24 Février 2025
Dirty Angels // De Martin Campbell. Avec Eva Green, Ruby Rose et Maria Bakalova.
Il y a des films qui marquent par leur originalité, d’autres par leur maîtrise technique, et certains, malheureusement, par leur manque d’ambition. Dirty Angels, réalisé par Martin Campbell, s’inscrit plutôt dans cette dernière catégorie. Ce thriller d’action met en scène Eva Green dans le rôle de Jake, une Ranger américaine envoyée en mission de sauvetage au Pakistan après avoir vécu le retrait chaotique d’Afghanistan. Pourtant, malgré un sujet qui aurait pu donner lieu à un film intense et engagé, le résultat final peine à convaincre.
Afghanistan, été 2021. Les troupes américaines se retirent. Parallèlement, un groupe de femmes soldats fournissant des secours médicaux sont renvoyées sur place pour sauver un groupe d'adolescents kidnappés par les talibans.
L’histoire de Dirty Angels repose sur un postulat qui aurait pu être intéressant : une équipe de soldates d’élite se faisant passer pour une ONG afin de secourir des adolescentes prises en otage par un groupe armé. Le film s’ouvre sur une scène brutale qui pourrait laisser penser à une approche plus réaliste du conflit. Mais très vite, la narration devient confuse et peine à installer une véritable tension dramatique. L’intrigue avance sans véritable enjeu, comme si elle était construite à la va-vite, en enchaînant des situations déjà vues dans d’autres productions du même genre.
Le film ne prend jamais le temps d’explorer les dilemmes moraux que pourraient rencontrer ses personnages face à une situation aussi complexe. Le scénario oscille entre une volonté de réalisme et un penchant pour l’action caricaturale, sans jamais réussir à équilibrer les deux. Un des problèmes majeurs du film réside dans l’écriture des personnages. Dirty Angels introduit une équipe de soldates qui, sur le papier, auraient pu apporter une dynamique intéressante. Pourtant, elles sont réduites à des archétypes simplistes : "la tireuse d’élite", "la démineuse", "la médecin", sans qu’aucune ne bénéficie d’un véritable développement.
Le spectateur peine à s’attacher à elles, ce qui rend leurs péripéties bien moins captivantes. Eva Green, habituellement capable d’apporter de la nuance à ses rôles, semble ici en pilotage automatique. Son personnage, Jake, est censé être marqué par un passé douloureux et une volonté de rédemption, mais rien dans son jeu ne traduit réellement ces émotions. Les autres actrices, quant à elles, ne parviennent pas à donner vie à des personnages qui manquent cruellement de substance. Martin Campbell est un réalisateur qui a prouvé par le passé qu’il savait mettre en scène des séquences d’action mémorables, notamment avec Casino Royale et GoldenEye.
Mais dans Dirty Angels, il semble contraint par un budget limité et un manque de vision claire. Si certaines scènes sont relativement bien filmées, d’autres sont gâchées par des effets spéciaux peu convaincants. Le CGI, en particulier, est une vraie faiblesse du film. Les explosions et les impacts de balles manquent de réalisme, donnant parfois l’impression d’un jeu vidéo à bas budget plutôt que d’un film d’action de 2024. Le montage n’aide pas non plus : les scènes de combat sont souvent entrecoupées de coupes trop rapides, rendant l’ensemble confus et empêchant toute immersion.
Le film manque de la tension nécessaire pour captiver le spectateur, ce qui est pourtant essentiel dans un thriller d’action. L’un des aspects les plus frustrants de Dirty Angels, c’est son incapacité à choisir un ton clair. À certains moments, le film semble vouloir proposer un regard sérieux sur les conséquences du retrait américain d’Afghanistan. Mais presque aussitôt, il bascule dans des dialogues creux et des tentatives d’humour qui tombent à plat. Le problème, c’est que ce mélange ne fonctionne jamais vraiment. Le film n’assume ni une approche réaliste et engagée, ni une ambiance plus légère et divertissante.
Le résultat est une œuvre sans véritable identité, qui donne l’impression d’être un patchwork d’influences mal digérées. À la fin du visionnage, une question reste en suspens : qu’est-ce que ce film cherchait à accomplir ? Il ne parvient ni à proposer un divertissement efficace, ni à engager une réflexion sur les conflits contemporains. Il ne reste donc qu’un film fade, sans grande valeur ajoutée. Certaines productions réussissent à compenser un scénario faible par des scènes d’action spectaculaires. D’autres savent captiver grâce à leurs personnages bien écrits.
Dirty Angels, lui, échoue sur tous ces plans. L’histoire est creuse, l’action mal exécutée et les personnages inexistants. Même pour un film d’action à petit budget, il aurait été possible d’attendre un minimum d’efficacité. Mais ici, tout semble avoir été fait sans véritable conviction, rendant l’ensemble aussi oubliable que frustrant. Dirty Angels n’est pas juste un film raté, c’est un film qui ne semble jamais savoir pourquoi il existe. Il aurait pu être un thriller efficace ou un film d’action nerveux, mais il se contente d’être une œuvre sans âme, qui recycle des idées vues mille fois sans jamais leur donner une véritable direction.
Note : 3/10. En bref, un film qui n’a rien à raconter. Que ce soit pour les amateurs d’action ou ceux qui cherchent une intrigue plus engageante, Dirty Angels ne répond à aucune attente. Un film qui, au mieux, s’oubliera aussitôt vu.
Prochainement en France
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