Critique Ciné : Six Jours (2025)

Critique Ciné : Six Jours (2025)

Six Jours // De Juan Carlos Medina. Avec Sami Bouajila, Julie Gayet et Philippe Resimont.

 

Dans le paysage cinématographique français, Six Jours se présente comme un thriller noir ambitieux, inspiré d'un film coréen de 2013. Avec Sami Bouajila en tête d'affiche, le long-métrage promettait une intrigue haletante et des performances remarquables. Pourtant, malgré ses qualités indéniables, le film échoue à pleinement convaincre, laissant une impression mitigée. Le point de départ de Six Jours est prometteur : un policier déterminé tente, contre la montre, d’empêcher qu’une enquête sur l’enlèvement d’une enfant ne soit classée sans suite. Le compte à rebours instauré par le titre installe d’emblée une tension palpable, soutenue par une atmosphère oppressante et des décors urbains marqués par la grisaille de Roubaix, Dunkerque et Lille. 

 

Nord de la France, 2005 : Malik, inspecteur de police, assiste impuissant à la mort d’une enfant suite à un kidnapping. En charge de l’enquête, il échoue à retrouver le meurtrier. DIX ANS PLUS TARD, sans élément nouveau, sans trace d'un dangereux criminel qui court toujours, l'affaire s’apprête à être classée définitivement. Mais quand de nouveaux faits en lien avec l’affaire se révèlent, Malik entame une course contre la montre dans l’espoir de résoudre l'enquête avant l’expiration du délai de prescription. Dans Six Jours. C’est le temps qui lui reste pour retrouver le coupable.

 

Ces villes du Nord, avec leurs paysages pluvieux et leurs ruelles sombres, contribuent efficacement à plonger le spectateur dans une ambiance mélancolique et pesante. Cependant, si l’intrigue principale est solidement construite et regorge de rebondissements, le film se perd dans des détails scénaristiques maladroits. Ces invraisemblances, bien qu’elles ne soient pas flagrantes au premier abord, s’accumulent au fil du récit et finissent par ébranler la crédibilité de l’ensemble. À certains moments, on ne sait plus si l’on doit s’émouvoir ou rire face à des situations qui frôlent le ridicule. Sami Bouajila, dans le rôle principal, porte le film sur ses épaules avec brio. 

 

Sa performance est à la hauteur de sa réputation : il parvient à insuffler une véritable profondeur émotionnelle à son personnage. Ce policier déterminé, fatigué mais obstiné, suscite à la fois admiration et empathie. Il est sans conteste l’atout majeur du long-métrage. Cependant, le reste du casting ne suit pas toujours. Les personnages secondaires manquent cruellement de nuances et tombent souvent dans la caricature. Chacun semble enfermé dans un registre figé, entre mélancolie exagérée et gravité forcée. Cette uniformité des émotions empêche toute attache réelle aux personnages, y compris aux victimes. L’absence d’humour ou de légèreté aggrave cette déconnexion, rendant certains dialogues ou situations presque artificiels.

 

Le réalisateur, Carlos Medina, exploite intelligemment les décors du Nord de la France pour renforcer l’atmosphère sombre du film. La pluie, omniprésente, n’est pas seulement un élément esthétique ; elle devient un acteur à part entière, accentuant le caractère dramatique des scènes clés. Certaines séquences sous la pluie sont d’ailleurs visuellement impressionnantes, témoignant d’un réel souci esthétique. Malheureusement, cette maîtrise visuelle ne parvient pas à masquer les faiblesses de la mise en scène. Le montage, par exemple, s’avère parfois confus, créant des incohérences temporelles qui perturbent la fluidité du récit. 

 

Une scène en particulier, où une voiture semble rouler à la fois de jour et de nuit sur la même route, illustre parfaitement ce manque de rigueur. Ces erreurs techniques, bien qu’anecdotiques, nuisent à l'immersion et trahissent une certaine précipitation dans la production. Le scénario de Six Jours souffre d’un cruel manque d’équilibre. Si l’intrigue principale est prenante et bien structurée, elle est parasitée par des détails inutiles ou incohérents. Certaines scènes, qui se veulent des morceaux de bravoure, tombent à plat en raison de leur manque de crédibilité. Par exemple, un passage clé sous la pluie, censé être un moment fort du film, s’avère maladroit et difficile à prendre au sérieux.

 

De plus, les dialogues manquent parfois de finesse, accentuant le caractère stéréotypé des personnages. Les clichés du genre thriller – le policier désabusé, les silences pesants, les regards mélancoliques – sont omniprésents, sans qu’ils soient revisités ou transcendés. Cette absence d’originalité finit par affaiblir l’impact émotionnel du récit, qui aurait pourtant pu être bouleversant avec une écriture plus soignée. L’un des aspects les plus frustrants de Six Jours est de constater tout le potentiel gâché. L’idée de départ était excellente, l’ambiance parfaitement installée, et Sami Bouajila offrait une prestation solide. Pourtant, le film s’écroule sous le poids de ses maladresses, que ce soit dans le jeu d’acteurs, la mise en scène ou le scénario.

 

Le cahier des charges du thriller noir est respecté, mais sans aucune prise de risque. Chaque élément, de l’intrigue aux personnages, semble avoir été conçu pour cocher une case, au détriment d’une véritable identité artistique. Ce manque de personnalité rend l’expérience cinématographique fade et prévisible, là où elle aurait pu être intense et mémorable. En conclusion, Six Jours est un thriller qui oscille entre moments réussis et déceptions. Malgré une intrigue de départ prometteuse et une ambiance sombre bien travaillée, le film souffre de nombreux défauts qui empêchent de pleinement l’apprécier. Sami Bouajila brille, mais il ne peut, à lui seul, sauver une œuvre minée par ses incohérences et son manque d’originalité.

 

C’est un film qui peut se laisser regarder, notamment pour ses qualités esthétiques et le jeu de son acteur principal. Cependant, mieux vaut ajuster ses attentes et le considérer comme un téléfilm de qualité moyenne plutôt qu’un véritable grand thriller. Pour ceux qui souhaitent découvrir une œuvre plus aboutie de Carlos Medina, il serait préférable de se tourner vers son précédent film, Insensibles, qui reste, à ce jour, plus marquant et maîtrisé.

 

Note : 4.5/10. En bref, un thriller en demi-teinte malgré un potentiel indéniable. 

Sorti le 1er janvier 2025 au cinéma

 

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