17 Février 2025
Paddington au Pérou // De Dougal Wilson. Avec la voix de Ben Whishaw et Hugh Bonneville et Emily Mortimer.
Après deux films marquants qui ont su capturer l’essence tendre et malicieuse du célèbre ours en duffle-coat, Paddington au Pérou s’éloigne de l’ambiance londonienne qui avait tant contribué à son charme. Cette fois, direction l’Amérique du Sud pour une aventure au cœur de la jungle amazonienne, où Paddington part en quête de ses origines. Ce changement de décor apporte un vent de fraîcheur, mais il modifie aussi l’équilibre de la saga, avec une intrigue plus axée sur l’exploration que sur l’humour et la comédie familiale qui faisaient sa force.
Alors que Paddington rend visite à sa tante Lucy bien-aimée, qui réside désormais à la Maison des ours retraités au Pérou, la famille Brown et notre ours préféré plongent dans un voyage inattendu et plein de mystères, à travers la forêt amazonienne et jusqu'aux sommets des montagnes du Machu Picchu.
L’arrivée d’un nouveau réalisateur, Dougal Wilson, se fait sentir. Là où Paul King avait su insuffler une touche de magie et une finesse d’écriture aux deux premiers films, cette nouvelle aventure semble plus convenue, moins inspirée. L’humour si caractéristique de Paddington est toujours présent, mais plus en retrait, au profit d’un récit d’aventure classique où les rebondissements sont prévisibles. Le choix du Pérou comme cadre principal du film se justifie par l’histoire même du personnage. Paddington y est né, et ce voyage est l’occasion d’en apprendre plus sur son passé et sur sa tante Lucie, une figure essentielle dans son parcours.
L’idée est séduisante, d’autant plus que les paysages sont magnifiques et parfaitement mis en valeur. La jungle luxuriante, les sommets andins et les villages pittoresques offrent un cadre visuellement riche, qui tranche avec les rues bien rangées de Londres. Mais cette volonté de dépaysement se fait au détriment de l’essence même du personnage. Paddington a toujours été un étranger découvrant le monde avec une naïveté désarmante, un miroir de l’enfant qui s’adapte à un nouvel environnement. Loin de Londres et de la famille Brown, cette dynamique s’affaiblit.
L’exploration de ses origines, bien que touchante en théorie, ne parvient pas à dégager la même émotion que ses aventures dans la capitale anglaise. L’une des forces des films précédents résidait dans leur capacité à mêler humour absurde et tendresse. Ici, l’histoire se prend parfois trop au sérieux, et certaines scènes d’action, bien que rythmées, paraissent déconnectées du ton habituel de la saga. L’arrivée de nouveaux visages donne du relief au film, notamment Olivia Colman dans un rôle de nonne fantasque et Antonio Banderas en aventurier charismatique.
Leur présence apporte de l’énergie, mais leurs personnages restent en surface, manquant de la profondeur et du charisme des antagonistes précédents. Antonio Banderas, qui succède à Hugh Grant en tant que figure d’opposition, campe un personnage plus burlesque que menaçant. Là où Grant incarnait un méchant à la fois drôle et redoutable, Banderas semble jouer un rôle plus léger, presque caricatural, ce qui réduit la tension dramatique du récit. La famille Brown, pilier émotionnel de la saga, est reléguée au second plan. Ce choix peut se comprendre dans le cadre du récit, mais il contribue à cette impression que le film s’éloigne de ce qui faisait son charme.
Paddington fonctionne mieux lorsqu’il interagit avec eux, et leur absence prolongée laisse un vide. L’histoire suit une trame classique du film d’aventure : un voyage semé d’embûches, des rencontres excentriques, quelques dangers exagérés et une quête initiatique. Rien de bien original, et c’est là que le film peine à convaincre. Les deux premiers opus avaient réussi à sublimer des scénarios simples grâce à une écriture fine et des gags visuels ingénieux. Ici, l’humour est plus sage, plus attendu. Quelques moments fonctionnent encore, notamment grâce à la maladresse légendaire de Paddington et son amour inconditionnel des sandwichs à la marmelade, mais l’ensemble manque de surprises.
La dernière partie du film bascule dans un registre plus fantaisiste, avec une résolution rapide et une mise en scène qui s’éloigne du ton plus subtil des précédents volets. Ce passage, bien que divertissant, accentue l’impression d’un film qui cherche à en faire trop, au détriment de la sincérité qui caractérisait Paddington jusque-là. L’un des thèmes abordés dans Paddington au Pérou est celui des origines et du lien entre le passé et le présent. L’ours, qui a construit sa vie à Londres, se retrouve face à un dilemme identitaire : appartient-il toujours à son pays natal, ou est-il devenu un Londonien à part entière ?
Ce questionnement aurait pu être l’un des points forts du film, mais il reste trop superficiel. Le message de tolérance et d’acceptation, toujours présent dans la saga, se retrouve dilué par l’intrigue plus aventureuse. Là où les précédents films illustraient avec finesse l’idée d’intégration et de famille choisie, ce troisième opus peine à apporter une réflexion aussi marquante. Le film reste néanmoins accessible aux plus jeunes, qui y verront avant tout une aventure haute en couleur, portée par un personnage toujours aussi attachant malgré les limites du scénario.
Paddington au Pérou n’est pas un mauvais film, loin de là. Il reste un divertissement familial agréable, porté par un personnage toujours aussi sympathique et une esthétique soignée. Mais en quittant Londres et en misant davantage sur l’action que sur l’émotion, il perd une partie de ce qui faisait son originalité. Le changement de réalisateur se fait sentir, et si Dougal Wilson maîtrise l’aspect visuel, il ne parvient pas à retrouver la subtilité et la magie des opus précédents. L’histoire, bien que plaisante, suit un schéma trop classique et manque d’un véritable enjeu émotionnel.
Les fans de Paddington y trouveront tout de même de quoi passer un bon moment, et la scène post-générique laisse entrevoir une possible suite qui pourrait, espérons-le, revenir aux fondamentaux de la saga. En attendant, ce troisième opus prouve que si Paddington a toujours du charme, il lui manque cette petite touche de magie qui faisait la force de ses premières aventures.
Note : 5/10. En bref, c’est toujours soigné sur l’animation mais ce voyage exotique peine à retrouver la magie des deux précédents opus.
Sorti le 5 février 2025 au cinéma
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