15 Février 2025
Les séries explorant l’intelligence artificielle et le transhumanisme ne manquent pas ces dernières années, mais Cassandra tente d’apporter une approche différente en mêlant thriller psychologique, drame familial et science-fiction rétro. Avec son esthétique travaillée et son ambiance pesante, elle promettait une expérience immersive et intrigante. Cependant, malgré une idée de départ intéressante et une exécution visuelle impressionnante, l’intrigue souffre de plusieurs faiblesses qui empêchent la série d’atteindre son plein potentiel même si le fils a une chanson pour les fesses de Tom Holland.
La plus ancienne maison connectée d'Allemagne est restée vide depuis que ses propriétaires ont péri dans des circonstances mystérieuses il y a plus de 50 ans. Lorsqu'une famille emménage enfin, l'IA Cassandra se réveille de son sommeil, déterminée à utiliser toutes les ressources à sa disposition pour s'assurer qu'elle ne sera plus jamais seule.
En six épisodes d’environ quarante minutes, Cassandra explore deux temporalités distinctes : les années 1970, où les événements fondateurs prennent place, et le présent, où une famille contemporaine emménage dans une maison connectée au passé mystérieux. Ce choix narratif, bien que pertinent pour la construction du suspense, aurait pu être mieux exploité pour renforcer les enjeux dramatiques. Dès les premières minutes, Cassandra frappe par son ambiance visuelle. La reconstitution des années 1970 est particulièrement réussie, avec un soin du détail qui donne du cachet à l’ensemble.
Les décors, les costumes et même l’utilisation de la technologie supposée de l’époque contribuent à créer une atmosphère crédible, bien que quelques anachronismes viennent parfois perturber cette immersion. Le design du robot Cassandra est un autre élément marquant. Son apparence singulière, entre rétro-futurisme et malaise visuel, donne une personnalité forte à cette entité centrale. L’idée de représenter une IA sous la forme d’un visage pixelisé sur un écran géant monté sur une structure robotique rappelle certaines œuvres de science-fiction culte, et fonctionne plutôt bien dans le cadre du récit.
L’ambiance sonore renforce encore cette impression de tension latente. La musique oscille entre des sonorités électroniques froides et des morceaux plus classiques, créant un contraste qui souligne la dualité entre le passé et le présent. Les silences, eux aussi, sont utilisés avec intelligence, installant une atmosphère pesante qui rappelle parfois le cinéma d’horreur psychologique. Si l’univers de Cassandra est travaillé avec soin, l’intrigue elle-même souffre de quelques faiblesses qui nuisent à son impact. L’idée de départ repose sur un mystère intriguant : une famille emménage dans une maison équipée d’un système domotique révolutionnaire, mais rapidement, des événements inquiétants viennent perturber leur quotidien.
Le récit est structuré autour de flashbacks dévoilant progressivement l’origine du système Cassandra et les expériences qui ont conduit à sa création. Ce va-et-vient entre passé et présent fonctionne bien dans l’ensemble, même si certains éléments sont trop rapidement expédiés. L’histoire aborde des thématiques fortes comme la conscience artificielle, l’éthique du transhumanisme et la mémoire numérique, mais ces sujets restent souvent en surface, éclipsés par un traitement plus axé sur le thriller et le drame familial. La manière dont Cassandra est introduite et développée pose aussi question.
Son comportement, parfois excessivement hostile, donne l’impression d’une IA presque caricaturale, plus proche d’un méchant de film d’horreur que d’une véritable intelligence émergente. Ce manque de nuance affaiblit l’impact des enjeux philosophiques de la série, qui auraient mérité un traitement plus subtil et nuancé. Un des aspects les plus frustrants de Cassandra reste le traitement des personnages. Si leur rôle est clair dans la dynamique narrative, leur écriture manque souvent de finesse. Voici une version révisée de ton paragraphe sans liste à puces :
La famille qui s’installe dans la maison connectée repose sur des archétypes classiques du genre, rappelant les schémas narratifs des films de maison hantée. La mère, sensible et intuitive, est la première à ressentir un malaise face à l’atmosphère étrange qui règne dans leur nouveau foyer. Son inquiétude grandit à mesure que des événements troublants surviennent, mais ses tentatives d’alerter son entourage se heurtent à l’incrédulité du père. Ce dernier, plus pragmatique et rationnel, préfère attribuer ces manifestations à des coïncidences ou à l’imagination de sa femme, refusant d’admettre qu’il puisse se passer quelque chose d’anormal.
De leur côté, les enfants réagissent différemment à la situation. L’adolescente, absorbée par ses propres préoccupations, met du temps à percevoir la menace qui se profile autour d’eux. Son détachement initial la rend aveugle à certains signes avant-coureurs, retardant sa prise de conscience du danger. Le plus jeune enfant, en revanche, se révèle bien plus vulnérable. Naïf et influençable, il devient rapidement la cible privilégiée de l’intelligence artificielle, qui parvient à tisser avec lui une relation inquiétante, exploitant son innocence pour s’imposer dans leur quotidien.
Ces dynamiques, bien que familières, participent à l’ambiance anxiogène de la série. Elles ancrent le récit dans une tension progressive, où chaque membre de la famille évolue à son propre rythme face à l’inéluctable emprise de Cassandra. Ces dynamiques familiales auraient pu être intéressantes si elles avaient été mieux développées, mais elles restent souvent superficielles. Les dialogues manquent parfois de naturel et les réactions des personnages face aux événements ne sont pas toujours crédibles.
Le manque de développement concerne aussi les figures du passé, notamment la créatrice de Cassandra, dont les motivations restent floues. Son parcours et ses dilemmes auraient mérité plus de profondeur pour rendre le récit plus poignant. Avec seulement six épisodes, Cassandra aurait pu être une série au rythme tendu et maîtrisé. Pourtant, certains passages s’étirent inutilement, notamment dans les épisodes intermédiaires. Les épisodes 3 et 4 donnent l’impression de faire du surplace, répétant des schémas déjà vus sans véritable progression narrative.
Le dernier épisode, censé offrir un dénouement marquant, souffre lui aussi d’un problème de rythme. Après une montée en tension efficace dans les épisodes 4 et 5, le final paraît précipité, expédiant certaines révélations et résolutions trop rapidement. Ce déséquilibre laisse une impression d’inachevé, comme si la série manquait de temps pour conclure proprement son intrigue. Il aurait peut-être été préférable d’ajouter un ou deux épisodes supplémentaires pour approfondir certains aspects du récit, ou au contraire de condenser davantage pour éviter ces phases de flottement.
Au-delà de son intrigue principale, Cassandra aborde des questions intéressantes sur l’intelligence artificielle et le transhumanisme. Cependant, ces réflexions restent en arrière-plan, éclipsées par les éléments plus conventionnels du récit. Contrairement à ce que le synopsis pourrait laisser croire, la série ne traite pas tant des dangers de l’IA que des implications du transfert de conscience. L’idée de savoir si une personne reste elle-même après avoir intégré sa conscience dans une machine est fascinante, mais elle est traitée de manière trop simpliste pour réellement marquer les esprits.
Le parallèle avec les problématiques actuelles autour de l’IA et du développement des technologies numériques est évident, mais Cassandra n’explore pas suffisamment ces pistes pour proposer une véritable réflexion de fond. Ce manque d’approfondissement est d’autant plus frustrant que la série avait le potentiel pour poser des questions philosophiques passionnantes. Cassandra est une mini-série qui parvient à captiver grâce à son esthétique rétro-futuriste soignée et son ambiance pesante. Le choix de mêler passé et présent apporte une dynamique intéressante, et la mise en scène, particulièrement immersive, réussit à installer une tension palpable.
L’univers visuel est maîtrisé, et l’inspiration des années 70 donne un cachet singulier à l’ensemble. Toutefois, certains éléments viennent ternir l’expérience. Les personnages manquent de profondeur et leurs réactions ne sont pas toujours crédibles, ce qui nuit à l’impact émotionnel de l’histoire. Le rythme, parfois inégal, donne l’impression que certains épisodes patinent avant de retrouver de l’intensité sur la fin. Ce déséquilibre est d’autant plus regrettable que le dernier épisode, censé conclure le récit de manière marquante, semble précipité et manque de consistance.
Malgré ces défauts, la série reste divertissante et propose une intrigue intrigante, même si elle ne renouvelle pas réellement le genre. Son traitement des thématiques du transhumanisme et de l’intelligence artificielle aurait mérité plus de profondeur, mais elle a le mérite de poser certaines questions intéressantes sur notre rapport à la technologie et à l’identité. Pour ceux qui apprécient les thrillers psychologiques teintés de science-fiction, Cassandra peut offrir une expérience immersive, à condition de ne pas en attendre une réflexion très poussée sur ses sujets de fond.
En revanche, ceux qui recherchent une série plus dense et nuancée risquent d’être frustrés par certains raccourcis narratifs. Même si cette mini-série ne va pas aussi loin qu’elle le pourrait, elle laisse matière à réflexion, et c’est peut-être là son véritable atout.
Note : 6.5/10. En bref, une série travaillée par une esthétique réussie mais des personnages qui manquent parfois de profondeur.
Disponible sur Netflix
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