Riddle of Fire (DVD) 

Riddle of Fire (DVD) 

Il y a des films qui sortent du lot simplement par leur originalité. Riddle of Fire, par son mélange de Stranger Things et des Goonies filmé sur pellicule Kodak 16mm a ce grain de folie. Retour sur ce DVD édité par Blaq Out.

 

Ca parle de quoi ?

Il était une fois un trio d’enfants cherchant à craquer le code parental de leur nouvelle console et aussi la parfaite recette de la blueberry pie, une secte de braconniers qui ne cessent de se chicaner, une petite fille qui a des dons elfiques… Un 1er long métrage dont le budget est aussi lilliputien que sont géantes sa sophistication formelle et sa liberté épique. Comme si, dans une forêt enchantée du Wyoming, Tom Sawyer, le Club des cinq et les Goonies s’étaient donné rendez-vous pour faire un jeu de plateau autour d’un feu de camp.

Ca vaut quoi ?

Le cinéma indépendant réserve parfois de belles surprises, et Riddle of Fire, premier long-métrage de Weston Razooli, en fait partie. Ce film, à mi-chemin entre conte moderne et hommage aux récits d’aventure de notre enfance, nous plonge dans une quête aussi absurde qu’attachante : trois enfants prêts à tout pour jouer à un jeu vidéo. Un postulat simple qui se transforme rapidement en une véritable épopée. L’histoire suit Hazel, Jodie et Alice, un trio espiègle qui vient de mettre la main sur une console de jeux obtenue par des moyens peu conventionnels. 

 

Seulement, avant de pouvoir en profiter, ils doivent accomplir une mission de taille : rapporter à la mère de deux d’entre eux une tarte aux myrtilles. Ce qui aurait dû être une tâche anodine se transforme en un voyage semé d’embûches où chaque rencontre semble tirer les enfants un peu plus loin dans l’inattendu. L’une des grandes forces du film réside dans cette capacité à rendre le quotidien extraordinaire. On retrouve ce même esprit qui animait des classiques comme Les Goonies ou Le Club des Cinq, où les aventures enfantines prennent une ampleur démesurée, à la frontière entre l’innocence et le danger. 

Razooli capte avec brio ce mélange d’émerveillement et de chaos propre à l’imaginaire des enfants, et cela fonctionne à merveille… du moins, dans la première moitié du film. Dès les premières minutes, Riddle of Fire impose une atmosphère singulière. Filmé en pellicule Kodak, il adopte un grain visuel qui évoque instantanément les années 90. Les couleurs, légèrement délavées, participent à cette esthétique rétro qui renforce l’impression de feuilleter un vieux livre d’images. Le tout est sublimé par des paysages naturels somptueux, capturant la beauté brute du Wyoming.

 

La bande originale joue également un rôle clé dans l’immersion du spectateur. Elle accompagne les péripéties des trois héros avec une énergie communicative, oscillant entre mélodies enjouées et instants plus solennels. C’est un véritable voyage sensoriel qui renforce le sentiment de liberté et d’exploration propre à l’enfance. Si Riddle of Fire séduit dès son introduction par sa fraîcheur et son audace, il peine malheureusement à maintenir son élan sur toute sa durée. Le film adopte un rythme erratique, multipliant les détours scénaristiques qui allongent inutilement une intrigue somme toute assez simple. 

Là où la première heure regorge de moments magiques, la seconde partie s’enlise dans des confrontations moins inspirées et des dialogues parfois trop naïfs. Là où l’alchimie du trio principal fonctionne à merveille dans les moments d’insouciance, certaines scènes où les enfants interagissent avec des adultes paraissent moins naturelles. L’équilibre entre la fable et la réalité vacille, et le jeu des acteurs, parfois trop théâtral, n’aide pas toujours à maintenir la suspension d’incrédulité. Malgré ses faiblesses, Riddle of Fire reste un premier film prometteur, porté par une sincérité désarmante. 

 

Weston Razooli parvient à capturer cette magie propre à l’enfance, où chaque détail du quotidien devient une aventure. Il nous rappelle que l’imaginaire est une porte ouverte vers des mondes insoupçonnés et que l’émerveillement peut se cacher dans les choses les plus simples. Certes, le réalisateur pèche encore par manque de maîtrise, notamment sur la direction d’acteurs et le tempo du récit, mais son approche visuelle et sa capacité à insuffler un souffle de liberté à son œuvre laissent entrevoir un bel avenir. Et surtout, il nous offre un message en filigrane : l’aventure réelle, celle que l’on vit en explorant le monde, sera toujours plus riche que n’importe quel jeu vidéo.

Riddle of Fire est une œuvre imparfaite, mais elle a le mérite d’apporter une bouffée d’air frais dans le paysage cinématographique actuel. Entre nostalgie, aventure et quête initiatique, il propose une immersion dans un monde où l’imaginaire est roi. Un film qui séduira sans doute les amoureux de récits d’enfance et de cinéma indépendant, même si sa structure narrative aurait gagné à être plus resserrée. Avec un peu plus de maîtrise et de maturité dans ses choix de mise en scène, Weston Razooli pourrait bien devenir un réalisateur à suivre de près. En attendant, ce premier essai, aussi bancal soit-il, mérite d’être vu pour sa sincérité et son audace visuelle.

 

Et le DVD ?

Si Riddle of Fire n’a pas connu un grand succès en salle, il a néanmoins marqué les esprits par son esthétique singulière et son hommage aux aventures enfantines. Aujourd’hui, l’éditeur Blaq Out offre une opportunité aux amateurs de cinéma indépendant de (re)découvrir ce film grâce à une édition DVD. Il faut saluer le travail de Blaq Out de proposer des versions physiques de petits films singuliers, permettant ainsi aux cinéphiles d’enrichir leurs collections. Tourné en 16 mm avec une pellicule Kodak, Riddle of Fire possède un grain visuel qui renforce son atmosphère nostalgique. 

La qualité de l’image en DVD est globalement satisfaisante, bien que les arrière-plans révèlent parfois quelques fourmillements. Malgré les limites du format, l’éditeur a su offrir un rendu fidèle à l’intention artistique du réalisateur Weston Razooli. Côté audio, le DVD propose deux mixages : un en Dolby Digital 5.1 et un autre en 2.0, disponibles en version originale et en français. La spatialisation sonore du 5.1 apporte une belle immersion, notamment dans les scènes en forêt où l’ambiance naturelle est bien restituée. Les moments plus oniriques bénéficient également d’un bel équilibre sonore, même si l’ensemble reste discret. 

 

La version française, de bonne facture, permet aux plus jeunes de profiter pleinement du film sans avoir à lire les sous-titres. L’unique supplément proposé est une interview du réalisateur Weston Razooli, enregistrée lors de la Quinzaine des Réalisateurs. En une dizaine de minutes, il revient sur ses inspirations, sa vision du cinéma et son prochain projet. Un contenu certes limité, mais intéressant pour ceux qui souhaitent en savoir plus sur la genèse du film. Bien que l’absence de Blu-ray en France soit une déception, cette édition DVD reste une belle opportunité de découvrir ou redécouvrir Riddle of Fire. 

Avec une image fidèle à l’original et un son soigné, elle permet d’apprécier pleinement cette aventure cinématographique atypique. Pour les amateurs de récits d’enfance et de cinéma indépendant, cette sortie mérite assurément le détour.

 

Caractéristiques techniques

Durée : 1H55 - Langues : Français et anglais 2.0 et 5.1 - Sous-titres : Français

Supplément : Conversation avec le cinéaste Weston Razooli à la Quinzaine des Cinéastes

Disponible en DVD au prix public conseillé de 19,99 € TTC

Cette sortie est éditée par BLAQ OUT

 

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