Yellowjackets (Saison 3, épisodes 1 et 2) : ça y est c'est l'été

Après une attente interminable, la saison 3 de Yellowjackets est enfin là. Avec ses deux premiers épisodes, "It Girl" et "Dislocation", la série retrouve son équilibre entre survie brutale et luttes psychologiques. Mais ce retour est-il à la hauteur des attentes ? Entre faux-semblants et tensions latentes, ces épisodes plantent le décor d’une saison qui pourrait bien être la plus déroutante de la série. Dès les premières images, un changement s’impose : l’hiver impitoyable de la saison 2 a laissé place à l’été. Une évolution qui marque une rupture dans l’atmosphère de la série. 

La neige et le froid, qui renforçaient le sentiment d’isolement et d’urgence, sont remplacés par une nature plus clémente mais tout aussi impitoyable. Ce changement de décor redéfinit les dynamiques du groupe, et ce n’est pas forcément pour le mieux. Les survivantes, toujours perdues en pleine nature, semblent avoir franchi un cap dans leur adaptation. La chasse n’est plus une nécessité de survie immédiate, mais plutôt un rituel. Les abris de fortune ont remplacé le confort du chalet incendié, et l’autosuffisance semble presque atteinte. Pourtant, sous cette façade d’ordre, les tensions et les croyances mystiques continuent d’évoluer.

Lottie reste une figure centrale, rassemblant autour d’elle celles qui cherchent encore du sens à leur survie. Natalie, bien que toujours leader, doit composer avec cette influence spirituelle grandissante. Shauna, en revanche, prend de la distance. Elle refuse de s’abandonner aux croyances collectives, en témoigne son geste fort : déplacer le corps de son enfant pour l’éloigner des rituels du groupe. Si un personnage capte toute l’attention dans ces premiers épisodes, c’est bien Ben. Longtemps mis de côté, il revient sur le devant de la scène, mais pas dans le rôle de mentor qu’il occupait auparavant. 

Séparé du groupe depuis la destruction de la cabane, il a dû trouver ses propres moyens de survie. La découverte d’un stock de rations militaires et ses pièges bien pensés prouvent qu’il a les ressources nécessaires. Pourtant, son isolement pèse. Sa capture de Mari en est la preuve : son rire glaçant lorsqu’il l’attrape est un moment clé qui témoigne d’un basculement psychologique. Plus que jamais, Ben semble au bord du gouffre. Loin d’être un simple survivant, il devient une menace latente. Son choix d’attacher Mari après l’avoir libérée, de peur qu’elle ne révèle sa présence au groupe, montre qu’il est prêt à aller loin pour préserver son secret. La question se pose alors : jusqu’où Ben est-il prêt à aller ?

Pendant ce temps, les survivantes adultes tentent de gérer les répercussions du passé. Lottie est absente, toujours en traitement, et chacune semble avoir sa propre façon de gérer la mort de Natalie. Misty, rongée par la culpabilité, s’isole même de Walter. Shauna, de son côté, trouve un terrain d’entente avec Callie, et leur complicité naissante flirte avec une forme de violence contenue. Voir sa fille adopter ses propres réflexes défensifs la trouble autant que cela l’attire. Mais cette harmonie fragile est mise à mal par le retour de Lottie, qui capte immédiatement l’attention de Callie. 

Shauna, inquiète, fait appel à Misty pour surveiller la situation, mais cette stratégie se retourne contre elle lorsque Callie drogue Misty pour se débarrasser de sa surveillance. Des événements troublants viennent s’ajouter à cette dynamique. Une mystérieuse cassette adressée à Shauna, une apparition étrange dans un restaurant, ou encore un serveur victime d’une crise cardiaque après avoir croisé Tai et Van. Tout cela nourrit l’ambiguïté de la série : s’agit-il d’événements surnaturels ou d’une simple accumulation de coïncidences ?

Ces premiers épisodes semblent vouloir poser de nouvelles bases, mais la direction empruntée reste floue. La saison 2 avait parfois perdu le fil de son intrigue principale, et cette saison 3 semble hésiter entre renouer avec l’essence du début ou s’aventurer sur de nouvelles pistes. Certains points laissent entrevoir un renouveau bienvenu, comme l’exploration plus poussée de personnages jusqu’ici en retrait. D’autres aspects, en revanche, manquent encore d’impact. La tension monte, mais les moments de bascule se font attendre. 

Ce qui fonctionne, en revanche, c’est la montée en puissance de la dimension psychologique. La frontière entre réalité et hallucination est plus floue que jamais, et le spectateur est placé dans la même incertitude que les personnages. Ce jeu constant sur la perception est ce qui fait la force de Yellowjackets, et c’est ce qui continue d’alimenter l’intérêt. Malgré quelques hésitations, Yellowjackets parvient à maintenir une tension constante. Ces deux épisodes offrent un démarrage intrigant, sans tout révéler trop vite. Il reste à voir si la suite de la saison saura réellement capitaliser sur ces bases ou si elle retombera dans les travers de la saison précédente.

Les personnages, eux, sont toujours aussi fascinants, en particulier Shauna, dont le parcours reste l’un des plus captivants de la série. Mais pour que cette saison se démarque, il faudra aller au bout des idées lancées, offrir des réponses tout en maintenant l’aura de mystère qui fait la force de Yellowjackets. Quoi qu’il en soit, une chose est sûre : cette saison ne laissera personne indifférent.

Note : 6.5/10. En bref, retour plutôt réussi aidé par des personnages toujours aussi fascinants. 

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