19 Février 2025
Watson // Saison 1. Episode 2. Redcoat.
Le premier épisode de Watson ne laissait pas vraiment entrevoir le potentiel de la série. Tout semblait un peu trop figé, trop scolaire, comme si le concept lui-même ne savait pas encore comment se positionner. L’épisode 2, "Redcoat", change la donne. Il ne révolutionne pas la série, mais il ajuste quelque chose d’essentiel : la manière dont John Watson est perçu. Ce n’est plus simplement un médecin à l’ego surdimensionné qui se délecte de son propre génie. Ce n’est pas non plus un détective de seconde zone qui tente maladroitement de faire oublier l’ombre de Sherlock Holmes.
Cet épisode remet les choses en perspective : Watson est avant tout un enseignant. Et cette seule distinction transforme la dynamique de la série. Dans le pilote, Watson semblait jouer un jeu étrange avec son entourage, les laissant errer dans leurs suppositions sans leur donner de véritable direction. Cela pouvait donner l’impression d’un personnage arrogant, comme s’il se complaisait dans son propre savoir. Mais en regardant "Redcoat", l’intention devient plus claire : Watson ne cherche pas à écraser son équipe, il les forme.
Ce changement de prisme le rend immédiatement plus intéressant. Il n’est plus ce médecin omniscient qui distribue des vérités sans explication. Il met en place une méthode où ses collaborateurs doivent réfléchir, déduire par eux-mêmes, comprendre le raisonnement plutôt que d’en attendre une réponse prémâchée. C’est une façon plus subtile et engageante de construire la série, car elle implique un apprentissage, un processus évolutif pour les personnages qui l’entourent. Et puis, il y a ces petites touches d’humour qui manquaient cruellement dans le pilote. Watson se détend, il plaisante, il interagit de manière plus naturelle, notamment avec son ex-femme Mary.
Ces instants allègent le récit, permettent au personnage d’être plus humain, moins mécanique. Il ne s’agit pas juste de résoudre un cas médical, mais aussi de voir comment cet homme gère ses relations, son passé, et l’impact qu’il a sur ceux qui gravitent autour de lui. Si Watson enseigne, Ingrid est celle qui refuse d’apprendre. Pas parce qu’elle est incompétente, mais parce qu’elle fonctionne différemment. Elle ne fait pas partie de ceux qui absorbent les connaissances qu’il distille, elle est là avec son propre agenda, avec des blessures cachées et une rage qui transparaît par petites touches.
Ce qui rend Ingrid immédiatement intrigante, c’est la façon dont Watson la perçoit. Il voit au travers d’elle, il identifie ses mécanismes de défense, ses mensonges, ses hésitations. Et Ingrid le sait. L’espace d’un instant, elle n’a plus le contrôle. Et c’est précisément ça qui la pousse à rester. Pas pour apprendre, mais pour comprendre comment cet homme peut voir ce qu’elle cache aux autres. Les petits détails ajoutent des nuances à son personnage. La scène où elle répète un mensonge dans le miroir montre à quel point elle a besoin de verrouiller son récit, de garder une longueur d’avance.
Et son conflit avec le chirurgien, cette tension où elle veut dominer l’autre sans se faire remarquer, en dit long sur sa manière d’opérer. Ingrid est l’une des rares à ne pas chercher l’approbation de Watson, et cette dynamique la rend immédiatement plus captivante que le reste du groupe. Un autre élément que cet épisode gère mieux que le premier, c’est la mise en place des relations entre les personnages secondaires. Stephens et Sasha, par exemple, passent d’individus aux trajectoires séparées à des personnages qui commencent à interagir avec des enjeux plus personnels.
Sasha, coincée dans une relation qui semble au bord de l’effondrement, canalise ses frustrations comme elle peut. La scène où elle éclate des ballons pourrait paraître anodine, mais elle trahit une tension sous-jacente : elle attend quelque chose, une validation, un signe qu’elle est importante aux yeux de quelqu’un. Stephens, lui, est tout aussi en attente d’une reconnaissance, mais il l’exprime différemment. Son rapport avec son frère, sa dépendance à une relation virtuelle avec une cam-girl, tout indique un besoin latent de connexion. Mais ce qui change ici, c’est qu’il commence à remarquer ce qui l’entoure.
Il voit des choses que les autres ne remarquent pas. Il observe Johnson dans le bureau de Watson, et on sent qu’il garde ces informations pour plus tard. Le moment où Sasha le remercie pour les ballons fonctionne comme une micro-étincelle entre eux. Ce n’est rien de spectaculaire, mais c’est assez subtil pour que l’épisode le mette en avant. Et connaissant la logique narrative des séries, ce genre d’échange n’est jamais anodin. Ce deuxième épisode corrige plusieurs erreurs du pilote. Il ajuste la perception du personnage principal, ajoute des nuances aux interactions, et commence à donner de la profondeur aux personnages secondaires.
Il y a enfin une direction qui se dessine, une dynamique qui ne repose pas uniquement sur l’intrigue médicale. Mais tout n’est pas encore parfaitement en place. Le format reste classique, la structure encore un peu rigide, et l’ensemble manque parfois de surprises. L’idée de mélanger l’univers de Sherlock Holmes à une série médicale est toujours en équilibre instable, et tout dépendra de la manière dont les épisodes suivants développeront cet axe. L’épisode 2 a le mérite d’avoir clarifié qui est Watson et pourquoi il fonctionne ainsi.
Note : 4.5/10. En bref, si la série améliore certains défauts du premier épisode, il y a encore du travail pour faire de cette série quelque chose d’un peu plus marquant qu’une simple déclinaison d’un concept déjà vu ailleurs.
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