Critique Ciné : Le Choix (2024)

Critique Ciné : Le Choix (2024)

Le Choix // De Gilles Bourdos. Avec Vincent Lindon, Emmanuelle Devos et Micha Lescot.

 

Avec Le Choix, Gilles Bourdos mise sur un concept narratif ambitieux : un film entièrement confiné à l’espace restreint d’une voiture, où un homme, Joseph Cross (interprété par Vincent Lindon), voit sa vie basculer en l’espace d’une soirée. L’idée est intrigante et rappelle ces œuvres cinématographiques qui prennent le pari de l’unité de lieu pour renforcer l’immersion du spectateur. Pourtant, si la mise en scène tient ses promesses sur le plan technique, le scénario, lui, peine à offrir la tension dramatique nécessaire pour captiver jusqu’au bout.

 

Joseph Cross ressemble à son métier. Solide comme du béton. Marié, deux enfants, son existence est parfaitement organisée. Pourtant cette nuit, seul au volant, il doit prendre une décision qui peut ruiner sa vie.

 

Le film repose sur une structure minimaliste : un homme seul au volant, une succession d’appels téléphoniques, et une tension censée monter progressivement. L’exercice de style est réussi en termes de mise en scène. Le cadre évolue subtilement au fil du trajet grâce à un travail soigné sur la photographie et le montage, évitant ainsi la monotonie visuelle. L’éclairage, principalement artificiel, plonge le spectateur dans une atmosphère nocturne où chaque reflet sur le pare-brise semble accentuer le poids des décisions du personnage.

 

Vincent Lindon, fidèle à lui-même, incarne un Joseph Cross solide, droit dans ses choix, sans jamais tomber dans l’excès. Sa prestation est maîtrisée, mais c’est peut-être là que le film trouve ses limites. Son personnage, tel qu’il est écrit, laisse peu de place à la nuance. Il apparaît comme un homme inébranlable, déterminé dès les premières minutes, sans véritable dilemme intérieur. Ce manque de fragilité rend son parcours prévisible et empêche toute réelle surprise. L’histoire s’articule autour d’un événement majeur : un appel qui pousse Joseph à tout quitter pour se rendre à Paris. 

 

Mais dès que le motif de son départ est dévoilé – très rapidement – la tension retombe. Là où on pourrait attendre une montée en puissance, une série de révélations ou un jeu sur le suspense, le film se contente de dérouler son récit de manière linéaire. Le choix du personnage principal est présenté comme irrévocable dès le début, ce qui enlève une part d’incertitude. Il aurait été intéressant de voir son hésitation, ses doutes, ou même une confrontation plus marquée avec son entourage. Au lieu de cela, le film accumule des échanges téléphoniques qui finissent par sembler répétitifs. 

 

Son épouse, ses enfants, son patron, son collègue dépassé par la situation... Chaque conversation semble suivre le même schéma, sans que l’on ressente une réelle montée en intensité dramatique. L’un des aspects qui peut poser problème dans Le Choix, c’est son insistance sur les détails techniques du chantier que Joseph abandonne. La construction en béton prend une place considérable dans les dialogues, au point de donner l’impression d’assister à une discussion de bureau plutôt qu’à un drame humain. 

 

Si le contexte professionnel est nécessaire pour comprendre les enjeux, l’équilibre entre les éléments personnels et professionnels n’est pas optimal. L’idée initiale de suivre un homme qui sacrifie tout en une nuit est porteuse d’un potentiel fort. Mais pour que cette tension fonctionne, il faut un enjeu dramatique plus marquant. Or, ici, on se retrouve simplement face à un personnage qui assume son choix du début à la fin, sans véritable évolution émotionnelle. Ce qui aurait pu être une plongée haletante dans les tourments d’un homme devient un exercice de style qui, bien qu’efficace visuellement, laisse une impression d’inachevé. 

 

L’absence de twist ou de réelle surprise rend le film prévisible. On a parfois l’impression que le récit joue sur des fausses pistes – des éléments qui laissent penser qu’un événement inattendu pourrait survenir – mais qui ne mènent finalement à rien. Même le titre Le Choix semble trompeur. Il suggère une hésitation, un combat intérieur, alors que dès les premières minutes, tout est acté. Joseph ne revient jamais sur sa décision, ne vacille pas, ce qui réduit la portée émotionnelle de son parcours.

 

Le Choix a le mérite d’explorer un format rarement utilisé, et sa mise en scène soignée lui permet d’éviter l’écueil de la monotonie visuelle. Vincent Lindon porte le film avec son charisme habituel, mais son personnage manque de nuances pour réellement captiver. Ce film pourra plaire à ceux qui apprécient les œuvres intimistes, où tout repose sur un acteur et un concept épuré. Mais pour ceux qui espèrent un thriller psychologique intense ou une progression dramatique marquée, l’expérience risque de s’avérer frustrante. Le Choix pose une idée forte, mais ne parvient pas à en exploiter tout le potentiel, laissant un sentiment d’inachevé.

 

Note : 4/10. En bref, un remake pas très utile. Le Choix reste un huis clos sous tension mais qui manque cruellement de relief et dont la fin laisse sur la faim.

Sorti le 20 novembre 2024 au cinéma - Disponible en VOD

 

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