Åremorden (Saison 1, 5 épisodes) : Meurtres à Åre

Åremorden (Saison 1, 5 épisodes) : Meurtres à Åre

L’engouement pour les thrillers nordiques ne faiblit pas, et l’annonce d’une adaptation des romans de Viveca Sten en série télévisée suscitait forcément une certaine attente. Meurtres à Åre, diffusée sur Netflix, avait tout pour séduire : un décor majestueux, une intrigue policière et une héroïne qui porte en elle une promesse de profondeur. Pourtant, après avoir visionné l’ensemble des cinq épisodes de la première saison, difficile d’être totalement convaincu. Dès les premières minutes, Meurtres à Åre impose une ambiance visuelle réussie. 

 

Visée par une enquête interne, une inspectrice de la police de Stockholm part en congé dans une station de ski, mais la disparition d'une jeune fille l'oblige à reprendre du service.

 

Les paysages enneigés de la station de ski suédoise contribuent à l’atmosphère pesante et isolée du récit, renforçant le sentiment d’oppression qui s’abat sur la protagoniste, Hanna Ahlander. Cependant, si l’esthétique de la série est indéniablement maîtrisée, son rythme narratif laisse perplexe. En choisissant d’adapter deux romans en seulement cinq épisodes, la série court-circuite un élément essentiel des polars : l’immersion. Il est difficile de s’attacher aux personnages ou de s’investir pleinement dans leurs tourments lorsque l’histoire semble constamment pressée d’avancer.

 

L’un des atouts des romans de Viveca Sten réside dans leur capacité à tisser des portraits nuancés de personnages complexes. Or, dans cette adaptation, l’exploration de leurs personnalités et de leurs dilemmes passe au second plan. Hanna Ahlander, présentée comme une enquêtrice en crise, accumule les difficultés professionnelles et personnelles. Son arrivée à Åre, censée marquer une pause dans sa vie, se transforme rapidement en une nouvelle enquête. Si son implication est logique d’un point de vue scénaristique, elle aurait mérité une mise en place plus progressive pour mieux ressentir son évolution.

 

Les autres personnages souffrent du même traitement : ils existent avant tout pour servir l’intrigue plutôt que pour exister en tant qu’individus à part entière. Le manque de profondeur dans leurs relations ou leurs motivations rend certaines révélations moins marquantes qu’elles auraient pu l’être. La saison se compose de deux enquêtes distinctes. La première, autour de la disparition et du meurtre d’une adolescente, installe une tension intéressante. Entre secrets de famille, pistes criminelles et conflits personnels, les éléments du polar classique sont bien présents. Cependant, ils sont survolés sans véritable approfondissement.

 

La seconde enquête, qui débute brutalement après la résolution de la première, crée une rupture trop abrupte. L’histoire reprend quelques mois plus tard, avec la découverte d’un corps mutilé près d’une voie ferrée. Bien que ce nouveau mystère présente des enjeux intrigants, la transition entre les deux parties de la saison manque de naturel. Cela donne l’impression de commencer un nouveau récit plutôt que de suivre une continuité. Le principal reproche que l’on peut adresser à Meurtres à Åre est son manque d’ambition en matière de construction narrative. 

 

Les thèmes abordés – corruption, exploitation, abus de pouvoir – sont intéressants, mais leur traitement reste superficiel. Plutôt que de les intégrer pleinement à l’histoire, ils apparaissent comme de simples détours, sans réel impact sur le développement des personnages ou sur l’intrigue principale. De plus, le format court empêche toute véritable montée en tension. Là où une série policière efficace prend le temps d’explorer chaque piste, ici, les résolutions arrivent souvent trop vite, ce qui atténue l’impact des révélations.

 

Meurtres à Åre avait de quoi séduire les amateurs de thrillers nordiques, mais cette première saison peine à trouver son équilibre. La beauté des décors et la qualité de la mise en scène ne suffisent pas à compenser un scénario qui manque de profondeur et une narration précipitée. L’univers de Viveca Sten recèle pourtant un potentiel indéniable. Si une deuxième saison voit le jour, il serait intéressant qu’elle prenne le temps d’explorer davantage ses personnages et d’installer une véritable atmosphère. Car au-delà des meurtres et des mystères, c’est l’humanité des protagonistes qui rend un thriller mémorable.

 

Note : 5/10. En bref, à l’instar d’Erica sur TF1 cette année (six épisodes et 3 livres adaptés), Meurtres à Åre adapte deux livres en cinq épisodes ce qui rend l’expérience assez frustrante. Surtout quand aucun liant n’est créé entre l’épisode 3 et 4 afin de faire une transition fluide entre les deux livres. Sinon, c’est correct, sans plus. 

Disponible sur Netflix

 

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delromainzika

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P
J'ai lu votre critique, avalé goulument cette série bien montée dans un style très nordique et je m'interroge ? Vous l'avez vue ? J'ai des doutes.
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D
Et pour le reste, dans le style nordic-noir il y a beaucoup mieux sur Netflix et beaucoup mieux en termes d'adaptations. Ici, comme Erica (la série de TF1 est aussi adaptée de romans nordic), peu de temps est laissé au premier roman. Le premier roman aurait pu être adapté sur 5 épisodes, pas 3. C'est le principal défaut de cette série. Plutôt que cette série, je vous conseille Vargasommar, mon coup de coeur de ces derniers mois venu de Suède qui n'est pas encore sorti en France mais qui se trouve sur Internet sans trop de mal. J'en ai même parlé ici sur ce site.
D
Oui je l'ai vu. Il faut quoi ? Que je publie le rapport de mon compte Netflix ? Le voilà : https://image.over-blog.com/iaPZWovc2b8x1myUFFlSfBlMM3g=/filters:no_upscale()/image%2F1199205%2F20250209%2Fob_e192c5_capture-d-e-cran-2025-02-09-a-11.png