10 Mars 2025
Le paysage audiovisuel français continue de surfer sur la vague des comédies policières, et Carpe Diem, la nouvelle création portée par Samuel Le Bihan, s'inscrit parfaitement dans cette tendance. Avec un personnage principal haut en couleur, une Riviera en toile de fond et une dose d’humour, la série promettait un vent de fraîcheur. Pourtant, au fil des épisodes, une sensation familière s’installe, laissant planer une question : Carpe Diem est-elle une série qui marque ou juste un divertissement vite oublié ? Tom Villeneuve, interprété par Samuel Le Bihan, n’est pas un avocat comme les autres.
À 48 ans, Tom Villeneuve est enfin libre. Accusé à tort du meurtre de sa femme, Tom vient de passer 17 ans en prison. Combatif, il étudie le droit en prison et lorsqu’il est libéré, il devient avocat. De retour dans sa ville natale, Nice, il est bien décidé à découvrir qui est le véritable meurtrier. Il ouvre son cabinet de « jeune » avocat et défend ceux qu'il croit injustement accusés de crime, comme lui. Son style surprend car il est toujours souriant et décontracté, non sans un certain panache. Puisqu’on lui a volé 17 ans de sa vie, il n’a qu’une règle dans l’existence : Carpe Diem. Profiter de l’instant présent.
Ancien restaurateur niçois, il a passé dix-sept ans derrière les barreaux pour un crime qu’il n’a pas commis : le meurtre de sa femme. Déterminé à prouver son innocence, il a profité de son incarcération pour étudier le droit et décrocher le barreau. Désormais libre, il embrasse sa nouvelle vocation avec une approche bien à lui : plutôt que d’attendre que ses clients passent devant le juge, il s’efforce de démontrer leur innocence avant même leur procès. Un concept séduisant sur le papier, qui mêle réhabilitation, justice et dynamisme. L’histoire repose aussi sur une quête plus intime : renouer avec sa fille, qui a grandi en le croyant coupable.
Une double intrigue qui offre un équilibre entre le thriller judiciaire et le drame personnel, tout en donnant au héros un enjeu émotionnel fort. Dès les premières scènes, le ton est donné : Carpe Diem joue sur l’humour et la désinvolture. Tom Villeneuve, avocat atypique et charmeur, roule en Porsche sur les routes ensoleillées de la Riviera, enchaîne les bons mots et flirte avec les limites du légal. Une approche qui rappelle les grandes figures du cinéma populaire des années 1970, avec ce mélange de charisme et de bagout qui colle parfaitement à Samuel Le Bihan.
L’acteur, déjà connu pour son rôle dans Alex Hugo, se glisse avec une aisance évidente dans ce personnage de défenseur des causes perdues. Il s’amuse, cabotine parfois, mais parvient à insuffler à son héros une énergie communicative. Difficile de ne pas sourire devant ses acrobaties improbables ou ses répliques ciselées. Si le personnage principal et l’ambiance générale apportent un certain plaisir, le schéma narratif des enquêtes peine à surprendre. Chaque épisode suit un modèle bien rodé : un innocent accusé à tort, une enquête menée tambour battant par Tom, et une résolution dans les dernières minutes.
Une formule qui fonctionne mais qui, à force de répétition, finit par manquer de relief. D’autres séries françaises récentes ont exploré des dynamiques similaires, à l’image de Astrid et Raphaëlle, Mademoiselle Holmes ou encore Panda. Carpe Diem s’inscrit dans cette mouvance, sans vraiment parvenir à s’en démarquer. Autour de Tom Villeneuve gravitent plusieurs personnages censés enrichir l’intrigue. Certains ajoutent une véritable valeur à la série, comme la commissaire interprétée par Barbara Schulz, dont la relation avec Tom pourrait évoluer au fil des épisodes.
À l’inverse, d’autres tombent dans la caricature, notamment les deux assistants de Tom – l’avocate rigide et le stagiaire maladroit – ou encore les policiers qui peinent à incarner autre chose que des faire-valoir comiques. Certains rôles mériteraient davantage de profondeur, comme celui du beau-père du héros, campé par Féodor Atkine. Son ambiguïté intrigue, mais reste trop peu exploitée pour en faire un véritable antagoniste ou un moteur narratif puissant. L’un des points forts de la série réside dans son esthétique. Les décors ensoleillés du sud de la France offrent un cadre visuel agréable, qui renforce cette impression de légèreté et de divertissement sans prise de tête.
Les amateurs de paysages méditerranéens apprécieront les plans léchés des routes sinueuses, des criques sauvages et des palaces luxueux. La bande originale, elle aussi, contribue à l’identité de Carpe Diem. Mention spéciale à la reprise du titre Sway par Élodie Frégé, qui apporte une touche élégante au générique. En fin de compte, Carpe Diem s’avère être une série agréable, sans révolutionner le genre. Elle mise sur un héros attachant, une ambiance solaire et des touches d’humour bienvenues, mais souffre d’un manque d’originalité dans son écriture.
Les amateurs de comédies policières y trouveront leur compte, à condition de ne pas en attendre plus qu’un moment de détente devant un programme bien produit mais vite oublié. Si la série venait à être renouvelée pour une saison 2, il serait intéressant de voir les scénaristes prendre davantage de risques : étoffer les arcs narratifs secondaires, complexifier les enquêtes et offrir à Tom Villeneuve des adversaires à sa hauteur. Car si profiter de l’instant présent est une belle philosophie, une série a aussi besoin d’une perspective d’évolution pour ne pas sombrer dans la routine.
Note : 5/10. En bref, une comédie policière sympathique qui manque parfois d’un brin de folie supplémentaire. Samuel Le Bihan fait le job et au fond, on aimerait un peu plus de séries de ce genre là sur TF1.
Diffusée sur TF1 à partir du lundi 10 mars 2025, disponible sur TF1+
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