Wzgórze psów (Mini-series, 5 épisodes) : Les Chiens de la colline

Wzgórze psów (Mini-series, 5 épisodes) : Les Chiens de la colline

Les Chiens de la Colline, ou Wzgórze psów dans sa version originale, est une mini-série polonaise qui s’impose par son atmosphère pesante et ses multiples intrigues imbriquées. Avec seulement cinq épisodes dépassant chacun une heure, cette adaptation du roman de Jakub Żulczyk offre une plongée intense dans un univers où se mêlent drames familiaux, secrets enfouis et conflits sociopolitiques. Malgré une exécution parfois maladroite, la série laisse une empreinte durable par son ambition narrative et ses personnages complexes. Dès les premières minutes, la série plonge le spectateur dans l’obscurité de la ville fictive de Zybork. Les réalisateurs Jacek Borcuch et Piotr Domalewski adoptent une approche sans concession : aucune exposition explicative, aucun fil d’Ariane pour guider le spectateur. 

 

Hanté par un traumatisme et un mystérieux chantage, un célèbre romancier revient dans sa ville natale pour affronter son passé en suspens.

 

Ici, on est immédiatement confronté à une toile d’événements entrelacés : un écrivain en disgrâce qui revient dans sa ville natale, une enquête sur un meurtre brutal, des querelles familiales, et des conflits liés à des projets immobiliers douteux. Cette densité narrative est à double tranchant. D’un côté, elle renforce l’immersion dans une ville rongée par ses propres démons, où chaque personnage semble dissimuler un secret. D’un autre côté, elle risque de perdre les spectateurs moins patients ou peu enclins à assembler eux-mêmes les pièces du puzzle. Le personnage central, Mikolaj, est un écrivain dont le retour à Zybork est tout sauf triomphal. 

 

Accompagné de sa femme Justyna, une journaliste d’investigation tenace, il affronte son passé : un père autoritaire, des relations tendues avec les habitants, et un traumatisme lié au meurtre de son ancienne petite amie, Daria. Ce meurtre, prétendument commis par le frère de Daria, Sebastian, constitue l’un des mystères centraux de la série. Justyna, pourtant prometteuse dans son rôle de journaliste, devient progressivement un simple rouage narratif au service des dilemmes de Mikolaj. Cette asymétrie nuit à l’équilibre du récit, d’autant que Justyna est souvent reléguée à des scènes de journalisme stéréotypées, loin de son potentiel initial.

 

Au-delà des drames personnels, Les Chiens de la Colline s’aventure sur le terrain de la critique sociale. Le maire de Zybork, en cheville avec un promoteur immobilier allemand, envisage de raser des habitations rurales pour ériger un hôtel de luxe. Ce projet oppose Tomek, le père de Mikolaj, aux élites locales, incarnant une résistance populaire face à la gentrification. Ces enjeux, bien que pertinents, peinent à s’intégrer harmonieusement à l’intrigue principale. Le développement de ces thèmes reste en surface, sacrifié sur l’autel d’un rythme parfois chaotique. La série tente de conjuguer plusieurs genres : thriller, drame psychologique, et critique sociale. Malheureusement, cette ambition se retourne souvent contre elle. 

 

Certains passages, notamment liés au traumatisme de Mikolaj et à son rapport à la vengeance, s’enlisent dans des clichés. Par ailleurs, les scènes de violence explicite, bien que choquantes, semblent parfois gratuites et desservent l’impact émotionnel recherché. Un moment particulièrement marquant, mais discutable, survient dans le dernier épisode, où une séquence animée est utilisée pour expliciter un point crucial de l’intrigue. Si cette tentative peut être perçue comme un élan de créativité, elle brise le ton établi et risque d’aliéner les spectateurs investis. Sur le plan technique, Les Chiens de la Colline brille. 

 

La photographie capture magnifiquement la mélancolie et la froideur de Zybork, avec des paysages désolés et une lumière qui accentue l’atmosphère oppressante. Les performances des acteurs, notamment Jasmina Polak, sont remarquables. Chaque membre du casting donne vie à son personnage avec une intensité palpable, même dans les scènes les plus secondaires. Cependant, ces qualités ne suffisent pas à compenser les faiblesses structurelles du récit. Le montage, en particulier, donne l’impression d’une œuvre qui hésite entre ses différentes ambitions. Plutôt que de se concentrer sur une seule thématique, la série tente de jongler avec trop d’éléments, diluant ainsi l’impact de chacun. 

 

Au terme des cinq épisodes, Les Chiens de la Colline laisse un goût mitigé. D’un côté, elle offre une expérience immersive et une intrigue riche en rebondissements. De l’autre, elle échoue à harmoniser ses multiples composantes. Le mélange entre drame familial, critique sociale et thriller psychologique aurait pu aboutir à une œuvre magistrale, mais le résultat final souffre d’une exécution parfois maladroite. Néanmoins, la série mérite d’être vue, ne serait-ce que pour ses moments de grâce et la profondeur de certains personnages. Les Chiens de la Colline est une invitation à réfléchir sur les blessures du passé, les tensions entre modernité et traditions, et les choix moraux que nous sommes parfois contraints de faire. 

 

Note : 5.5/10. En bref, une mini-série intrigante et imparfaite. Mais pour pleinement apprécier cette mini-série, il faut être prêt à s’immerger dans un univers exigeant et à accepter ses imperfections.

Disponible sur Netflix

 

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