Critique Ciné : Companion (2025)

Critique Ciné : Companion (2025)

Companion // De Drew Hancock. Avec Sophie Thatcher, Jack Quaid et Lukas Gage.

 

Le film Companion, réalisé par Drew Hancock, s’inscrit dans la lignée des thrillers de science-fiction qui interrogent notre rapport aux technologies et aux relations humaines. À travers l’histoire d’Iris et Josh, il explore les limites floues entre amour et domination, intelligence artificielle et conscience, possession et libre arbitre. Ce qui commence comme une romance passionnée évolue progressivement vers un récit plus sombre, où l’inquiétante relation entre les protagonistes sert de miroir à des préoccupations sociétales bien réelles.

 

Josh et Iris semblent incarner le couple parfait. Mais lors d’un week-end entre amis qui vire au drame, un secret bien gardé fait tout basculer…

 

Au premier regard, Iris et Josh forment un couple idéal. Leur rencontre semble empreinte d’une magie rare, un coup de foudre qui transforme le quotidien morne d’Iris en une histoire passionnelle et fusionnelle. Mais derrière cette apparente harmonie, des signaux inquiétants émergent. Lorsque Josh invite Iris à un week-end entre amis dans une maison isolée, l’ambiance bascule peu à peu, révélant les failles d’une relation fondée sur des bases bien plus troubles qu’il n’y paraît. Dès le départ, la narration installe une tension subtile, jouant habilement avec les attentes du spectateur. 

 

Le film ne se contente pas de dévoiler un retournement de situation brutal : il construit progressivement une atmosphère où chaque interaction, chaque regard, chaque silence prend une signification ambiguë. Iris, tout d’abord aveuglée par son amour pour Josh, commence à percevoir des incohérences dans leur relation, des détails qui, mis bout à bout, dessinent un tableau bien plus inquiétant que ce qu’elle avait imaginé. Companion s’appuie sur son concept de science-fiction pour enrichir son propos sur la toxicité relationnelle. Le film explore différentes formes de manipulation et d’abus psychologique à travers une mise en scène intelligente qui évite la démonstration trop appuyée. 

 

L’un des aspects les plus intéressants de cette approche est la façon dont il intègre des éléments de thriller psychologique à son intrigue SF, créant un mélange de genres qui dynamise le récit. Les thèmes abordés ne sont pas sans rappeler ceux de certaines œuvres emblématiques du genre. On pense notamment à Her de Spike Jonze, qui questionnait déjà le lien affectif entre humains et intelligences artificielles, ou encore à des épisodes de Black Mirror où la technologie devient un reflet des dérives sociétales. 

 

Mais là où Companion se distingue, c’est dans son exploration des relations de pouvoir sous un angle plus intime et psychologique. Le film aborde notamment la manière dont certaines personnes, sous couvert d’amour, cherchent à modeler l’autre selon leurs propres attentes. À travers le personnage de Josh, Companion illustre cette dynamique insidieuse où le contrôle et la manipulation se dissimulent derrière des gestes d’apparence bienveillante. La science-fiction devient alors un outil pour amplifier ces enjeux et leur donner une résonance plus universelle.

 

L’un des points forts du film réside dans l’arc narratif d’Iris, interprétée par Sophie Thatcher. Son personnage passe par plusieurs phases : d’abord totalement dévouée à Josh, elle traverse une lente prise de conscience qui l’amène à remettre en question son propre rôle dans cette relation. Ce parcours est rendu crédible grâce à une écriture soignée et une interprétation tout en nuances. Le spectateur assiste à cette métamorphose avec un mélange de fascination et d’appréhension. Plus Iris comprend la véritable nature de Josh, plus elle est confrontée à un dilemme complexe : accepter cette réalité ou continuer à se voiler la face. 

 

Cette tension psychologique est savamment entretenue tout au long du film, renforçant l’implication émotionnelle du spectateur. Le duo formé par Sophie Thatcher et Jack Quaid fonctionne bien à l’écran. Thatcher apporte une dimension sensible et nuancée à son personnage, tandis que Quaid parvient à incarner un Josh oscillant entre charme et inquiétante ambiguïté. Leur dynamique donne au film une intensité palpable, rendant crédible la progression de leur relation et les enjeux dramatiques qui en découlent.

 

La mise en scène de Drew Hancock accompagne habilement cette montée en tension. Sans recourir à des effets tapageurs, il privilégie une approche immersive, où l’ambiance joue un rôle central. Le choix des couleurs, l’utilisation de la lumière et le cadrage participent à l’évolution du ton du film, passant progressivement d’une atmosphère chaleureuse à une sensation de malaise grandissante. L’esthétique du film, mêlant éléments rétro-futuristes et décors plus naturalistes, contribue également à ancrer son propos. 

 

Ce qui distingue Companion d’autres films du genre, c’est aussi sa capacité à naviguer entre plusieurs registres. Si l’intrigue repose sur une tension dramatique forte, elle est ponctuée de moments plus légers, où l’humour noir vient désamorcer certaines situations. Ce décalage apporte une dynamique intéressante, évitant au film de tomber dans un excès de gravité. Certains dialogues, notamment ceux des personnages secondaires, introduisent une forme de sarcasme qui vient contrebalancer l’oppression ressentie par Iris. 

 

Cette alternance de tons renforce l’impact du film, lui permettant de proposer une critique sociale sans sombrer dans le didactisme. Sans dévoiler la conclusion du film, il est certain que Companion laisse une empreinte durable. Le récit ne se contente pas d’offrir un dénouement spectaculaire : il pousse à la réflexion sur des questions fondamentales, notamment sur la façon dont les nouvelles technologies peuvent être instrumentalisées dans les relations humaines. La dernière partie du film, en particulier, donne lieu à des rebondissements bien amenés, qui viennent confirmer la montée en puissance du récit. 

 

Si certains spectateurs auraient pu attendre une conclusion plus radicale, le choix de Hancock s’inscrit dans une logique cohérente avec le propos du film. Companion est bien plus qu’un simple thriller de science-fiction. En mêlant réflexion sur les relations toxiques et questionnement sur la technologie, il propose un récit à plusieurs niveaux de lecture. Sa force réside dans sa capacité à utiliser les codes du genre pour aborder des thèmes universels, tout en offrant une intrigue prenante et des personnages bien développés. 

 

Drew Hancock signe ici un premier long-métrage intelligent, porté par une mise en scène maîtrisée et des performances solides. Si le film ne révolutionne pas le genre, il apporte néanmoins une pierre intéressante à l’édifice des récits qui interrogent notre rapport aux technologies et aux liens humains. Pour ceux qui apprécient les thrillers psychologiques teintés de science-fiction, Companion vaut assurément le détour.

 

Note : 7/10. En bref, une réflexion troublante (et réussie) sur l’amour et la technologie. 

Sorti le 29 janvier 2025 au cinéma

 

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