Critiques Séries : Severance. Saison 2. Episode 6.

Critiques Séries : Severance. Saison 2. Episode 6.

Severance // Saison 2. Episode 6. Attila.

 

L’épisode 6 de cette saison poursuit l’exploration des dualités qui façonnent l’existence des personnages, tout en intensifiant les tensions émotionnelles. Plus qu’une simple progression de l’intrigue, cette partie de la série creuse encore plus profondément la dissociation entre les Innies et leurs Outies, dévoilant les dilemmes impossibles auxquels ils sont confrontés. Dans cet épisode, la complexité des relations atteint un point de rupture. 

 

Le cas de Burt en est l’exemple parfait : alors que son Innie et Irving ont développé une connexion sincère, son Outie se révèle être non seulement marié (à nulle autre que John Noble !), mais aussi bien plus impliqué dans l’univers opaque de Lumon qu’on ne l’aurait imaginé. Une révélation qui n’apporte que des questions supplémentaires sur les véritables motivations de ce personnage. D’un autre côté, Mark est en pleine réintégration, ce qui le place dans une situation délicate. Son lien avec Helly R. se renforce alors que celui avec Gemma persiste dans une dimension plus tragique. 

 

Le cœur du problème réside ici : ces relations sont-elles réellement choisies, ou sont-elles le fruit de manipulations orchestrées par Lumon ? Les scénaristes ne laissent aucune place aux certitudes. Chaque développement semble destiné à amener une forme d’inévitable désillusion. En dehors des tourments sentimentaux des employés, cet épisode met aussi en avant Milchick sous un jour nouveau. Habitué à incarner l’autorité froide et méthodique de Lumon, il se retrouve lui-même victime du système qu’il applique sans relâche. 

Son passage face au miroir, où il tente de se conformer aux attentes absurdes de ses supérieurs, est glaçant. Le fait qu’il doive "simplifier" son langage sous prétexte d’un retour de performance souligne une critique plus large du monde du travail et des normes implicites imposées aux individus. La scène prend une dimension encore plus troublante quand on considère la façon dont Lumon manipule les identités, non seulement au niveau des souvenirs, mais aussi dans l’expression même de la personnalité. 

 

L’un des moments les plus marquants de l’épisode reste la réaction de Helly après la révélation de Mark : ce n’était pas elle qui partageait ces moments avec lui, mais Helena. L’idée qu’une autre version de soi puisse s’accaparer une expérience intime est d’une violence psychologique extrême. Plutôt que de se laisser abattre, Helly décide de s’approprier son propre vécu. Ce refus de subir est un aspect fondamental de son personnage, une lutte qui la définit depuis le début. L’énergie presque impulsive qui la caractérise transparaît dans sa façon d’agir : elle ne veut pas hériter de souvenirs imposés, mais construire les siens.

 

Ce rapport à l’expérience, et plus largement à la notion de libre arbitre, est au centre de l’épisode. Si la séparation entre Innies et Outies a été conçue pour compartimenter les vies, chaque interaction semble prouver que cette frontière est artificielle et vouée à l’effondrement. L’épisode prend un tournant plus inquiétant quand Mark décide d’accélérer le processus de réintégration. Les visions qu’il commence à avoir suggèrent que les barrières s’estompent. Lorsqu’il voit Gemma sous deux apparences différentes, il devient évident que quelque chose d’irréversible est en train de se produire.

La mise en scène accentue cette sensation de basculement. Le cadre, les lumières et les expressions des personnages traduisent une tension permanente, comme si tout pouvait s’écrouler à tout moment. L’épisode ne répond pas à toutes les questions soulevées, mais chaque indice laisse entrevoir une transformation imminente et potentiellement désastreuse. Le dîner chez Burt apporte un nouvel éclairage sur l’étendue de l’influence de Lumon. Le fait que Burt évoque la religion pour justifier la séparation de son Innie est troublant. 

 

Cela suggère que la scission des esprits ne se limite pas à une simple expérience d’entreprise, mais qu’elle touche à des croyances plus profondes, manipulées à des fins obscures. Ce dîner est d’ailleurs l’occasion de découvrir que Burt n’est pas seul mais marié à nul autre que John Noble. Cet acteur, que j’adore depuis Fringe continue d’être parfait. Le dîner symbolise parfaitement l’ambiance de la série et de ce qu’elle ne veut pas nous dire tout en suggérant énormément de choses. Une partie fascinante de cet épisode. 

 

Ce passage introduit également un élément de mystère supplémentaire : si Burt travaille pour Lumon depuis bien plus longtemps que la technologie de séparation ne devrait le permettre, qu’est-ce que cela implique ? L’idée que l’entreprise modifie la perception du temps, voire l’histoire elle-même, n’est plus à exclure. Cet épisode met en place un engrenage où chaque décision semble précipiter les personnages vers un point de non-retour. L’accumulation de tensions, de secrets et de manipulations rend inévitable une confrontation explosive d’ici la fin de la saison.

 

Encore plus quand le mari de Burt décide d’évoquer le fait que Burt ait pu avoir des relations sexuelles non protégées. Il y a quelque chose de vraiment touchant, bouleversant même dans ce moment. Severance est constamment capable de créer des séquences puissantes où seule la voix des personnages se fait entendre. C’est tout ce que j’aime dans cette série et cet épisode symbolise une fois de plus la perfection de celle-ci. Je ne sais pas quoi attendre de la suite car Severance aime constamment nous surprendre et nous embarquer là où on ne l’attend pas donc je suis très curieux. 

 

Les derniers instants, avec l’intervention de Reghabi et l’opération sur Mark, accentuent cette impression. Il ne fait aucun doute que ce processus risque de lui coûter bien plus qu’il ne l’imagine. Enfin, impossible de ne pas mentionner l’apparition de John Noble, un acteur qui insuffle toujours une présence marquante à ses rôles. Son arrivée ne peut qu’annoncer de nouvelles révélations cruciales. L’épisode 6 de Severance confirme que la série ne se contente pas d’explorer les conséquences d’un concept de science-fiction fascinant. 

 

Elle plonge dans des thématiques bien plus complexes, mettant en lumière les paradoxes de l’identité, du contrôle et du libre arbitre. Plus qu’un simple puzzle narratif, la série interroge les fondements mêmes de la conscience humaine. Et si les prochaines révélations risquent d’être brutales, elles seront aussi inévitables.

 

Note : 10/10. En bref, Severance nous sert des épisodes parfaits et pourtant terriblement triste pour celui-ci.

Disponible sur Apple TV+

 

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