Critiques Séries : Severance. Saison 2. Episode 8.

Critiques Séries : Severance. Saison 2. Episode 8.

Severance // Saison 2. Episode 8. Sweet Vitriol.

 

Il y a des épisodes qui marquent un tournant décisif dans une série, et celui-ci en fait indéniablement partie. Après une absence prolongée, Harmony Cobel revient sur le devant de la scène et, avec elle, une révélation qui rebat complètement les cartes. Jusqu’ici, la hiérarchie de Lumon paraissait claire : une entreprise opaque dirigée par les descendants de Kier Eagan, avec Cobel comme exécutante zélée mais soumise aux ordres. Et pourtant, cet épisode prouve que la réalité est bien plus complexe. La mise en scène choisie pour ce retour est particulièrement marquante. 

 

En quittant l’environnement confiné des bureaux de Lumon pour des paysages désolés et glacés, l’épisode crée une rupture visuelle et narrative forte. Cobel n’est plus la femme en contrôle que l’on connaissait, elle évolue désormais dans un décor qui semble à la fois hanté et hostile, reflet de son propre passé. Son retour dans sa ville natale, Salt’s Neck, est une plongée dans une histoire personnelle que la série n’avait jusque-là qu’effleurée. Salt’s Neck n’a rien d’accueillant. Son état d’abandon témoigne de l’impact qu’a eu Lumon sur ses habitants, comme une ville sacrifiée au profit des ambitions d’une entreprise qui, manifestement, ne s’est jamais préoccupée des conséquences humaines de ses choix. 

 

L’histoire de cette ville n’est pas qu’un simple décor : elle met en lumière un pan caché du fonctionnement de Lumon. L’usine d’éther qui dominait l’économie locale n’était pas seulement un centre de production, mais aussi un lieu d’exploitation des enfants. Un détail glaçant, qui donne une toute nouvelle dimension aux pratiques de l’entreprise. Dans ce cadre sinistre, Cobel n’est pas simplement une visiteuse. Elle est une enfant du pays, une ancienne élève du programme Wintertide, formation qui semble avoir été un véritable conditionnement pour ceux qui y passaient. 

 

Ce n’est pas juste une femme d’influence dans l’univers de Lumon : elle en est le pur produit. Cette révélation remet en perspective tout ce que l’on croyait savoir sur elle. Jusqu’ici, le récit nous avait toujours présenté la scission des souvenirs comme une invention attribuée aux Eagan, en particulier à Jame Eagan. Pourtant, en fouillant dans son ancienne maison, Cobel met la main sur des carnets qui contiennent des schémas bien trop familiers. Elle les reconnaît immédiatement : ce sont les siens. Le base code, l’Overtime Contingency, tout ce qui fait le cœur même du processus de séparation vient de ses propres recherches.

 

Cette révélation change radicalement l’image que l’on avait d’elle. Elle n’est pas une simple exécutante ou une fervente adepte de la philosophie de Kier. Elle est la conceptrice de la technologie qui structure l’univers de la série. Une technologie qui, ironie du sort, a fini par se retourner contre elle. Son propre savoir lui a été confisqué, intégré dans un système dont elle n’est plus maîtresse. Ce retournement de situation amène une question essentielle : pourquoi Cobel a-t-elle été écartée ? Si son rôle a été aussi fondamental, pourquoi se retrouve-t-elle aujourd’hui en marge de l’organisation ? 

 

Cet épisode ne donne pas encore toutes les réponses, mais il ouvre la voie à une lutte de pouvoir où Cobel pourrait bien vouloir reprendre ce qui lui a été volé. Si cet épisode frappe autant, c’est aussi grâce à la manière dont il explore l’impact psychologique de cette révélation sur Cobel. En retournant dans sa maison d’enfance, elle ne trouve pas seulement des réponses, elle est confrontée à un passé douloureux. La scène où elle se recueille dans la chambre de sa mère est l’un des moments les plus forts. Ce n’est pas un simple instant de nostalgie : c’est un deuil qu’elle n’a jamais pu faire. 

 

L’image d’une femme qui tente désespérément de retrouver un lien avec une figure maternelle disparue, dans un environnement qui lui rappelle à quel point elle a été façonnée par une institution qui ne lui a jamais laissé le choix, est particulièrement poignante. Le dialogue avec sa sœur (ou du moins une parente proche), Sissy, illustre à quel point Lumon a marqué les esprits. Contrairement à Cobel, qui semble avoir pris ses distances malgré son implication passée, Sissy est restée profondément ancrée dans la doctrine de l’entreprise. Une opposition qui montre bien comment certaines victimes du système finissent par en devenir les garantes.

 

L’épisode se termine sur une note qui laisse entrevoir un affrontement imminent. Cobel, en possession des carnets, sait désormais qu’elle détient une clé essentielle au pouvoir de Lumon. Mais alors qu’elle quitte précipitamment Salt’s Neck, les hommes de l’entreprise ne sont pas loin derrière. Son dernier échange téléphonique avec Devon marque un basculement. Elle apprend que Mark a commencé à se réintégrer, et cette information semble la captiver. Son intérêt pour le processus de réintégration avait déjà été évoqué, mais on comprend à présent que cela va bien au-delà d’une simple curiosité scientifique. 

 

Cobel a conçu la séparation des souvenirs, et maintenant, elle pourrait bien être la clé de son annulation. Cet épisode ne se contente pas d’apporter une révélation choc : il redistribue complètement les cartes. En plaçant Cobel au centre de la technologie de séparation, la série complexifie encore davantage la relation entre les personnages et Lumon. Elle n’est plus une antagoniste unidimensionnelle, mais une figure qui pourrait aussi bien être une menace qu’une alliée pour ceux qui cherchent à mettre fin aux pratiques de l’entreprise. Les derniers épisodes de la saison s’annoncent donc déterminants. 

 

Cobel va-t-elle utiliser ces informations pour renverser Lumon, ou va-t-elle chercher à reprendre le contrôle du projet qu’on lui a arraché ? Mark et les autres découvriront-ils à quel point elle a été impliquée dans leur sort ? Quoi qu’il en soit, une chose est sûre : Severance vient de franchir une nouvelle étape, et l’affrontement final promet d’être à la hauteur des attentes.

 

Note : 8/10. En bref, une révélation inattendue qui change encore une fois le récit et la perception des évènements précédents. L’absence d’Harmony Cobel est résolue tout en apportant une révélation choc dans un très bel épisode. 

 

Retour à l'accueil
Partager cet article
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
À propos
delromainzika

Retrouvez sur mon blog des critiques de cinéma et de séries télé du monde entier tous les jours
Voir le profil de delromainzika sur le portail Overblog

Commenter cet article