Mémoire Vive (Saison 1, épisodes 1 et 2) : début prometteur mais un équilibre difficile à trouver

Mémoire Vive (Saison 1, épisodes 1 et 2) : début prometteur mais un équilibre difficile à trouver

Les séries policières ont souvent cette capacité à captiver grâce à une tension bien dosée et des personnages marqués par leurs fêlures. Avec Mémoire Vive, l’histoire prend une tournure intrigante en mêlant vengeance, déclin de la mémoire et enquête criminelle. Le concept de départ a de quoi susciter la curiosité : une ancienne greffière, Esther Lefèvre, apprend qu’elle est atteinte d’Alzheimer et décide de régler elle-même d’anciennes affaires en tuant ceux qu’elle considère comme coupables. En parallèle, une capitaine de police, Célia Le Goff, tente de comprendre cette vague de meurtres qui semble lui parler personnellement.

 

Esther Lefèvre a passé une partie de sa vie en tant que greffière au service d’un juge d’instruction et profite désormais d’une retraite sans histoire. Mais lorsqu’on lui diagnostique un début d’Alzheimer, un secret qu’elle s’était efforcée d’enfouir au fond de sa mémoire remonte à la surface. Elle extrait de ses archives une liste de noms et commence à éliminer, une à une, les personnes qui y sont mentionnées, se muant en une justicière énigmatique et maladroite. Alors qu’elle met en oeuvre sa vengeance avant que l’oubli ne la gagne, une jeune flic talentueuse et fonceuse, Célia Le Goff, voit son quotidien basculer lorsqu'elle découvre qu’un tueur en série laisse des messages à son intention sur les corps de ses victimes. L’enquête la mènera sur les lieux de son enfance là où est enfoui le plus sombre secret de son passé. Esther cherche à se souvenir et Célia à oublier. Les deux destins se rejoignent et s’unissent. 

L’idée est percutante. Lier la maladie à un besoin d’urgence et de justice personnelle offre un angle singulier au thriller. Pourtant, dès les premiers épisodes, l’ensemble peine à trouver sa place. Entre le drame intime, l’humour noir et les codes du polar, Mémoire Vive tente de jongler avec plusieurs tons, parfois avec adresse, parfois en s’éparpillant. Esther Lefèvre, incarnée par Clémentine Célarié, porte en elle une profondeur qui aurait pu être passionnante à explorer. Son passé de greffière lui donne une légitimité dans sa croisade personnelle, et sa maladie ajoute une dimension tragique à son besoin d’agir avant qu’il ne soit trop tard. 

 

Son parcours pose d’ailleurs une question intéressante : la justice peut-elle être rendue en dehors du cadre légal lorsque le système a échoué ? Cependant, cette quête est parfois traitée de manière trop théâtrale, diluant son impact émotionnel. L’incohérence de certaines scènes et la difficulté à maintenir une ligne directrice claire compliquent l’attachement au personnage. L’arrivée de sa fille Marianne et de son petit-fils Milo apporte une dynamique familiale qui aurait pu enrichir le récit, mais qui a tendance à ralentir son avancée. De l’autre côté, Célia Le Goff représente le versant plus conventionnel du polar. 

Capitaine de police, fêtarde et marquée par des souvenirs flous de son enfance, elle se retrouve face à une série de meurtres qui semblent étrangement la viser. L’idée d’un assassin qui lui laisse des messages énigmatiques sur les corps de ses victimes est intéressante, mais son développement manque de subtilité. L’intrigue policière suit un schéma assez classique, cochant les cases habituelles du genre sans apporter une réelle nouveauté. Le lien entre Esther et Célia, qui devrait être le moteur principal du récit, reste flou et peine à se construire de manière convaincante. 

 

Il y a une volonté de créer une relation miroir entre les deux femmes, mais celle-ci manque de progression naturelle pour devenir réellement engageante. Visuellement, Mémoire Vive joue sur une alternance entre réalisme brut et tentatives de séquences plus stylisées. Certaines scènes cherchent à instaurer une tension palpable, tandis que d’autres semblent s’orienter vers une forme de légèreté presque inattendue. Ce mélange de tons crée un déséquilibre qui empêche l’ensemble d’être pleinement immersif. Les choix de mise en scène tentent parfois de donner une patte singulière à la série, notamment avec quelques plans audacieux ou des moments d’humour noir disséminés au fil du récit.

Cependant, ces incursions dans un registre plus excentrique ne suffisent pas toujours à compenser les faiblesses narratives. Après deux épisodes, Mémoire Vive laisse une impression mitigée. Si le postulat de départ est original, son traitement oscille entre des moments prometteurs et des choix scénaristiques qui manquent de cohérence. L’intention est là, mais le dosage entre drame personnel, enquête policière et humour noir peine à trouver un véritable équilibre. La suite de la saison pourra peut-être affiner la direction prise et renforcer les liens entre les personnages pour rendre le récit plus fluide. Pour l’instant, Mémoire Vive intrigue sans totalement convaincre.

 

Note : 5/10. En bref, une idée plutôt originale qui a un peu de mal à trouver le bon équilibre. 

Diffusée sur M6 à partir du mardi 18 février 2025, disponible sur M6+

 

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