Critiques Séries : Severance. Saison 2. Episode 4.

Severance // Saison 2. Episode 4. Woe’s Hollow.

L’épisode 4 de la saison 2 de Severance marque un tournant, non seulement pour ses personnages, mais aussi pour la manière dont la série explore les limites du libre arbitre et de l’identité. Une mise en scène immersive, un scénario troublant et des révélations qui remettent tout en question… cet épisode ne laisse pas indemne. L’intrigue s’ouvre sur un décor à la fois majestueux et hostile : un désert de glace où les employés de Lumon se réveillent sans préparation ni explication. Une expédition extérieure ? Un test ? Une punition ?

La brutalité de l’environnement et l’absence totale de repères transforment ce qui aurait pu être une simple sortie en une véritable épreuve psychologique. Chaque plan accentue la vulnérabilité des protagonistes face à cet univers froid et indifférent. La mise en scène joue sur les contrastes : d’un côté, l’immensité blanche du paysage qui rappelle les couloirs aseptisés de Lumon ; de l’autre, les rares touches de couleur comme le rouge des torches ou le bleu des tentes, seuls points de chaleur dans cet environnement inhospitalier. Le groupe avance guidé par des figures énigmatiques, des silhouettes qui ressemblent vaguement aux membres de l’équipe mais qui n’interagissent pas, se contentant d’indiquer silencieusement le chemin. 

Hallucination collective ? Expérimentation de Lumon ? L’effet est déroutant et accentue cette impression de rêve éveillé, un sentiment renforcé par l’absence de transition logique entre certaines scènes. Après une marche éprouvante, l’équipe découvre enfin ce qu’elle était venue chercher : un texte attribué à Kier Eagan, un appendice oublié de son œuvre. Ce document contient une légende troublante impliquant un jumeau nommé Dieter et un châtiment brutal infligé par la forêt elle-même. L’histoire met en lumière une thématique récurrente dans Severance : la notion de faute et de rédemption à travers la souffrance. 

Ce récit prend une dimension encore plus inquiétante lorsque Milchick le raconte avec un enthousiasme glaçant, comme s’il s’agissait d’une leçon essentielle à assimiler. Plus qu’un simple mythe fondateur, ce texte suggère une origine plus sinistre pour le procédé de séparation des souvenirs. Dieter et Kier étaient-ils les premiers cobayes d’une expérience radicale ? Lumon s’inspire-t-elle de cette légende pour justifier ses méthodes ? Le véritable choc de l’épisode réside dans la révélation de la double identité d’Helena. Depuis son retour sur le plateau séparé, quelque chose semblait étrange. L’attitude, les regards, les non-dits… tout indiquait qu’elle n’était plus la même. 

Et pour cause : ce n’est pas Helly qui interagit avec ses collègues, mais bien Helena Eagan, infiltrée dans son propre Innie. Cette manipulation soulève une question essentielle : où s’arrête l’expérience et où commence l’abus ? Helena, en pleine conscience, exploite son Innie pour parvenir à ses fins, allant jusqu’à franchir des limites irréparables. Son comportement met en lumière la faille morale au cœur du système Lumon : si une partie de soi-même est contrainte à l’oubli, est-on encore responsable de ses actes ? Irving, plus lucide que jamais, perçoit immédiatement l’anomalie. Il comprend que quelque chose cloche et refuse d’accepter cette nouvelle réalité sans la questionner. 

Sa confrontation avec Helena est brutale, marquée par une tension palpable. L’épisode atteint son paroxysme lorsque la vérité éclate enfin et qu’Irving, dans un acte de désespoir, plonge Helena sous les eaux gelées, tentant de forcer un retour à son état d’Innie. La mise en scène, portée par une lumière crue et un montage nerveux, transforme ce moment en un duel presque primal. L’issue de cette scène est lourde de conséquences. Helena retrouve son état d’Innie, mais Irving est sacrifié. Sa disparition, bien que prévisible, n’en demeure pas moins poignante, surtout lorsque ses derniers mots résonnent comme un ultime appel à la révolte.

Avec cet épisode, Severance repousse encore les frontières entre réalité et illusion. La tension dramatique est à son comble, et chaque révélation redéfinit les enjeux à venir. L’intrigue, qui semblait jusque-là suivre une progression logique, prend un tournant plus sombre, où la morale et l’identité ne tiennent qu’à un fil. Reste à voir comment cette confrontation impactera la suite des événements. Une chose est sûre : le combat ne fait que commencer.

Note : 10/10. En bref, une expédition troublante et fascinante. 

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