Mémoire Vive (Saison 1, 4 épisodes) : un thriller qui cherche son équilibre

Mémoire Vive (Saison 1, 4 épisodes) : un thriller qui cherche son équilibre

Le thriller psychologique a cette capacité à capter l’attention en explorant les parts les plus sombres de l’âme humaine. Mémoire Vive s’inscrit dans cette lignée en mettant en scène une femme confrontée à l’effacement de sa mémoire et à une quête de justice personnelle. À travers ses quatre épisodes, la série tente de mêler drame intime, polar et satire sociale. Si l’ambition est claire, le résultat oscille entre moments réussis et passages plus laborieux. L’histoire repose sur Esther Lefèvre, une ancienne greffière qui apprend qu’elle est atteinte d’Alzheimer. 

 

Plutôt que de se résigner à voir ses souvenirs disparaître, elle décide d’agir. Son objectif : régler de vieilles affaires en exécutant ceux qu’elle juge coupables. Cette volonté de reprendre le contrôle sur le passé s’inscrit dans une urgence que la maladie ne fait qu’accentuer. En parallèle, Célia Le Goff, capitaine de police au caractère bien trempé, enquête sur ces meurtres en série sans se douter du lien profond qui l’unit à cette affaire. Son parcours personnel, marqué par des trous de mémoire inexpliqués, fait d’elle un personnage à la fois obstiné et vulnérable.

 

Sur le papier, Mémoire Vive pose des bases solides pour un thriller à la mécanique bien huilée. Pourtant, dès les premiers épisodes, une impression d’hésitation s’installe. Le mélange des genres – entre drame familial, humour noir et enquête policière – donne parfois l’impression que la série ne sait pas exactement quelle direction prendre. Esther est un personnage complexe, à la fois lucide et désorientée. Son état de santé ajoute une tension dramatique à ses actes, rendant chaque décision plus périlleuse. À travers son regard, une question se pose : comment juger quand soi-même on est condamné à oublier ?

 

Cette dualité aurait pu être le cœur de la série, mais elle se retrouve parfois noyée sous des choix scénaristiques qui peinent à maintenir une ligne cohérente. Certaines scènes jouent la carte de la noirceur, d’autres adoptent un ton plus léger, ce qui brouille la perception du personnage et de ses motivations. L’arrivée de sa fille Marianne et de son petit-fils Milo ajoute une dimension familiale qui aurait pu renforcer la charge émotionnelle du récit. Cependant, cette partie de l’intrigue tend à ralentir le rythme plus qu’à enrichir l’histoire principale. 

 

Le contraste entre la froide détermination d’Esther et la naïveté de son petit-fils aurait pu être un levier dramatique puissant, mais il est traité de manière inégale. Célia Le Goff apporte une structure plus classique au récit. Son enquête suit un schéma assez conventionnel, avec les codes habituels du polar télévisé. Si son personnage possède un certain relief, notamment à travers ses zones d’ombre et son passé trouble, son évolution reste prévisible. L’idée d’un tueur laissant des messages énigmatiques sur les corps de ses victimes aurait pu offrir une dynamique intéressante, mais la mise en place manque de subtilité. 

 

Le lien entre Esther et Célia, censé être le moteur narratif de la série, met du temps à se révéler pleinement et manque parfois de naturel dans son développement. Visuellement, Mémoire Vive alterne entre une approche réaliste et des choix plus stylisés. Certaines séquences mettent en avant des jeux de lumière et de cadrage qui accentuent l’ambiance pesante du récit. D’autres adoptent une mise en scène plus dépouillée, qui rappelle parfois le théâtre. Ces choix offrent quelques moments de tension bien amenés, mais le contraste entre les différentes tonalités peut aussi créer une impression de déséquilibre. 

 

Le passage d’une scène sombre et introspective à une séquence plus légère ou décalée peut parfois sembler abrupt. Les quatre épisodes de Mémoire Vive explorent un parcours semé d’embûches, où la mémoire et la justice s’entremêlent dans un enchevêtrement d’émotions contradictoires. Pourtant, malgré une idée de départ prometteuse, la série ne parvient pas toujours à maintenir l’intensité dramatique nécessaire pour véritablement marquer les esprits. Certains moments parviennent à toucher, notamment grâce à l’interprétation de Clémentine Célarié, mais l’ensemble souffre d’un manque d’unité dans son ton et son écriture. 

 

L’envie d’explorer plusieurs registres est louable, mais le résultat laisse une impression d’hésitation constante. La série se termine sur une note tragique, fidèle à son sujet, mais sans véritable coup de théâtre. Le destin des personnages suit une trajectoire attendue, sans réelle surprise. Si l’intention de départ était d’offrir une réflexion sur la mémoire et la responsabilité, le message peine à s’imposer avec force. Mémoire Vive propose un point de départ original et un personnage central qui aurait pu donner naissance à une série marquante. Pourtant, le mélange des genres et une construction parfois inégale empêchent la série d’atteindre son plein potentiel. 

 

L’exploration du lien entre justice personnelle et maladie est intéressante, mais manque de finesse dans son exécution. Malgré tout, la série possède des qualités, notamment dans sa mise en scène et son interprétation. Si l’envie est d’expérimenter un thriller qui s’éloigne des schémas habituels, Mémoire Vive peut offrir une expérience intrigante. Mais pour ceux qui recherchent un polar construit avec une mécanique parfaitement huilée, le visionnage risque de laisser une impression plus mitigée.

 

Note : 5/10. En bref, pas mauvais mais pas bon non plus, Mémoire Vive se cherche constamment et a du mal à délivrer pleinement toutes ses promesses. 

Diffusée sur M6 et disponible sur M6+

 

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