7 Février 2025
God Save The Tuche // De Jean-Paul Rouve. Avec Jean-Paul Rouve, Isabelle Nanty, Pierre Lottin et Claire Nadeau.
Il y a des personnages qui marquent, des figures que l'on aime retrouver malgré leurs défauts. La famille Tuche fait partie de ces figures du cinéma français, avec leur humour potache et leur bonne humeur communicative. Pourtant, après plusieurs films, une question se pose : l’aventure n’aurait-elle pas déjà été trop loin ? Avec God Save The Tuche, ce cinquième volet envoie la célèbre famille en Angleterre, au contact de la royauté britannique. L'idée de départ promet des situations absurdes et des quiproquos culturels, mais dans les faits, le film tourne rapidement en rond.
Les Tuche mènent à nouveau une vie paisible à Bouzolles. Mais lorsque le petit-fils de Jeff et Cathy est sélectionné pour un stage de football à Londres, c’est l’occasion rêvée pour toute la famille d’aller découvrir l’Angleterre et de rencontrer la famille royale. Entre chocs culturels et maladresses, les Tuche se retrouvent plongés au cœur de la royauté anglaise, qui n’est pas près d’oublier leur séjour !
Entre gags attendus et blagues usées, l’effet de surprise n’est plus au rendez-vous, et la magie des débuts semble bien loin. L’un des plaisirs des premiers films Les Tuche était de voir cette famille excentrique propulsée dans des situations improbables, en jouant sur le choc des cultures et la spontanéité des personnages. Mais plus les films avancent, plus cet effet s’amenuise. Avec cet épisode britannique, les ressorts comiques restent les mêmes : des personnages qui ne comprennent pas les codes du milieu qu’ils découvrent, des gaffes en série et des dialogues pleins de malentendus.
Problème : ce qui fonctionnait il y a quelques années apparaît aujourd’hui comme une répétition sans réelle nouveauté. Les situations manquent d’inventivité et la mécanique humoristique semble tourner en pilotage automatique. Le film déroule ses scènes comme une succession de sketchs déjà vus, sans jamais surprendre ni renouveler la dynamique qui faisait son succès initial. L’un des principaux problèmes de God Save The Tuche réside dans son humour. Là où les premiers volets réussissaient à surprendre par des répliques bien senties et des situations absurdes, ce nouvel épisode mise sur des gags trop appuyés, souvent surjoués et rarement efficaces.
Les références humoristiques à la culture anglaise sont présentes (notamment à Jack l’Eventreur qui se permet un passage furtif devant une pub pour du « Blood Whisky » à son effigie), mais elles restent en surface, sans jamais être réellement exploitées. On sent pourtant l’envie de rendre hommage à certaines comédies françaises cultes, mais l’exécution manque de finesse. Certaines scènes semblent plus forcées que véritablement drôles, donnant au film un rythme inégal. Quelques clins d'œil au cinéma et des allusions bien placées (l’interlude, les commentaires de Jeff sur le générique des producteurs, etc.) arrivent parfois à tirer un sourire, mais cela reste trop rare pour maintenir l’intérêt sur toute la durée du film.
Difficile d’en vouloir aux acteurs, qui donnent le maximum pour faire vivre leurs personnages malgré un scénario qui leur laisse peu de marge. Jean-Paul Rouve et Isabelle Nanty restent fidèles à leurs rôles, mais sans véritable nouveauté dans leur interprétation. Claire Nadeau, toujours irrésistible en Mamie Suze, apporte un peu de fraîcheur, tout comme Pierre Lottin dans le rôle de Tuche Daddy. Mais en dehors de ces quelques performances, l’ensemble peine à exister au-delà du cadre trop figé du film. Certains seconds rôles peinent vraiment à convaincre. Bernard Ménez, en Charles III, ne parvient pas à donner de relief à son personnage, et son accent anglais approximatif ne fait qu’ajouter à l’impression d’un jeu caricatural.
Heureusement, Ray Johnson en Sir Elton John apporte une énergie bienvenue et parvient à se démarquer avec une présence plus marquante. D’un point de vue visuel, God Save The Tuche ne prend aucun risque. La mise en scène se contente d’un enchaînement de plans classiques, avec peu d’efforts pour dynamiser l’ensemble. Là où certaines comédies réussissent à jouer avec l’image et le montage pour renforcer les effets comiques, ici, tout semble se dérouler de manière très linéaire. Même la confrontation avec la royauté britannique, qui aurait pu être un terrain de jeu parfait pour des situations cocasses, manque d’ampleur.
L’exploitation de Londres et de ses symboles reste superficielle, sans jamais réellement enrichir le récit ou apporter une nouvelle dimension aux personnages. L’un des aspects les plus frustrants de ce cinquième volet est l’absence de renouvellement. Chaque Tuche repose sur la même recette, mais celle-ci finit par perdre son efficacité à force d’être recyclée. Là où le premier film jouait sur l’inattendu et l’effet de contraste entre les personnages et leur nouvel environnement, ici, tout est trop prévisible. Les gags sont téléphonés, les dialogues manquent de mordant et les situations se répètent sans apporter de réelle surprise.
Même la bande-annonce, qui donnait un aperçu des meilleurs moments, laisse peu de place à la découverte une fois le film lancé. Résultat : une impression de déjà-vu qui ne fait que renforcer le manque d’enthousiasme face au déroulement de l’histoire. Avec God Save The Tuche, la saga semble arriver à un point où elle n’a plus grand-chose à raconter. Les personnages ont fait le tour de ce qu’ils pouvaient offrir, et l’humour qui les portait finit par s’user à force d’être répété. Ce film ressemble à un épisode de trop, une tentative de prolonger une aventure qui aurait peut-être dû s’arrêter plus tôt.
L’alchimie entre les acteurs est toujours présente, mais cela ne suffit pas à masquer le manque d’inspiration du scénario et l’essoufflement de la formule. Si ce cinquième opus était censé offrir un nouveau souffle à la saga, il donne surtout l’impression qu’il est temps de tourner la page. Loin de retrouver la fraîcheur des débuts, God Save The Tuche peine à justifier son existence et laisse le sentiment d’un film qui ne restera pas dans les mémoires. God Save The Tuche avait l’opportunité d’apporter un vent de nouveauté à la saga en explorant l’humour sous un angle différent, mais il se contente de reprendre les mêmes ingrédients que ses prédécesseurs sans réussir à les renouveler.
L’humour, qui faisait la force des premiers films, perd ici de son efficacité à cause d’un manque de rythme et de situations trop convenues. Les acteurs, bien qu’investis, ne peuvent pas sauver un scénario qui tourne en rond. Si l’attachement à la famille Tuche reste intact, ce nouvel opus confirme que la saga arrive à bout de souffle. Un film qui pourra peut-être divertir le temps d’une soirée, mais qui ne laissera pas un souvenir impérissable.
Note : 2/10. En bref, bien que cela soit difficile de ne pas aimer les Tuche, ils n’ont malheureusement plus rien à raconter et plus grand chose en réserve pour nous faire rire.
Sorti le 5 février 2025 au cinéma
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