’un des éléments les plus réussis : les plans marins et les paysages de Fécamp sont véritablement magnifiques. La ville et sa baie, filmées avec soin, offrent un véritable dépliant touristique qui donne envie de visiter la région. De même, la bande sonore et les effets spéciaux, bien que discrets, soutiennent l’ambiance mystérieuse du récit. Les scènes d’action sont relativement bien menées, avec un rythme soutenu qui empêche l’ennui total. Mais ce n’est pas suffisant pour masquer les lacunes narratives et les incohérences flagrantes.
Là où Rivages trébuche réellement, c’est dans ses stéréotypes. On retrouve ici tout l’arsenal classique des séries dramatiques contemporaines : l’héroïne tourmentée et pleine de problèmes personnels, les scientifiques opiniâtres, souvent incompris, les gentils écolos, opposés aux méchants militaires maladroits et aux autorités publiques caricaturées et la pirate informatique prodige qui réussit à pénétrer les systèmes les plus sécurisés sans effort apparent. Les scènes sentimentales semblent quant à elles étirées, à la limite du pathos. Ces choix rendent de nombreuses situations invraisemblables, voire ridicules. On rit parfois, mais ce n’est certainement pas l’effet escompté par les créateurs.
En fin de compte, Rivages n’est pas une mauvaise série, mais elle reste loin des attentes qu’elle avait suscitées. Avec un réalisateur aussi talentueux que celui de la série culte SKAM, on pouvait espérer un résultat plus abouti. Malheureusement, les épisodes peinent à captiver pleinement en raison de leurs dialogues artificiels et de leurs intrigues secondaires superflues. Cela dit, tout n’est pas à jeter. Le cadre marin est immersif, et certains personnages secondaires apportent un peu de profondeur. Mais l’ensemble manque de cohérence et de personnalité. Les amateurs de séries françaises trouveront peut-être leur compte, mais Rivages peine à se hisser au niveau de certaines productions internationales.
À ce stade, ma curiosité m’encourage à poursuivre, ne serait-ce que pour voir si la série parvient à redresser la barre. Mais mon enthousiasme est tempéré par les nombreuses maladresses observées. Si Rivages espère séduire un large public, elle devra impérativement se recentrer sur son intrigue principale et éviter de se perdre dans des fioritures inutiles. Car, pour l’instant, on reste sur notre faim, flottant entre une œuvre prometteuse et un naufrage narratif. En résumé, Rivages est une série qui se regarde, mais sans laisser de véritable empreinte. À vous de juger si l’aventure en vaut la peine, ou si vous préférez rester sur le rivage en attendant une production plus solide.
Note : 5/10. En bref, c’est pour le moment trop maigre pour réellement embarquer son téléspectateur mais ça se regarde.
Diffusé sur France 2 à partir du lundi 6 janvier 2025 et disponible sur france.tv
Retrouvez sur mon blog des critiques de cinéma et de séries télé du monde entier tous les jours
Voir le profil de delromainzika sur le portail Overblog