3 Février 2025
Severance // Saison 2. Episode 3. Who is Alive?
L’épisode 3 de cette nouvelle saison de Severance continue d’explorer une question centrale : qu’est-ce qui échappe réellement au contrôle de Lumon ? Si certaines compétences pratiques et connaissances générales passent d’un état de conscience à l’autre, qu’en est-il des souvenirs plus profonds, des émotions viscérales, des attachements indélébiles ? Cet épisode met en lumière un élément qui semble résister à la séparation imposée par l’entreprise : l’amour, sous toutes ses formes. Dès l’ouverture, le ton est donné. Une route déserte, une fine couche de neige recouvrant le paysage, une voiture isolée. Cobel, seule, se réveille, perturbée par le klaxon d’un camion.
Dans son véhicule, un élément attire l’attention : un tube de respiration soigneusement posé sur le siège passager. Ce simple détail en dit long sur son état d’esprit et son lien avec les événements à venir. Alors qu’elle reprend la route, Love Spreads des Stone Roses résonne dans l’habitacle. Ce choix musical n’a rien d’anodin : au-delà de son interprétation controversée, il évoque l’idée que l’amour, une fois présent, se propage et défie toute tentative de cloisonnement. Au fil de l’épisode, plusieurs personnages se retrouvent face à des émotions qu’ils ne peuvent ni comprendre ni expliquer entièrement. Dylan, notamment, devient le centre d’une séquence marquante.
Alors que ses collègues partent en mission, il reste en retrait, sous un faux prétexte. Il attend en réalité un moment qui pourrait tout changer : une rencontre dans la « suite de visite familiale », une pièce dont l’existence même soulève des interrogations. Jusqu’ici, il était difficile de savoir si cette promesse de Lumon était réelle ou simplement une manipulation. Pourtant, la scène qui suit confirme qu’il ne s’agit pas d’un simple mensonge. Face à lui, une femme apparaît : Gretchen, son épouse. Ce face-à-face entre Dylan et celle qui partage sa vie dans le monde extérieur est empreint d’une douceur surprenante. Elle le serre dans ses bras, prononce un « je t’aime » qui semble presque instinctif, comme si son corps se souvenait d’un lien que son esprit ignore.
Cette confrontation met en lumière une dynamique troublante : à l’extérieur, Gretchen, débordée et stressée, semble voir son mari comme une responsabilité supplémentaire. À l’intérieur de Lumon, face à son Innie, elle est bienveillante, presque nostalgique. Ce contraste souligne une idée forte : certaines émotions, certains attachements, survivent à la séparation et se manifestent malgré tout. Ce n’est pas seulement l’amour romantique qui est mis en avant dans cet épisode, mais aussi l’importance du contact physique en tant que lien fondamental entre les individus. Irv, en explorant les bureaux d’Optics & Design, échange un moment touchant avec Felicia.
D’un simple geste – une pression sur sa main – elle reconnaît ce qu’il traverse et partage sa compréhension silencieuse. Cette scène renforce l’idée que, même dans un environnement conçu pour fragmenter les individus, certains liens se tissent et persistent. Plus tard, Mark et Helly se lancent à la recherche des fameuses chèvres aperçues précédemment. Ce qu’ils découvrent dépasse largement leurs attentes : une vaste pièce où s’étendent des collines verdoyantes, peuplées d’animaux et d’individus mystérieux. Loin de l’esthétique froide et rigide de Lumon, ce décor tranche radicalement avec le reste de l’univers visuel de la série.
Pourtant, au-delà de cette étrangeté, une question demeure : quel est le véritable rôle de ces animaux ? La série semble vouloir multiplier les énigmes, au risque de perdre un peu de substance en cours de route. Un autre aspect marquant de cet épisode est le rapport de Milchick à Lumon. Depuis le début, il apparaît comme un fidèle exécutant des ordres de la direction. Mais lorsqu’il reçoit une récompense symbolisant son ascension au sein de l’entreprise, son trouble est palpable. Les peintures qu’il découvre, le représentant dans la posture de Kier Eagan, génèrent en lui une réaction ambiguë. Une forme d’adoration déplacée semble se dessiner, posant une question sous-jacente : jusqu’où va son dévouement ?
Dans cette scène, l’expression de Natalie – son sourire crispé, presque mécanique – ajoute une couche supplémentaire d’étrangeté. Est-elle vraiment maîtresse de ses propres pensées, ou subit-elle une influence qu’elle ne contrôle pas ? L’épisode ne donne pas de réponse claire, mais ce moment laisse entrevoir une emprise encore plus grande de Lumon sur ses employés. Dans l’ombre, Cobel continue d’explorer une piste qui semble cruciale : la réintégration des souvenirs. Son intérêt pour ce processus n’est plus un secret, et son comportement face à Helena Eagan montre qu’elle cherche à en savoir plus.
Pourtant, lorsqu’elle a l’opportunité d’affronter la direction de Lumon, elle fait un pas en arrière. Ce revirement laisse entendre que, malgré son apparente assurance, elle craint ce qu’elle pourrait découvrir. De son côté, Mark franchit un cap décisif. Après avoir repris contact avec Devon, il décide de tester une méthode pour faire passer un message entre ses deux états de conscience. Mais c’est une rencontre avec la docteure Reghabi qui va tout précipiter. Lorsqu’elle lui propose une véritable réintégration, il accepte presque sans hésitation. La scène qui suit est l’un des moments les plus intenses de l’épisode. Mark, connecté à une machine, traverse un processus où ses souvenirs commencent à s’entremêler.
Lorsque la question de l’amour maternel est abordée, son esprit réagit. L’attachement profond à sa mère, une émotion viscérale, semble être la clé de cette fusion progressive. Ce passage illustre parfaitement l’idée maîtresse de l’épisode : certaines expériences, certains liens, transcendent la séparation artificielle imposée par Lumon. Cet épisode, en explorant l’impact indélébile des émotions, pose les bases de développements majeurs pour la suite. L’amour, sous toutes ses formes, apparaît comme une force que Lumon ne peut pas totalement contrôler. Qu’il s’agisse d’un attachement familial, d’une affection amicale ou d’un souvenir gravé dans le corps, tout ne peut pas être effacé.
La question reste de savoir jusqu’où cette prise de conscience peut mener. Mark, désormais engagé dans le processus de réintégration, pourrait bien incarner l’espoir d’un changement plus vaste. Mais comme toujours dans Severance, chaque réponse s’accompagne d’un nouveau mystère. Reste à voir comment tout cela évoluera dans les prochains épisodes.
Note : 10/10. En bref, la série continue d’offrir quelque chose de grandiose en saison 2 qui me rend encore plus curieux de voir où tout cela va nous conduire.
Disponible sur Apple TV+
Retrouvez sur mon blog des critiques de cinéma et de séries télé du monde entier tous les jours
Voir le profil de delromainzika sur le portail Overblog